En peine de décrire
l'inconcevable, la plupart se sont tus.
Henri Barbusse a
su trouver les mots. Il a su leur donner un sens pour exprimer ce qu'aucune
imagination n'aurait pu concevoir.
Il a su écrire l'horreur des
tranchées : la boue, le froid, la vermine, les odeurs nauséabondes, la peur qui
glaçait le sang quand le cri du gradé commandait de monter à l'assaut.
Il a su nous parler de ces hommes
fauchés par la mitraille, agonisant sans secours, des survivants qui
entendaient leurs plaintes s'éteindre dans la nuit, des corps déchiquetés qui
n'étaient déjà plus rien, plus que chair pourrissante, à rendre l'atmosphère
irrespirable.
Il a su dire l'incompréhension de
ces humbles, extirpés de leur atelier, de leur ferme, pour aller en affronter
d'autres, aussi mal lotis. Il a su dire l'attente angoissée des épouses, la
terreur de voir le maire du village s'arrêter devant la porte, revêtu de son
costume sombre et de son écharpe tricolore.
Henri Barbusse a
su écrire tout cela. Avant même que cela ne cesse. Avant même que l'abattoir
officiel n'arrête sa funeste entreprise, sous couvert de patriotisme. Avant
même que la folie collective ne s'éteigne. Et que renaisse l'espoir. Enfin.
La première guerre mondiale est
un événement qui me fascine d'horreur. Mon imagination est dépassée par la
dimension inconcevable de pareil mépris de la personne humaine.
Henri Barbusse n'a
pas eu besoin d'artifice pour décrire l'horreur. Les mots de tous les jours ont
suffi. Car l'horreur était le quotidien des tranchées.
Le feu. Un ouvrage qui vous prend
aux tripes.