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Le pari était hasardeux : plaquer une histoire d'amour sur cette page peu glorieuse de l'histoire de l'église catholique. D'autant que cette histoire sentimentale est cousue de fil blanc. le lecteur ne se fera pas vraiment d'inquiétude quant au sort des tourtereaux, même si le contexte général de dans lequel elle se déroule est particulièrement dramatique.
Ce contexte général, c'est la triste épopée vaudoise en Luberon. C'est le sort
réservé par l'église romaine aux héritiers des disciples de l'église de Pierre
Valdo, lequel avait fondé l'église des Pauvres de Lyon au 13ème siècle. Avant
de se rapprocher de l'église réformée de Luther, ces disciples avaient eu le
tort de vouloir lire la bible en leur langue vernaculaire. Il avait en effet
fait traduire la bible latine en français de l'époque pour que le plus humble y
ait accès.
Oui mais voilà, avoir accès à la bible c'était aussi y lire les vraies paroles
du Christ et mesurer de cette façon l'écart considérable qui séparait le
comportement de la curie romaine avec les évangiles. De sincères chrétiens les
Vaudois sont donc devenus des hérétiques, avec le sort que leur réservait la
toute puissante église officielle : le bûcher. Ce dont l'évêque de Tournon ne
s'est pas privé. Il a convaincu le bon roi François 1er de lui prêter main
forte en mettant à sa disposition des hordes de soudarts sans foi ni loi aux
ordres du Baron Maynier d'Oppède pour réduire le soi-disant foyer d'hérésie.
L'histoire des Vaudois est fidèlement restituée sur un ton pédagogique de livre
d'histoire. Reste que l'histoire d'amour qui la relève est comme une fleur sur
un tas d'immondices : un peu de tendresse dans un monde de brutes. Celui qui ne
veut pas s'atteler aux trois excellents volumes de Hubert Leconte à
propos de l'épopée vaudoise (*) ne sera pas trompé quant au sort de ces malheureux
par le printemps des maudits, c'est plus condensé et se lit comme le roman
historique qu'il est.
L'église vaudoise existe encore en Piémont italien a contrario de l'église
cathare. Cette dernière était sur le même crédo du retour à la vraie lecture
des évangiles pour contrer la curie romaine laquelle se gardait bien, en
assommant ses fidèles d'impôts, de s'appliquer les préceptes qu'elle prêchait
avec la plus grande rigueur. N'est-il pas vrai que luxe et luxure ne figurent
pas dans la parole restituée du Christ.
(*) La croix des humiliés ; Les larmes du Luberon ; le glaive et l'évangile -
Editions Millepertuis