Excellente entrée en matière que
celle de cet ouvrage qui me permet de faire la connaissance de l'auteur chilien
Luis Sepulveda récemment disparu. Cette découverte est d'autant plus singulière
que nous ne sommes pas habitués à applaudir la prose d'un ancien footballeur.
Convenons que la dextérité de la balle au pied va rarement de pair avec celle
de l'écriture.
Il faut dire que Sepulveda a une
expérience de vie riche en péripéties, jusqu'à lui faire connaître les geôles
de Pinochet et l'exil. Les pérégrinations qui ont émaillé cet éloignement de sa
terre natale l'ont conduit dans la forêt amazonienne où il a partagé pendant un
an la vie des amérindiens Shuars, plus connus en nos contrées européennes sous
le vocable de Jivaros. C'est la source de l'inspiration de ce petit ouvrage
dans lequel on découvre en l'auteur un militant de la cause des minorités
ethniques qui ont vu leur terres ancestrales envahies par des colons assoiffés
de richesses. Et le pillage continue au grand mépris de faune et flore locales.
C'est le combat de la sagesse
contre celui de l'avidité que nous propose Luis Sepulveda avec l'aventure dans
laquelle le vieux Antonio José Bolivar se trouve embarqué à contre coeur. Parce
que lui ce qu'il aime c'est les romans d'amour qu'il a découverts depuis qu'il
sait lire. Sans doute ces livres qu'il se fait prêter, lit et relit, sont-ils
pour lui une diversion au mauvais côté de la vie des hommes dont il a le
spectacle pitoyable sous les yeux.
Une forme de conte qui permet à
l'auteur d'aborder un thème qui lui est cher, et à moi de découvrir une belle
écriture. Avec comme souvent derrière un texte qui paraît anodin une réalité
lourde de sens quant à la nature humaine et son avenir.