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jeudi 14 janvier 2021

L'adversaire ~~~~ Emmanuel Carrère

 



Ma chérie, mes chers enfants, il faut que je vous parle. Depuis que vous êtes entrés dans ma vie, je n'ai cessé de vous mentir. Je ne suis pas médecin, je ne travaille pas à l'OMS, je ne travaille pas du tout d'ailleurs. L'argent qui fait vivre notre belle famille harmonieuse depuis toutes ces années est le fruit d'escroqueries. A commencer par celle des membres de nos familles. J'ai une maîtresse que je retrouve dans un palace parisien et à qui je fais de beaux cadeaux.
Si je vous dis tout ça aujourd'hui, c'est que je suis parvenu au bout des ressources financières que j'ai extorquées à gauche et à droite et que mes impostures vont éclater au grand jour. Notre famille va être éclaboussée, couverte d'opprobre. Pour ne pas vous faire supporter toute cette honte, compte tenu de l'amour sincère que je vous porte, je ne vois qu'une solution qui est de disparaître définitivement. Je vais donc vous tuer et me suicider par la suite.

C'est le raisonnement que s'est fait en lui-même Jean-Claude Romand. Et qu'il a mis à exécution. La seule chose qui varie avec ce qui précède, c'est bien sûr qu'il n'a prévenu personne de l'impasse dans laquelle il était parvenu et a mis son plan à exécution. Il a tué sa femme avec un rouleau à pâtisserie, ses enfants avec une carabine. Et pour concerner la totalité des personnes qui seraient susceptibles de souffrir de ses ignominies, il a tué son père et sa mère avec la même froideur calculée. Tout ceci dans le but charitable de leur épargner le déshonneur, cela va sans dire.

Ces faits, qu'on a du mal à qualifier de divers, se sont réellement déroulés dans les premiers jours de janvier 1993. On en découvre le détail dans ce livre qu'Emmanuel Carrère a consacré à l'affaire sous le titre de L'Adversaire. Il a écrit cet ouvrage en accord avec l'intéressé et enquête auprès des personnes ayant gravité autour de cette famille dont le malheur aura été d'être celle d'un homme qui toute sa vie n'aura fait que mentir. A lui-même et aux autres.

On pourrait s'étonner du titre appliqué par Emmanuel Carrère à son Ouvrage et penser qu'il est un vocable propre à glorifier l'auteur de la tuerie en accordant du crédit à son raisonnement. L'Adversaire plutôt que le monstre ou l'assassin, lesquels auraient condamné sans jugement l'auteur de l'abomination et sans doute aussi la parution de l'ouvrage. Il justifie l'intitulé de l'ouvrage en ces termes :" le père avait été abattu dans le dos, la mère en pleine poitrine. Elle à coup sûr et peut-être les deux avaient su qu'ils mouraient par la main de leur fils, en sorte qu'au même instant ils avaient vu leur mort … et l'anéantissement de tout ce qui avait donné sens, joie et dignité à leur vie… Cette vision qui aurait dû avoir pour les vieux Romand la plénitude des choses accomplies avait été le triomphe du mensonge et du mal. Ils auraient dû voir Dieu et à sa place ils avaient vu, prenant les traits de leur fils bien-aimé, celui que la Bible appelle le satan, c'est-à-dire l'Adversaire."

A la date où je lis cet ouvrage, Jean-Claude Romand a purgé la peine qui lui a été infligée en conclusion de son procès. Procès au cours duquel l'avocat général n'a pas manqué de souligner que le suicide organisé par Romand n'avait été que simulacre. Si bien qu'à 66 ans un homme qu'il faut qualifier d'autre homme recouvre la liberté. La perpétuité s'est resserrée sur 26 années de détention. Conserve-t-il le livre d'Emmanuel Carrère à portée de main pour en relire quelques séquences à l'occasion et se rappeler cet autre homme qui a commis le pire.

Exercice périlleux auquel s'est livré Emmanuel Carrère qui a eu des fortunes diverses avec le mystique et qui sur un fait divers particulièrement atroce s'interroge sur la responsabilité de la personne au regard d'un chemin tracé – d'avance ? - par une puissance souveraine obscure. La position du narrateur a longtemps posé problème dans l'esprit de l'auteur et retardé la finalisation de l'ouvrage. C'est ainsi que Jean-Claude Romand qui selon ce qu'on apprend s'est prêté à l'entretien avec l'auteur n'intervient jamais à la première personne dans l'ouvrage. La relation des faits n'apparaît donc pas sous le sceau de la confidence, mais plutôt comme le résultat d'un enquête minutieuse et compte rendu d'un procès au cours duquel le tueur n'a pas persisté longtemps dans sa version initilale d'un mystérieux criminel étranger à la famille.

Récit plus que roman donc pour cet ouvrage dans lequel on retrouve l'écriture précise et efficace d'un auteur qui a de l'éclectisme dans son répertoire et de l'affinité avec le vécu pour en décrypter la psychologie. Il ne s'agit pas pour le coup d'uchronie. Emmanuel Carrère a certainement été intrigué par le mécanisme qui chemin faisant dans la vie d'un homme tisse inéluctablement le canevas d'un drame particulièrement horrible. Au fur et mesure que l'homme s'enferre dans le mensonge jusqu'à être acculé et ne concevoir que le pire pour issue. En toute logique pour le sain d'esprit qu'il était.


mardi 5 mars 2019

D'autres vies que la mienne ~~~~ Emmanuel Carrère

 



"Mes filles ne se souviendront pas de moi."
Une mère atteinte d'un cancer vit ses derniers jours. Elle exprime son désespoir d'abandonner ses enfants si jeunes. Le désespoir de les savoir perdre le souvenir de l'amour qu'elle leur porte. Ce à quoi son ami et confident lui rétorque "on ne se souvient pas de nos parents et pourtant ils nous habitent."

Cet ouvrage, dans lequel tout est vrai nous dit Emmanuel Carrère, est un livre contre l'oubli. Mais pas seulement. Il est aussi un livre pour faire connaître sa mère à une petite fille dont elle n'aura pas le souvenir puisque celle-ci meurt dans les premiers mois de sa vie.

A quelques mois d'intervalle, Emmanuel Carrère a été le témoin de deux drames parmi les plus cruels qui puissent atteindre une famille. Des parents qui perdent leur fille unique dans le tsunami de 2003, pour le premier. La longue agonie d'une mère malade laissant trois petites filles, pour le second. Il s'est laissé convaincre d'écrire le calvaire de ces familles ordinaires que rien, comme de juste, ne prédestinait au malheur.

Il décide d'écrire les mots qui traduisent l'horreur. Celle de la première nuit après l'annonce de la nouvelle. La perte de l'enfant pour les uns, l'annonce de la condamnation pour l'autre. L'horreur d'un monde vide de ces êtres chers arrachés à l'amour des leurs. Sans imaginer l'écho que pourrait avoir son ouvrage, sans imaginer que de la cruelle vérité, de la violence des mots naîtra une forme de résilience. Résilience n'est pas oubli, mais le contraire de l'oubli.

Les cellules portent en elles la trace non substantielle de ceux qui nous ont fait. De ceux que l'on a faits. Cette trace invisible à tout examen, c'est le marqueur de l'amour. Diane, la petite dernière qui n'a pas connu sa mère le porte en elle.

Sa nounou, accablée elle aussi par la perte de son mari n'oublie pas non plus. Mais quand elle prend Diane dans ses bras, elle sourit à la vie. Continuer à vivre est mystérieux.
C'est écrit avec le style d'Emmanuel Carrère. Un style dénué d'allégorie, parfois cru et sans faux semblants, mais un style qui fait passer les émotions. C'est très réussi. Et gageons que c'est un ouvrage qui aura son importance pour celle qui n'a pas connu sa mère.


dimanche 12 mars 2017

La classe de neige ~~~~ Emmanuel Carrère



Nul ne guérit de son enfance, chante Jean Ferrat.

L'enfance ce n'est pas un temps de la vie. C'est un lieu où tout est démesuré. Les chaises trop hautes, les chagrins trop profonds. Les grandes personnes trop souvent incompréhensibles. Tout au long de l'existence, l'enfance vous rappelle à ses jeux d'ombre et de lumière.

L'enfance est un refuge quand c'est un sourire qui vous y invite. C'est l'antre de la terreur quand c'est le souvenir d'une larme qui coule.

Celui qui traverse l'enfance a besoin d'une main secourable pour l'accompagner dans le grand vide de l'inconnu. Quand cette main fait défaut, l'enfant sombre dans l'abîme de la solitude. Il n'aura plus de port d'attache où trouver réconfort et consolation.

La classe de neige, c'est l'histoire d'une main qui a lâché prise. C'est émouvant.


Limonov ~~~~ Emmanuel Carrère



1992, sur les hauteurs de Sarajevo. La guerre bat son plein. Edouard Limonov est filmé en compagnie de Radovan Karadzic, le chef des Serbes de Bosnie, par une équipe de la BBC qui réalise un reportage. Il sera diffusé sous le titre Serbian epics. On y voit Edouard Limonov, "the famous russian writer", qui s'essaye au tir à la mitrailleuse depuis les collines dominant la ville. Tir à l'aveugle. Pour voir. Dans les rues de Sarajevo, on rase les murs, on se jette au sol. La guerre donne libre cours à ce genre de comportement insensé ou situation dramatique selon que l'on se trouve d'un côté ou de l'autre de l'arme.

Cet épisode de sa vie vaudra à Limonov l'étiquette de fasciste qui lui collera désormais à la peau. Surtout dans les milieux intellectuels français. Il avait séjourné auparavant quelques temps à Paris, dans l'errance de sa vie de dissident russe, et déjà plus soviétique.

Curieuse ambivalence chez un personnage tout aussi singulier, fondateur et idéologue d'un parti politique atypique lui aussi, mais sans gloire, celui des nasbols, pour parti national-bolcheviks. Grand écart des idéologies dans les oscillations du balancier de l'irrésolution, entre la nostalgie d'un communisme moribond et les dérives extrémistes droitières. le tout sur fonds de chaos de l'effondrement de l'union soviétique, dans une Russie ressuscitée trop vite, que la pègre a prise de vitesse à la course vers l'économie de marché, doublant ainsi les nouvelles autorités maladroites dans leur nouveau costume pseudo libéral.

On peut se demander ce qui a pu inciter Emmanuel Carrère à se lancer dans la rédaction de pareille biographie d'un personnage encore de ce monde. le sentiment qui entre en jeu avec pareille intention est bien sûr celui de la fascination. Celle suscitée par un héros qui a, non pas tout réussi, mais bien tout foiré dans sa vie. Enfin presque, si l'on compare sa notoriété à son ambition. Celle de faire de sa vie un mythe. Exigence suprême d'un narcissisme prédateur. Il en convient lui-même, ne serait-ce que dans le titre de ses ouvrages tels le Journal d'un raté, le petit salaud et Autoportrait d'un bandit dans son adolescence.

La célébrité lui est quand même tombée dessus sur le tard. Elle est venue le chercher en prison alors qu'il purgeait une peine pour ses menées subversives. Sans doute parce que les autorités de l'époque, sous la férule de Vladimir Poutine, ont estimé qu'il était moins dangereux libre, en trublion à la maigre audience, que détenu. L'emblème du martyr aurait bien pu germer dans l'esprit des déboussolés que cette période de bouleversements a pu jeter à la dérive.

Limonov, le beau gosse, l'auteur prolifique en sa langue natale, mourir ne lui fait pas peur, ce qui le hante c'est de mourir dans son lit, inconnu. Aussi n'a-t-il cessé de braver les autorités, de choquer les esprits, de chercher la consécration dans le combat politique protestataire, puisque la séduction n'avait pas porté ses fruits. Autant d'actions désordonnées à travers le monde, New York, Paris, Moscou, Sarajevo et tant d'autres lieux où son entourage sera témoin de ses extravagances, de ses comportements licencieux, en butte à un monde qui ne l'adule pas à la hauteur de ce qu'il lui devrait. Ses ouvrages clament ses désillusions.

Emmanuel Carrère a été séduit par ce personnage fantasque. A-t-il éprouvé de l'affection pour lui ? Sans doute. A-t-il compati à sa déconvenue? Il s'en est bien gardé. C'eût été lui faire injure. Je dirais plutôt qu'il a compris les battements d'ailes de ce papillon contre le miroir du monde. Il a mis son style limpide au service de cet esprit engoncé dans le costume de l'intellectuel en mal de reconnaissance et qui n'a eu de cesse de tambouriner à la porte du succès. Elle lui restait obstinément close. Il a été doublé sur le fil par Joseph Brodsky dans la compétition au prix Nobel de littérature. Il s'en est estimé floué. Il conservera envers ce dernier une rancune tenace.

Emmanuel Carrère a pu le désigner comme le prototype de qui ne se satisfait pas de l'ignorance dans laquelle le laisse ses congénères. A l'indifférence, il préfère le mépris. Même s'il faut choquer pour attirer l'attention sur soi. Voilà pourquoi le "salaud magnifique" relate ses frasques sexuelles durant sa vie de clochard à New York avec cet ouvrage: le poète russe préfère les grands nègres.

Le style d'Emmanuel Carrère, il est agréable à lire. Il fait courir les pages sous les yeux de son lecteur. Il est toutefois entaché à mes yeux de passages d'une grande obscénité qui nous replonge dans la bassesse de la condition humaine. Mais peut-être est-ce voulu pour s'identifier au comportement de son sujet. Bien qu'à la lecture du Royaume, j'avais déjà pu me rendre compte qu'Emmanuel Carrère ne s'embarrasse pas à tourner autour du pot. Appelons un chat un chat, et tant pis pour qui s'en offusque. Cela n'a pas empêché son auteur de glaner le Prix Renaudot 2011 avec cet ouvrage. Au diable le conformisme à la bienséance.

Limonov, ou ne pas "mourir obscur". Voilà quel pourrait être le sous titre de cet ouvrage passionnant.


mardi 31 janvier 2017

Le royaume ~~~~ Emmanuel Carrère

 



Avec des "si" on ne met pas seulement Paris en bouteille, on peut donner dans l'uchronie. Cette pratique consiste à refaire l'histoire sur la base de variantes hypothétiques. Elle est aussi appelée, moins pompeusement, histoire alternative.
Aussi, sur ce registre et dans le sujet qui fonde son ouvrage, le Royaume, Emmanuel Carrère peut-il extrapoler : si Jésus n'avait été mis en croix dans sa trente-troisième année, mais était parti de sa belle mort, le grand âge venu, le christianisme aurait-il vu le jour ? Hypothèse pour une histoire alternative du christianisme qui celle-ci tournerait court.

Si le christianisme est devenu ce qu'il est aujourd'hui, vingt siècles plus tard, c'est bien aux apôtres et disciples de Jésus qu'on le doit, parmi lesquels Paul et Luc qu'Emmanuel Carrère à choisis pour centrer le sujet de ce qu'il qualifie d'enquête sur la naissance du christianisme.

Cet ouvrage était fait pour moi. Il l'a été et le sera pour d'autres encore à n'en pas douter, mais pour ce qui me concerne, je me le suis approprié avec le plus vif intérêt. Même s'il est tellement fouillé et documenté que le souci du détail finit par provoquer quelques longueurs et redites. Mais peut-on reprocher à un auteur de vouloir aller au fond des choses dans son argumentation ?
Dans la formulation d'hypothèses aussi. Car, comme le dit Emmanuel Carrère, les certitudes que l'on a de cette époque sont, par la force du temps mais pas seulement, nécessairement clairsemées. De grands blancs ont ainsi laissé le champ libre à l'imagination de qui aura voulu faire valoir sa propre conviction. Conviction qui sera le plus souvent travestie en vérité. Mais vérité n'est pas exactitude. Ce n'est pas Marguerite Yourcenar qui le démentira.

Une religion, fût-elle l'une des trois qualifiée, sans doute abusivement, de religion du Livre, n'est jamais qu'une secte qui a réussi. L'audience de l'une ou l'autre, reposant sur la croyance qu'elle parvient à ancrer dans l'esprit de ses adeptes, est à mettre au crédit de ses prêcheurs, de leur charisme, de leur force de persuasion. L'enquête d'Emmanuel Carrère cherche à décortiquer ce mécanisme qui a fait le succès du christianisme. Ce processus qui fait qu'un gourou devient Dieu sur terre.

La démarche est d'autant plus intéressante, nous confie-t-il dans la première partie de son ouvrage, qu'agnostique au moment où il l'écrit, il avait été gagné par la foi quinze ans plus tôt. Elle avait envahi son esprit comme la maladie le corps, par contagion. Devenu sceptique depuis, il a pu s'autoriser une confrontation de la vision des choses. L'approche métaphysique versus l'approche historique, réputée plus objective, quoi que... Il avoue même, dans quelques entretiens de promotion de son ouvrage, avoir pris dans sa posture rationaliste des positions de nature à choquer le croyant qu'il avait été. Et donc ceux qui le sont aujourd'hui. Ces derniers pourront l'être d'ailleurs à la seule vulgarité des styles et vocabulaires de certains passages. Et plus surement encore à la relation des prédilections sexuelles de leur auteur. L'effet était recherché. Pour être du domaine du mystique, la religion n'en est pas moins affaire d'hommes. Pour preuve, les glorieux temps, sans doute bénis, de l'apogée du christianisme, au cours desquels, fort de leur monopole, les plus hauts dignitaires de l'Eglise qu'il faut alors écrire avec une majuscule, n'ont pas été les derniers à amasser de grandes richesses bien terrestres celles-là et se vautrer dans d'autres voluptés tout aussi dénuées de spiritualité, tout en prêchant pauvreté et abstinence. Les Cathares en leur temps qui avaient bien perçu l'écueil ont très vite été disqualifiés, affublés d'hérésie et éradiqués. Dans la paix du Seigneur bien entendu.

Emmanuel Carrère a réalisé un travail énorme pour venir à bout de son ouvrage. En partant d'ailleurs d'une vingtaine de cahiers de notes qu'il avait remplis du temps de sa phase mystique. Le célèbre historien Paul Veyne, plusieurs fois cités dans l'ouvrage, a été le premier à le reconnaître. L'auteur du Royaume essaie de faire la part des choses entre le reconnu historiquement par tous et les interprétations des mêmes, comblant ainsi les vides chacun à sa façon, selon sa conviction. Le résultat étant que ce que "l'un affirme, certains le trouvent lumineux, et lorsque d'autres affirment le contraire, certains autres le trouvent tout aussi lumineux."

L'ouvrage s'organise en trois parties. La première autobiographique, la seconde consacrée à l'apôtre Paul, dont les lettres révèlent une fulgurance, un vrai talent d'écrivain, la troisième centrée sur Luc, médecin grec, non juif, compagnon de Paul et l'un des quatre évangélistes. En rédigeant Les Actes, il est devenu chroniqueur de ce temps. Ses écrits nous content l'histoire de ce groupe de fidèles de la première heure. Mais, les témoins directs disparus, l'histoire de la vie de Jésus s'est aussi et surtout colportée de bouche à oreille, en prenant au fil des siècles cette distance avec la réalité qui a renforcé son aura mystique et fait certitude de ce qui avait pu être inventé par les prêcheurs de tout acabit. Pas toujours au bénéfice de la vérité vraie, loin s'en faut.

Dans notre culture chrétienne, ce terme de secte affecte une connotation de marginalisation. Pourtant, nous dit Emmanuel Carrère, adopter le dogme d'une secte est plus noble que de persister dans celui de la religion qui nous accueilli le jour de notre naissance. Choisir est toujours plus noble que se laisser dicter sa conduite.

L'essentiel est de croire. C'est à partir de là que tout commence, ou selon, tourne court.

Très bel ouvrage qui nous est soumis dans un style moderne dénué des béatitudes et précautions qui auréolent habituellement les thèmes religieux. C'est ouvrage était vraiment fait pour moi.