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jeudi 2 février 2017

Les tendres plaintes ~~~~ Yôko Ogawa


 

Même dans la multitude la vie des hommes est histoire de solitude.

Ruriko, l'épouse délaissée par son mari volage dans le japon contemporain, tente de dissoudre son amertume loin de l'univers de sa déconvenue. Elle se réfugie dans le chalet de son enfance.

Inhibé par la présence d'un auditoire, les mains de Nitta se crispent sur le clavier de son piano. Son talent ne peut s'exprimer que loin de ceux qui pourraient le reconnaître. Il a choisi de s'isoler lui aussi et d'exprimer sa créativité dans la fabrication de son instrument de prédilection. Il est devenu facteur de clavecins.

Deux solitudes confrontées à l'errance. Leurs chemins vont se croiser. le fantasme les effleurera de trouver ensemble consolation à leur désillusion.

Dans cet ouvrage un peu sombre, où deux êtres sont en quête d'un sursaut du destin, les seconds rôles sont attribués à qui ou quoi n'a de prise sur l'événement qu'en prétexte à y trouver diversion aux déboires de la vie.

Quoi, c'est le clavecin. Il est omniprésent dans cet ouvrage. On le personnifie. On l'assassine quand un exemplaire présente un défaut de fabrication qui en fait un objet dépossédé de sensualité musicale. On l'inhume, on lui dresse sépulture.

Qui, c'est Dona le chien aveugle et sourd. Sa perception du monde, c'est la caresse de son maître. Il ne se plaint pas. Sa compréhension de la vie lui fait trouver satisfaction avec un biscuit ou une odeur familière.

Roman aux saveurs douces-amères d'une culture japonaise tout en pudeur et retenue. Sans effusion. Des pleurs silencieux. Des espoirs jamais formulés. Superstition ou sobriété culturelle ? Des embrassades chastes et prudentes.

J'ai regretté quelques incohérences. L'auteure n'a pas dû avoir de chien sourd et aveugle. Elle ne le ferait pas sauter de ses bras ou divaguer au bord de la rivière ou encore se «jeter en courant de la terrasse pour se précipiter vers moi » - page 172 Editions Babel.

Les métaphores et images ne sont pas toujours très heureuses. Elles manquent de force suggestive, de poésie. Faiblesse de la traduction ?

Il n'en reste pas moins que cet ouvrage rend fort bien une atmosphère d'états d'âme maîtrisés, auréolée de pudeur chevillée au coeur, très typique de la culture asiatique. J'ai aimé son épilogue dénué de mièvrerie, aux antipodes de ce que l'on nous sert trop souvent de nos jours. Mais il ne faut pas en parler.