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mardi 6 août 2019

Le temps des orphelins ~~~~ Laurent Sagalovitsch

 


Cet ouvrage place son intrigue dans le contexte d'une page de déshonneur de l'histoire de l'humanité, celui de la shoah. Un thème dont il faut à mon sens faire usage avec tant de précaution que je me demande s'il peut donner lieu à y appliquer une fiction.

Daniel, jeune rabbin venu d'Amérique, a ressenti la nécessité de s'engager dans les forces de libération de l'Europe en 1944. Sa découverte des camps de la mort fera vaciller sa foi. Quand il prendra la mesure de l'anéantissement de la personne qui a résulté de la funeste entreprise nazie, le recours aux textes bibliques lui sera de piètre secours pour réconforter ses coreligionnaires. Comment Celui qui préside aux destinées de ce monde a-t-Il pu laisser faire ça ?

L'intrigue, c'est celle d'un tout jeune garçon famélique au regard figé d'incompréhension, perdu dans la tourmente de la libération des camps. Il est incidemment recueilli par Daniel qui se met en quête de retrouver sa famille.
Faut-il voir dans cet ouvrage écrit par quelqu'un qui ne peut connaître cette période noire que par ce qu'il en a appris, le besoin de raviver une mémoire qui lui semblait s'essouffler. Pour arriver à ses fins, il n'a de toute évidence d'autre choix que de donner dans la surenchère compassionnelle et le ressentiment, en quête de vocabulaire et métaphores apocalyptiques.

S'il faut lire le récit de ce cauchemar, je préfère le faire dans les ouvrages de ceux qui ont vécu cette ignominie, quand ils ont eu force de rompre le silence. Ils savaient très bien quant à eux qu'aucune langue humaine ne comporte de mots assez proches de ce qu'ils avaient enduré, que leur tentative de témoignage ne restera jamais qu'une approximation de l'horreur. Comme si le mépris du monde qui les avait piétinés s'acharnait encore sur eux quand le temps était enfin venu de le crier à la face de ce même monde. C'est alors dans leur silence entre les mots qu'on prend la mesure de leur traumatisme, qu'aucune fiction ne pourra restituer.

Surtout lorsqu'elle force le trait avec quelques clichés impliquant les enfants. Cela ne manquera pas d'attendrir le sceptique du 21ème siècle auquel aurait échappé l'ampleur du cataclysme parce qu'assoupi dans son confort aveugle. La chute est assez maladroite, mais comment clore pareil ouvrage quand l'espoir n'est plus de ce monde.