Connaissance des auteurs
- ACCUEIL
- Albert Camus
- Antoine de Saint-Exupéry
- Alexandra Lapierre
- Christian Bobin
- Daphné du Maurier
- Dominique Bona
- Emmanuel Carrère
- Fernando Pessoa
- Franck Thilliez
- Haruki Murakami
- Hélène Bonafous-Murat
- Gilbert Sinoué
- George Orwell
- Jane Austen
- Joseph Kessel
- Joyce Carol Oates
- Jean-Christophe Rufin
- Marguerite Yourcenar
- Mario Vargas Llosa
- Michel Houellebecq
- Milan Kundera
- Philippe Labro
- Pierre Loti
- René Frégni
- Romain Gary
- Stefan Zweig
- Sylvain Tesson
- Yukio Mishima
Ouvrages par genre
mardi 27 février 2024
mardi 30 janvier 2024
L'obsession Vinci ~~~~ Sophie Chauveau
Pourtant, si l'on excepte son goût pour l'organisation de fêtes spectaculaires, nombre de ses travaux restèrent à l'état d'ébauches. Ainsi, à peine une douzaine de tableaux peuvent-ils lui être attribués avec certitude.
Et si ce n'étaient les milliers de pages de ses fameux Carnets, l'emploi du temps de l'inépuisable inventeur resterait une énigme que Sophie Chauveau tente ici de percer. En toile de fond : l'Italie de la Renaissance.
jeudi 18 janvier 2024
Les amibitieuses ~~~~ Virginie Girod
40 femmes qui ont marqué l'Histoire par leur volonté d'exister et d'agir !
Chez les hommes, elle coule de source.
Chez les femmes, elle est mal vue.
Vertu pour les uns, péché pour les autres, c’est la même ambition qui les anime pourtant – mais aux femmes elle demande plus. Plus d’audace. Plus de scandale… Les quarante indociles dont il est question entre ces pages, de Cléopâtre à Oprah Winfrey, de Jeanne d’Arc à Gisèle Halimi, ont chacune à leur manière révolutionné le monde. Mais à quel prix ?
Aux grandes ambitieuses, l’humanité reconnaissante…
jeudi 11 janvier 2024
Ce qu'ils disent ou rien ~~~~ Annie Ernaux
Les garçons ne souffrent pas du mal-être qui la taraude elle. Elle en est sûre. Ils sont d'une bêtise à pleurer. de toute façon, ils ne pensent qu'à une chose. Les graffitis dans les toilettes du collège le prouvent.
La construction et l'écriture de cet ouvrage participe grandement à l'illustration du chaos qui bouleverse l'esprit de la jeune fille. La transformation de son corps la projette dans le torrent impétueux de la vie sans plus savoir à quoi se raccrocher pour retrouver ce sentiment de sécurité que lui était jusqu'alors son foyer familial.
Cette confusion recherchée rend ce moment de lecture laborieux, mais tellement vrai. Il faut le prendre comme une prouesse de l'auteur à restituer ce que tout un chacun a connu dans cette période sa vie. Sauf peut-être ces balourds de garçons qui ne doutent de rien. Eux au moins ont un but. Moche, mais un but quand même. Quant aux parents, Ce qu'ils disent ou rien.
samedi 6 janvier 2024
Le journal intime de la Vierge Marie ~~~~ Sophie Chauveau
« N’attend-on pas toujours un petit Dieu, un messie, un sauveur du monde, un libérateur pour notre peuple ? Si on ne le rêvait pas plus grand que tout, si l’on n’y croyait pas aussi fort, se déploierait-il en nous ? »
La jeune Marie apprend qu’elle attend un enfant. Pendant huit mois, elle tient un journal dans lequel elle note scrupuleusement les émotions et les sensations qui l’agitent avant cette naissance si particulière. Ses questionnements, ses rêves et ses peurs sont semblables à ceux que partagent nombre de futures mères.
À travers un récit dominé par la joie, Sophie Chauveau donne à voir une Marie forte et instruite, et nous dévoile, au-delà du mythe, des aspects méconnus de l’histoire qui changera la face du monde.
mardi 12 décembre 2023
Diderot, le génie débraillé ~~~~ Sophie Chauveau
Renonçant à la publication de certains de ses écrits de son
vivant, Diderot ambitionnait d’écrire pour la postérité. Opportune lucidité que
lui dictait la prudence. Il s’agissait de se protéger lui-même mais aussi sa
famille des foudres que son temps de censure ne manquerait pas d’attirer sur
lui de la part de ceux dont le niveau de tolérance n’allait quand même pas
jusqu’à admettre la critique. Mais Diderot était loin d’imaginer que cette
postérité serait aussi distante de lui qu’elle devrait attendre ce 21ème
siècle pour faire éclater des préceptes de vie en société que l’on peine encore
aujourd’hui à faire nôtres. La tolérance a encore du chemin à faire.
Il a trouvé en Sophie Chauveau une avocate ardente à faire
valoir l’incroyable modernité de ses pensées et l’immense talent qu’il a eu à
les mettre en mots, tant à l’oral de son vivant qu’à l’écrit désormais. Elle
attribue au personnage, quant à la promotion du 18ème siècle en
siècle des lumières, une plus grande part que celle que l’histoire a voulu lui
consentir.
Le baptisant Diderot, le génie débraillé, elle lui consacre ce
magnifique ouvrage. Il lie à merveille la part romancée et celle attestée par
les sources. Je reste admiratif du travail de recherche et de la mise en forme
de ce pavé qui ne dissimule rien de l’admiration qu’elle voue au personnage, à
mettre en avant l’intelligence subtile et la hauteur de vue de ce monstre de
talent, tout autant que l’avance sur son temps. Elle rend l’auteur de l’Encyclopédie
bougrement attachant et sait nous rallier à son engouement.
L’innovation dans le domaine des idées n’avait rien d’une
sinécure en ce siècle ou l’église régnait en maître sur les consciences. Les esprits
dits éclairés étaient confrontés à des institutions sclérosées, tant civiles
que religieuses, bouffies de leur pouvoir exorbitant jusqu’à disposer du droit
de vie et de mort. Monarchie, noblesse et clergé confondus, tous obnubilés
qu’ils étaient par la préservation de leurs privilèges. Aveuglés au point de ne
pas voir surgir la vague de fonds qui allait les engloutir quelques années
seulement après la disparition du philosophe. Sophie Chauveau se fait fort de lui
rendre la place qu’il mérite parmi les promoteurs des idées neuves du 18ème
siècle, déclassé qu’il fut par des Voltaire et autre Rousseau. Ce dernier ayant
à ses yeux fait montre d’une misogynie et d’un mépris de sa progéniture en
complet décalage avec les thèses développées dans ses ouvrages.
Véritable immersion en un 18ème siècle qui entretient
l’utopie de promouvoir l’humain au-dessus de la chape de convoitise et
d’appropriation, laquelle fige à dessein le peuple dans l’ignorance et
l’indigence, cet ouvrage de Sophie Chauveau n’est pas seulement une biographie,
il est un brillant plaidoyer en réhabilitation d’un jouisseur sublime.
« Mes pensées ce sont mes catins » écrit-il en
prologue dans Le neveu de Rameau. Et Sophie Chauveau d’intercéder pour que ses
errances libertines lui apportent un jour, peut-être enfin en ce siècle qui
connaîtra la compilation de ses œuvres, la juste rétribution d’un humanisme
certes hédoniste mais sincère et dépouillé de toute discrimination.
lundi 4 décembre 2023
Le fantôme de Philippe Pétain ~~~~ Philippe Collin
La France de Vichy, sujet
éminemment délicat à évoquer aujourd’hui encore. Il faut du doigté à un auteur
pour aborder avec impartialité cette page sombre de l’histoire de notre pays.
Dans Le fantôme de Philippe Pétain, Philippe Collin fait le point sur ce brûlot
de la mémoire collective de notre pays. Cette période au cours de laquelle
Philippe Pétain fut chef de l’État Français, depuis qu’il s’était vu remettre
les pleins pouvoirs en 1940, jusqu’à la défaite de l’Allemagne nazie, évoquant en
inévitable conclusion les dernières années du maréchal après son procès en 1945.
Il est aussi question comme de juste de la posture du général de Gaulle
vis-à-vis de son ancien chef. Attitude qui lui inspira cette expression comme
de Gaulle en avait le secret : « la vieillesse est un naufrage. »
Pétain avait 84 ans en 1940.
Philippe Collin est parvenu à
dépassionner le sujet en conduisant ce qu’on pourrait appeler une forme d’instruction
à charge et à décharge, interviewant des spécialistes de l’époque parmi les
plus éminents. Il destine à nous autres lecteurs d’un autre temps un recueil de
ces entretiens rendu d’autant plus vivant et passionnant qu’il s’offre à nous
sous forme d’un débat s’affranchissant de la stricte chronologie. Il s’agit d’analyser
comment un personnage, porté haut dans le cœur des Français de l’époque pour
avoir été le vainqueur de Verdun, a pu être conduit à commettre l’impensable.
Une belle réussite que cet ouvrage autorisé par une mémoire encore vive mais
avec déjà un recul suffisant.
mercredi 29 novembre 2023
La fabrique des pervers ~~~~ Sophie Chauveau
En amateur d'histoire que je suis j'apprécie les œuvres de Sophie Chauveau tant
du fait du formidable travail de documentation avec lesquelles elles sont
construites que de la qualité d'écriture qui les met en pages. Je suis en train
de lire Diderot,
le génie débraillé de sa main. J'avoue rester ébahi de la précision avec
laquelle elle peut y détailler la vie du père de l'Encyclopédie.
Mais las, depuis que j'ai lu celui pour lequel j'écris ces modestes
lignes, La
fabrique des pervers, je perçois les œuvres de Sophie Chauveau sous
un autre angle. En effet, quand tant d'autres auraient pu sombrer à assumer un
passé intime empoisonné, Sophie Chauveau s'est
elle réfugiée dans le travail pour produire des œuvres de
grande valeur historique et littéraire. Ce passé intime est celui de l'enfance
pervertie par l'abus sexuel d'un parent.
Si les autres ouvrages peuvent être imaginés comme ceux de la fuite et de
l'oubli par le travail, La
fabrique des pervers serait donc pour son auteure celui de la
thérapie. Enfin.
Mais aussi et peut-être surtout un livre en forme d'espoir pour les autres
victimes de pareille souillure de la part de personnes supposées garantir à
l'enfant la sérénité dont il a besoin pour s'épanouir. Des victimes qui n'ont
pas encore pu se libérer par la parole. Un livre pour leur dire que l'on peut
en revenir. A condition de bien parvenir à faire reporter la faute sur les
vrais coupables : ceux qui commettent le crime d'inceste. Un livre pour ne pas
assumer les torts de mauvaise action ou de passivité, fussent-ils ceux de
parents.
Mais aussi encore un livre de mise en garde pour des victimes potentielles de
ce crime, de leur entourage proche qui se rendrait tout autant condamnable en
fermant les yeux. le huis-clos familial est le contexte dans lequel une victime
potentielle est la plus vulnérable. Ecartelée qu'elle est entre la part d'amour
qu'elle éprouve à l'égard de ses parents et la part de rejet que lui inspire ce
qu'elle ne comprend pas encore comme une agression mais bien comme une
anormalité dans la relation filiale.
Il faut dire que Sophie Chauveau a
de qui porter le poids de l'indignité s'agissant de la famille dont elle est
issue, au sein de laquelle des relations coupables se sont entretenues durant
des générations. Profitant d'époques où la voix de l'enfant était étouffée par
des codes sociaux et moraux qui ne l'instituaient pas en tant que personne. Au
grand avantage de pervers qui jouissaient quant à eux de leurs pulsions sans
crainte ni retenue et donnaient de la personne une idée déshonorante.
Bravo à Sophie
Chauveau pour cette libération et pour l'espoir qu'elle procure à qui
n'est pas encore parvenu à émerger d'un passé gangrené par de tels
comportements, faisant de l'enfant un objet d'assouvissement et non un adulte
en devenir.
mercredi 22 novembre 2023
vendredi 17 novembre 2023
lundi 13 novembre 2023
dimanche 5 novembre 2023
lundi 30 octobre 2023
L'entreprise des Indes ~~~~ Eric Orsenna
🌕🌗🌚🌚🌚
C’est le frère de Christophe Colomb, Bartolomé, qui mobilise
son auditoire sous la plume d’Eric Orsenna. Il nous tient depuis Hispaniola où
il est demeuré mille considérations qui ont présidé et ont succédé à l’épopée
que l’on sait dans la découverte de l’Amérique par son frère.
Eric Orsenna écrit comme certains s’écoutent parler. C’est
la rançon de la notoriété. Il y a dans cette écriture une forme de suffisance
qui alourdit la lecture. C’est très ennuyeux.
mardi 24 octobre 2023
L'as de coeur ~~~~ Morgane Moncomble
🌕🌕🌚🌚🌚
mercredi 20 septembre 2023
La croix et le croissant ~~~~ François Taillandier
« L'homme, sitôt sorti de ses routines habituelles et
exposé à la nuit et à la solitude, est peu de chose, ou plutôt n'est
rien. »
Cette citation empruntée à Marguerite Yourcenar dans
Archives du nord exprime avec à-propos ce que des hommes, êtres de chair et de
sang, ont ressenti quand, aux origines de l’édition, il leur a été demandé de
laisser à la postérité la trace écrite du passage sur terre de leurs
commanditaires. Des puissants bien sûr, pas des gueux. Des puissants tellement
imbus d’eux-mêmes qu’ils voulaient que leur mort ne soit pas une mort aux yeux
des générations à venir. Survivre par l’écrit. Leur vie fût-elle couverte
d’opprobre et de sang. François taillandier tient son propos à l’époque des
rois dits fainéants. Epoque qui vit à l’Orient l’émergence de la foi musulmane.
L’histoire des hommes se lirait donc sur ces supports qui deviendront des
livres. Ecrits de main d’homme, bien avant l’imprimerie.
Mais qu’est-ce que l’homme à l’échelle de l’éternité :
rien. Marguerite Yourcenar le scande et répète à l’envi. Encore cet homme ne
sait-il même pas ce qu’il fait sur terre. Ce qu’il était avant. Ce qu’il
devient après. Et il passe sa vie à se vautrer dans le luxe et la luxure, à se
livrer à des bassesses qui de peu le rabaissent encore. A s’entredéchirer avec
ses congénères pour des peccadilles qu’il n’emportera pas au-delà de sa vie,
n’en déplaise aux pharaons. Il passe en fait sa vie à se distraire de l’idée de
la mort.
Alors quoi ?
Alors Dieu ! Oui, Dieu !
L’homme est trop petit à l’échelle de l’univers, à l’échelle
du temps, trop vil à l’échelle du mystère qui préside à cet obscur éclair de
conscience qu’est sa vie. Instant au cours duquel un esprit est venu se
contraindre dans un corps de chair et de sang.
Alors Dieu ?
Oui Dieu ! Hors de toutes échelles de temps et
d’espace. Hors de toute convoitise, de joie, de peine, de naissance et de mort.
Dieu éternel. Être sans substance. Non-être donc. Non-être qui dépasse toute
vie sur terre depuis l’amibe sortie de l’océan jusqu’à cet être vaniteux pétri
de concupiscence en même temps que de peur qui se fait appeler homme. Dieu est
la réponse à l’insignifiance. Alors plutôt que raconter l’homme, fût-il roi sur
terre, autant prôner ce dépassement de tout, cette transcendance : Dieu.
Ecrire ce que des hommes qui se sont dits messagers de Dieu,
récepteurs de la parole divine, prophètes, écrire ce que l’instance supérieure,
mystérieuse, inaccessible, invisible leur a dit. Puisqu’Il s’est rendu audible à
eux. Ce que les hommes, ceux qui se disent grands, voulaient faire transcrire
de leur vulgarité dans autant d’ouvrages du même niveau sera avantageusement
remplacé par la parole divine dans un seul ouvrage. Le LIVRE.
La croix et le croissant de François Taillandier nous dit la
gesticulation de la créature intelligente, et pourtant bouffie de défauts, pour
s’élever, dépasser sa si courte existence, si médiocre existence et trouver le
salut. En Dieu !
Mais même en cette intention les hommes n’ont pas trouvé de
collusion. Le LIVRE est devenu multiple. Et encore en est-il pour clamer que la
parole divine ne peut être écrite. Elle ne peut être entendue que par des élus
et colportée par le Verbe.
Pauvre homme, pris entre la Croix et le Croissant, et peut
être encore d’autres symboles de religions, celles-là moins extraverties. Plus
confidentielles, moins belliqueuses, ne revendiquant pas le monopole. Pauvre
homme qui n’a pas entendu le message d’amour que prêchent toutes ces religions qui
se revendiquent du Livre, en même temps qu’elles le foulent aux pieds.
Formidable ouverture sur ces notions de désarroi de l’homme
en sa condition que celle de François Taillandier. Pauvre homme en quête de
dépassement des bornes de sa vie. Dépassement qu’il a trouvé en Dieu.
Dépassement qu’il a transcrit dans le Livre pour associer sa pauvre existence à
celle de son créateur. Et survivre ainsi avec lui dans l’éternité.
J’ai retrouvé avec délectation la hauteur de vue de cet
auteur sur la condition de l’homme livré au mystère de la vie. Approche que j’avais découverte avec
L’Ecriture du monde et que je m’impose de suivre dans le troisième volet de cette
trilogie tant elle comble mon appétit de cette écriture érudite tout en restant
accessible, sur ces questions que l’on qualifie de fondamentales.
Veiller sur Elle ~~~~ Jean-Baptiste Andréa
🌕🌕🌕🌕🌕
Qui est cette Elle sur qui il faut veiller ? Elle, a poussé
Mimo à se cloîtrer dans un monastère, sans toutefois y prononcer des vœux. Sous
la plume de Jean-Baptiste
Andréa, il nous conte sa vie ses dernières heures venues. Mimo, c'est
Michelangelo Vitaliani. Il a deux handicaps dans la vie. Celui d'être né dans
une famille pauvre, mais surtout celui d'être différent. Il est de si petite
taille qu'on le traite de nain. Mais il a un atout énorme. Celui de son art. Il
est un sculpteur au talent inouï. Au point de rivaliser avec l'autre
Michelangelo, le grand, l'auteur de la Pietà qui trône en la basilique
Saint-Pierre du Vatican à Rome.
Elle, ce pourrait être Viola. Elle est la fille de la grande et richissime
famille Orsini de laquelle sont issus plusieurs papes. Mais comment un nain,
qui plus est de basse extraction, pourrait-il seulement lever les yeux sur
pareille descendance. Aussi fantasque fût-elle ? N'a-t-elle pas l'idée de voler
avec une aile de sa fabrication.
C'est pourtant ce qui arrive. Parlera-t-on d'idylle entre ces deux personnages
? Pareille union abonderait à l'expression du mariage de la carpe et du lapin.
Mais une idylle quand même, oui. En forme d'amitié amoureuse. Parfois orageuse,
mais toujours fidèle. Une de celle qui ne trouve d'assouvissement que dans
l'espoir. Espoir d'on ne sait quoi. Sans cesse relégué, aussi fuyant que la
ligne d'horizon.
A moins que l'assouvissement de cette idylle, ce ne soit cette sculpture, cette
caresse au marbre pur qui a façonné un visage si doux. Le visage de la Vierge,
si parfait qu'il est sacrilège aux yeux de l'Eglise. A la mémoire du
grand Michel-Ange.
La Pietà de Mimo fait de l'ombre à celle du maître. Aussi a-t-elle a été
confinée en un lieu que très peu connaissent.
Mimo, Viola, un amour qui a trouvé son accomplissement, son triomphe dans
l'immobilité d'un visage aux traits divins. Un visage de marbre. Un visage à la
beauté céleste, inaltérable. Comme l'amour quand il n'a pas été corrompu par
les bassesses de la vie terrestre.
Un roman à la puissance romanesque prodigieuse, porté par une écriture aussi
fluide que les traits du visage de la Pietà. Celle de Mimo.
Ramuntcho ~~~~ Pierre Loti
🌕🌕🌕🌕🌚
Pierre
Loti l'écrivain voyageur a jeté l'ancre au Pays Basque. Pays dont il
tombe amoureux, pas seulement pour ses paysages, mais aussi pour ses habitants
dont il apprécie le caractère bien trempé. Il les apprécie au point d'y fonder
une seconde famille avec une femme du cru qui lui donnera quatre garçons dont
un certain Raymond. Qui en basque se dit Ramuntcho.
Au pays basque il y reviendra régulièrement. Il y fit l'acquisition d'une
maison sur les rives de la Bidassoa dans laquelle il a voulu vivre ses derniers
jours. Son engouement pour cette contrée lui a inspiré ce roman, Ramuntcho. Plus
que dans tout autre il dévoile sa sensibilité propre.
L'énergie romanesque de son ouvrage s'en trouve enrichi d'une prose aux élans
poétiques. Sa plume s'alanguit dans des envolées mélancoliques à rendre jaloux
les romantiques. Mais l'amoureux contemplatif reste un être lucide. Il ne perd
de vue que la vie n'a rien d'un tapis de rose. Que les amours et les amitiés
sont souvent contrariées par les événements, les codes moraux, les
intérêts. Ramuntcho,
le contrebandier qui ne craint pas les douaniers, le joueur de pelote qui fait
l'admiration de tous en fera l'amère expérience.
Le regard de Gracieuse – on appréciera le choix du prénom - la belle qui avait
conquis le coeur de Ramuntcho,
s'éteint doucement dans l'ombre d'un couvent dans lequel l'a fait enfermer sa
mère. Jusqu'au dernier chapitre on brûle de savoir si Ramuntcho réveillera
ce regard et attisera à nouveau son bonheur du souffle de l'amour.
Pierre Loti est
un poète éveillé dont le réalisme teinte les oeuvres d'austérité. Son acuité
dans la perception du monde le retient de dresser un tableau idyllique de la
vie. Ses amertumes lui donnent l'occasion de donner quelques coups de griffes à
la religion qui pour le coup est plus une prison qu'un secours.
Chacun de ses personnages dévoile un peu plus son auteur. L'homme d'action
quelque peu fantasque qui s'enflamme pour un lieu, une personne, sans cesse
attiré par des ailleurs espérés plus doux, n'en finit pas de se chercher. le
bonheur lui file entre les doigts comme le sable des plages. Autant que lui a
pu filer sur les mers d'un bout à l'autre du monde, s'attachant à une
japonaise, une turque, une basque, un matelot breton.
Si peu à son épouse légitime. Ramuntcho n'est
pas d'elle. Mais le roman est touchant.
jeudi 7 septembre 2023
Le dernier bain ~~~~ Gwenaële Robert
Charlotte Corday n'était pas la seule à vouloir faire disparaître Marat. Dans l'entonnoir qui filtre les intentions, les hasards et les circonstances pour les focaliser vers un dénouement, la jeune et belle aristocrate fut celle qui y parvint. Il faut dire qu'à ses qualités physiques elle adjoignait détermination et courage.
dimanche 27 août 2023
Fragonard, l'invention du bonheur ~~~~ Sophie Chauveau
On peut reprocher beaucoup de chose à Internet, au rang
desquelles celle de voler des heures de lecture aux surfers impénitents, mais
lorsqu'on lit la biographie d'un artiste peintre comme je viens de le faire
avec celle de Fragonard par Sophie Chauveau,
on bénit cette technologie moderne de nous donner accès à la visualisation des œuvres
de l'artiste.
Les biographies d'artistes ont quelque chose de plus que les autres. Cette même
chose qui fait d'eux des êtres inspirés, capables de capter des ondes destinées
à eux seuls et les rendre accessibles à autrui. Ça s'appelle le talent. A leur
préjudice ils sont souvent des précurseurs dans les courants de leur art et ne
trouvent malheureusement de popularité qu'à titre posthume.
Tel ne fut pas le cas de Fragonard. Il a vécu de son art. Avec d'autant plus
d'intelligence que son époque fut parmi les plus troubles de l'histoire. La
guillotine de la Terreur n'était-elle pas implantée sous ses fenêtres, ou
presque.
Tout cela nous est conté avec luxe de détails par Sophie Chauveau.
Au point d'appesantir son ouvrage de quelques longueurs. Mais l'œuvre
considérable de Fragonard ne pouvait que susciter l'épanchement devant pareil
talent. Elle qui s'est faite spécialiste des biographies d'artistes a voulu
donner corps à son ouvrage et justifier le titre qu'elle lui a conféré :
l'invention du bonheur. Bel ouvrage qui peut nous rendre qu'admiratif du
travail de recherche et documentation de son auteure.