Mon univers de lecture ... ce qu'il m'inspire
Affichage des articles dont le libellé est Primo Lévi. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Primo Lévi. Afficher tous les articles

jeudi 24 février 2022

La trêve ~~~~ Primo Lévi




La trêve est le second ouvrage autobiographique de Primo Lévi. Il paraît en 1963. C’est la publication de cet ouvrage qui en réalité rendra populaire celui écrit par l’auteur au lendemain de sa libération des camps : Si c’est un homme. Ce dernier était paru de façon très confidentielle en 1947. Il y eut dans la décennie qui suivit la fin de la seconde guerre mondiale une forme de silence imposé sur cette page noire de l’histoire de l’humanité. Dans les années cinquante, l’opinion n'était pas prête à se replonger dans le cauchemar des camps de la mort. Au constat du sort réservé au livre de Primo Lévi, George Semprun avait d’ailleurs ajourné son intention de publier son propre témoignage, paru plus tard dans deux ouvrages : Le grand voyage, L’écriture ou la vie.

Si c’est un homme fait aujourd’hui partie des monuments de l’histoire de la Shoah racontée par ceux qui l’ont vécu. Il relate l’année d’internement vécue par Primo Lévi. La trêve quant à lui relate le périple retour du chimiste italien vers les siens depuis sa libération d’Auschwitz par les Russes le 27 janvier 1945.

Le voyage retour fut donc organisé par les Russes. Il n’aura fallu presque 9 mois aux détenus italiens rescapés des camps pour regagner l’Italie. Incroyable odyssée dont on regrette de ne pas trouver la carte en annexe de son ouvrage, mais que l’on trouve sur l’encyclopédie en ligne. Même si les malheureux déplacés de camp en camp, ballotés de trains en trains – en wagons de marchandises est-il besoin de le préciser – n’ont pas été maltraités, ce trajet retour vers le pays est ahurissant de durée, d’inconfort, d’incertitude. Riche d’anecdotes.

Côté émotion cet ouvrage est très en retrait de Si c’est un homme. Cela se conçoit aisément. Il n’y avait plus cette perspective évidente de la mort promise, planifiée. La relation du périple donne une petite idée du chaos qui régnait dans le centre Europe à la fin de ce terrible conflit. Il instruit aussi sur la différence de traitement à la libération qu’il put y avoir entre les Occidentaux et les Russes, seulement du fait seul de l’organisation et de la logistique. Résultat : un trajet retour interminable, 9 mois pour rentrer d’Auschwitz vers Turin.

La trêve est l’ouvrage de la renaissance. Dans un monde que Primo Lévi regarde avec un œil neuf. Le soulagement compense l’inconfort et l’exaspération de ce voyage interminable, la débrouillardise le dénuement, générant parfois des scènes cocasses occasionnées par les difficultés linguistiques. Le style est forcément plus léger, plus ouvert aux rencontres. Véritable galerie de portraits de personnages marquants dans ce grand brassage des nationalités où se glissaient parfois des allemands, eux aussi broyés par la grande machine de guerre mise sur pied par le régime nazi.

On n’en peut plus de voir ce convoi hétéroclite piétiner d’impatience mais ce n’est que la restitution de l’état d’esprit qui régnait dans cet interminable retour à la maison. L’issue était heureuse. Commençait alors le travail de réhabilitation à la vie normale et le difficile exercice de faire savoir.

Citations

C'est pourquoi, pour nous aussi, l'heure de la liberté eut une résonance sérieuse et grave et emplit nos âmes à la fois de joie et d'un douloureux sentiment de pudeur grâce auquel nous aurions voulu laver nos consciences de la laideur qui y régnait ; et de peine, car nous sentions que rien ne pouvait arriver d'assez bon et d'assez pur pour effacer notre passé, que les marques de l'offense resteraient en nous pour toujours, dans le souvenir de ceux qui y avaient assisté, dans les lieux où cela s'était produit et dans les récits que nous en ferions. Car, et c'est là le terrible privilège de notre génération et de mon peuple, personne n'a jamais pu, mieux que nous, saisir le caractère indélébile de l'offense qui s'étend comme une épidémie. Il est absurde de penser que la justice humaine l'efface. C'est une source de mal inépuisable : elle brise l'âme et le corps de ses victimes, les anéantit et les rend abjects ; elle rejaillit avec infamie sur les oppresseurs, entretient la haine chez les survivants et prolifère de mille façons, contre la volonté de chacun, sous forme de lâcheté morale, de négation, de lassitude, de renoncement.

mercredi 24 février 2016

Si c'est un homme ~~~~ Primo Lévi

 



Que dire en refermant cet ouvrage ?


Les mots, les miens, ceux d'un lecteur libre et bien nourri, seront impuissants, et peut-être même indécents.


Lisez les siens !