Qu'il est long et harassant le chemin qui mène au Bureau des
Jardins et des étangs pour la jeune Miyuki, chargée qu'elle est des viviers de
carpes qu'elle doit livrer aux étangs de l'empereur. Je l'ai éprouvé ce chemin,
à cette lecture appesantie de longues descriptions que trop peu d'événements
viennent attiser, même quand la sensualité des corps est invoquée.
Il y a dans ces pages une certaine retenue du mouvement, une forme de tension
allusive qui laisse planer une menace permanente, un culte de l'honneur et de
la vertu par lesquels le lecteur croit y reconnaître des ambiances très
codifiées du théâtre no. Ambiance qui ne serait pas complète sans une scène
finale costumée avec des parures colorées, lourdes et engoncées, typiques du
décorum de ces représentations.
La relance de l'intrigue est tardive et très attendue. Miyuki se retrouve, à
son corps défendant, et peut-être pour sa perte, porteuse d'une force
suggestive propre à matérialiser le fantasme d'un prince. Cette tension
dramatique a, à mes yeux, sauvé cet ouvrage de l'enlisement de son intrigue
somme toute peu séduisante.
Cet ouvrage reste intéressant du fait de son style, respectueux de la culture
dont il se veut l'ambassadeur, et de la remarquable précision de la
documentation que le profane en matière de moyen-âge japonais, que je suis, a
cru y détecter.