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samedi 16 juillet 2022

Les enfants de la terre - tome1 ~~~~ Jean M. Auel

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Les paléoanthropologues ont établi que l'homme de Neandertal pouvait parler. Jean M. Auel évoque la particularité qui donne cette capacité vocale : un os rattaché à aucun autre et que les scientifiques appellent l'os hyoïde.

Mais si le scientifique peut se prononcer sur les caractéristiques physiques de la fonction vocale, peut-il le faire sur le niveau de discours, de conception et d'expression des sentiments que pouvaient mettre en œuvre les représentants de l'espèce à l'époque où Jean M. Auel situe son intrigue, il y a 35 000 ans ?

L'auteure franchit le pas. Elle attribue à ses personnages une capacité à émouvoir par la parole et par le geste. Une capacité qui semble cependant plus proche de la psychologie contemporaine que celle du chasseur-cueilleur, locataire des cavernes, dont on sait que le sang ne lui faisait pas peur tant il faisait partie de son quotidien. On n'oubliera que pour crocs et griffes acérés qui abondaient dans son environnement il était autant gibier que le bœuf musqué, l'antilope saïga et autre mégacéros.

Jean-Philippe Rigaud, Directeur du centre national de préhistoire à l'époque de la parution de la saga Les enfants de la terre, affirme en préface du premier tome avoir été favorablement impressionné par le réalisme archéologique de cet ouvrage et par voie de cause à effet des connaissances de son auteure. Il cautionne donc la parution et le contenu de cette ouvre qu'on ne présente plus au point de surfer sur le succès de la saga et écrire lui-même le monde des enfants de la terre, sous-titré Comment vivaient les héros de la saga de Jean M. Auel.

La grande question évoquée par Jean M. Auel, à laquelle les paléoanthropologues s'accordent désormais à donner une réponse positive étant de savoir si l'homme de Neandertal et Homo Sapiens se sont croisés. Jean M. Auel fonde son intrigue sur cette certitude. Son héroïne, de la dernière espèce, Ayla, isolée de son clan à la suite d'un tremblement de terre est recueillie et adoptée par un clan néanderthalien. Elle y est jugée d'une grande laideur du fait de sa différence physique, en particulier son front plat, la blondeur de ses cheveux, la finesse de ses traits, autant de critères qui nous sont aujourd'hui de beauté. Les néanderthaliens ayant quant à eux des traits forcément plus frustes.

Michael Chapman a tiré un film de cette saga en 1986. le rôle de Ayla est tenu par Daryl Christine Hannah dont le caractère préhistorique des traits du visage réside uniquement en un savant désordre de la chevelure. Son personnage destiné à remplir les salles obscures nous ferait croire qu'il y a 35 000 ans les salons d'esthétique et de manucure existaient déjà. J'ai bien peur que cet anachronisme d'apparence soit la logique mise en image du même décalage dans le temps de ce qu'on peut lire chez Jean M. Auel au point de vue des comportements, que la psychologie américaine l'ait entaché des prémices d'un féminisme et de cette mièvrerie qu'on lui connaît bien lorsqu'elle veut tirer la larme à son auditoire. « Maamaan, Maamaan » criait le petit Durc qui voyait sa mère l'abandonner, chassée qu'elle était du clan néandertalien par le nouveau chef lequel n'avait jamais admis sa différence, jamais admis qu'elle puise le surpasser à la chasse à la fronde.

Je sais que dans les nombreux tomes qui vont donner suite à cette entrée en matière que je viens de lire elle va trouver l'amour avec le beau Jondalar. Même si j'ai confiance en la capacité de Jean M. Auel à restituer les savoir-faire techniques et le mode de vie en vigueur à l'époque, j'avoue ne pas avoir le goût de me frotter aux milliers de pages que comporte cette fiction préhistorique édulcorée à la sauce anglo-saxonne dont on n'oubliera pas qu'elle doit plaire à un lectorat formaté par les séries dégoulinantes de sentimentalisme. J'en resterai donc au premier tome.