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mardi 12 janvier 2021

Le tatoueur d'Auschwitz ~~~~ Heather Morris




"Si l'écho de leur voix faiblit, nous périrons."
Associons-nous à cette sentence de Paul Eluard et félicitons-nous qu'il y ait encore au 21ème siècle des auteurs qui écrivent sur la déportation. Des auteurs qui captent les derniers témoignages avant que ne s'éteigne leur voix.

Félicitons Heather Morris d'avoir convaincu Lale Sokolov de sortir du silence qui l'avait écrasé durant plusieurs décennies pour publier le tatoueur d'Auschwitz. Pour que l'écho de la voix de ceux qui ont été broyés par la barbarie nazie résonne encore en nos esprits, et raisonne celui qui négligerait la menace. Car la menace existe encore. Elle existera aussi longtemps que l'être capable d'amour le sera autant que de haine.

Une chose est sûre, de tous les ouvrages qui relatent le cauchemar d'Auschwitz, fort peu à ma connaissance font émerger une histoire d'amour de cet océan de violence et de mort. S'agissant de cette page de honte de l'histoire de l'humanité, on ose à peine se réjouir de lire l'histoire de Lale et Gita. Ils se sont connus, aimés à Auschwitz et s'en sont sortis. Mais puisque cette histoire est vraie, on la recevra comme le signe du sort qui sur le cloaque fait prospérer une fleur.

Avec pareil ouvrage, lorsqu'il ne s'inscrit pas dans le genre de la fiction mais du témoignage, on est tenté de lui accorder le plus haut degré de satisfecit littéraire. C'eut été le cas pour ce qui me concerne vis-à-vis de celui-ci si mon élan n'avait pas été quelque peu retenu par le style. Je l'ai trouvé détaché du drame, un peu trop journalistique, amoindri par rapport à la portée dramatique des écrits d'un Primo Levi ou d'un George Semprun. Est-ce parce que de l'abjecte il fait émerger le sublime ? Mais c'est à n'en pas douté dû au fait que le témoignage s'exprime par propos rapportés, par une auteure dont je salue toutefois encore avec conviction et l'initiative et la performance. Celles d'avoir su donné corps à un témoignage nécessaire, comme ils le sont tous sur ce thème des camps de la mort, d'une histoire singulière et finalement belle. L'histoire d'un déporté qui avait la tâche de tatouer les détenus à leur arrivée au camp et qui grâce à sa fonction, son courage est parvenu à en aider beaucoup d'autres au leitmotiv de "qui sauve une vie sauve le monde entier". Mais surtout l'histoire d'un déporté qui a trouvé l'amour à Auschwitz.

Et ce n'est pas déflorer l'épilogue de dire que le mutisme de l'horreur a été entretenu tant que les amoureux d'Auschwitz s'encourageaient mutuellement au silence. Quand l'une est partie avant l'autre, le temps était venu de dire la force de l'amour face à la haine.