Mon univers de lecture ... ce qu'il m'inspire
Affichage des articles dont le libellé est Olivier Rony. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Olivier Rony. Afficher tous les articles

jeudi 2 décembre 2021

Louis Jouvet ~~~~ Olivier Rony



« Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent. » Prenons acte de cette épigraphe que le docteur Knock attribue à Claude Bernard et adresse à son confrère Parpalaid dont il reprend la clientèle. Cela fait partie des répliques culte qui me ramènent à l’esprit le portrait de Louis Jouvet, ce géant par la taille et par le talent qui était « dévoré par le théâtre » au point dans la première moitié du 20ème siècle d’en être la figure symbolique. Olivier Rony nous en adresse une fort belle biographie aussi précise que vivante.

Sauf que cette précision ne s’applique pas de la même manière à sa vie privée. Jouvet avait certes femme et enfants, mais l’ouvrage d’Olivier Rony nous donne véritablement l’impression que la vie de famille ne pesait pas lourd en face de la vie professionnelle de celui que ses parents avaient orienté vers une carrière de pharmacien. Il en a certes obtenu le diplôme, mais ce dernier n’a pas pu rivaliser avec l’appel de la scène qu’il a préférée à l’officine.

Son épouse, qui l’a accompagné sa vie durant, est restée dans l’ombre du personnage au point de n’être mentionnée que de façon anecdotique dans l’ouvrage d’Olivier Rony. Le maître, il est vrai, n’eut pas seulement de double vie celle de ses personnages. Ses rencontres favorisées par le métier et ses pérégrinations à l’occasion de ses tournées en Europe et sur le continent américain ont laissé bien peu de place à la discrète Else Collin qu’il avait épousée en 1912. C’est en tout état de cause ce que nous laisse comprendre l’ouvrage d’Olivier Rony.

Beaucoup de sources documentaires citées dans cet ouvrage sont tirées de la correspondance foisonnante que Jouvet échangeait avec ses interlocuteurs du métier. Dans un milieu et à une époque où l’art épistolaire avait ses lettres de noblesse, cette correspondance laissée à la postérité en dit long sur la vie ses auteurs. Elle nous fait pénétrer l’intimité de ces personnages et leur redonne vie dans ces pages. On en arrive à se demander ce qu’il restera de nos échanges contemporains effectués à grand renfort de SMS, mail, téléphone dans un langage d’abréviations et acronymes qui assassine la grammaire et rend les échanges inaccessibles à la compréhension à qui n’est pas averti du contexte.

Olivier Rony restitue à merveille la forte personnalité de ce ténor des tréteaux qui dès son plus jeune âge a su s’imposer comme nul autre dans tous les métiers du théâtre : acteurs au premier chef bien entendu mais aussi, régisseur, metteur en scène et directeur de théâtre avant de prendre la direction du conservatoire et de porter ses rôles à l’écran dès la parole donnée au 7ème art. Car Louis Jouvet c‘était surtout une présence et une voix qui conféraient au personnage une ampleur inégalée.

Le personnage avait cette certitude de lui-même au point d’écrire à l’un de ses proches dans le métier : « Pour ce qui est de Molière, vois-tu, je ne reconnaîtrai à personne, à personne, tu m’entends ? le droit de me donner des leçons. Parce que – dussé-je te paraître présomptueux -, je ne crois pas qu’il existe au monde un moliériste plus averti que moi, plus objectif, plus consciencieux que moi. » A bon entendeur salut !

Knock ou le triomphe de la médecine de Jules romain, dont le rôle était taillé sur mesure pour Louis Jouvet, est avec plus de mille représentations rien qu’à Paris la pièce qui a assuré à son acteur fétiche pendant les périodes de vaches maigres le fonds de commerce qu’il avait méprisé de ses études de pharmacie. Bien qu’en son esprit le cinéma ne peut « concurrencer la pureté, la simplicité et la noblesse d’un art né du souffle dionysiaque pour offrir une parole poétique aux hommes de la cité », Jouvet a eu la bonne inspiration d’immortaliser son génie d’acteur sur la pellicule sous la direction de Guy Lefranc en 1951, l’année de son ultime salut au public.

Alors « Ne confondons pas, est-ce que ça vousgrattouille ou ça vous chatouille ? » Ni l’un ni l’autre cher maître parce qu’à la lecture de cette biographie, à la vision de ces classiques qui portent l’estampille de Louis Jouvet on n’a que l’envie tirer son chapeau à celui qui fut le théâtre et eut la bonne inspiration de faire imprimer sur la pellicule son jeu inimitable, pour notre plus grand plaisir à nous spectateur d’un autre temps.


Ses lieux de vie professionnelle les plus importants

Théâtre du Vieux Colombier - Paris 6ème

 Théâtre du Vieux Colombier - Paris 6ème

Théâtre de l'Athénée - Paris 9ème


Théâtre des Champs Elysées - Paris 8ème

Théâtre du Conservatoire National d'Art Dramatique - Paris 9ème

Citations de Louis Jouvet

« Je me suis trouvé un jour au théâtre, dans une salle, puis sur la scène : je m’en étonne encore moi-même. Cet étonnement ne me gêne pas, il me plaît et me satisfait. Le plus estimable, le plus heureux dans la vie est de s’étonner. »

" Ne l'oubliez pas c'est quand le rideau se lève que votre vie commence, il ne tient qu'à vous qu'elle continue le rideau baissé."