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vendredi 26 mai 2023

La société royale ~~~~ Robertt J. Lloyd

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L'amateur de roman historique que je suis a été appâté par ce qu'on nous présente comme la premier roman Robert J. Lloyd. Il s'appuie sur l'œuvre de Robert Hooke, un scientifique anglais du XVIIème siècle qui dans cet ouvrage se trouve être le recours du roi Charles II (dynastie Stuart) afin de tenter d'élucider le mystère suscité par la mort de plusieurs jeunes enfants. Ils ont été retrouvés vidés de leur sang dans divers lieux isolés de Londres. C'est donc une forme de polar historique auquel nous convie cet auteur. Robert Hooke de la Société Royale y tient son rôle, quelque part extrapolé pour y devenir à la fois détective et médecin légiste. Il se laisse toutefois voler la vedette par son jeune assistant Henry Hunt lequel s'approprie la conduite de l'enquête. C'est en fait ce dernier qui la sort de l'enlisement.

L'écueil à éviter avec ce genre d'exercice serait celui de sombrer dans l'anachronisme scientifique en déflorant des techniques d'analyse d'un temps qui n'était pas le leur. L'impressionnante bibliographie qui a servi de base à la construction de cet ouvrage nous prouve que Robert J. Llyod, si on ne l'avait compris à la lecture de l'ouvrage, a étudié son sujet avec une précision stupéfiante. La documentation est on ne peut plus fouillée.

Reste que la connaissance ne fait pas l'ouvrage, l'écriture doit être à la hauteur. le style mis en œuvre par l'auteur est descriptif et pédagogique. L'ouvrage souffre à mon sens pour le coup de quelques longueurs. Elles pourront blaser les amateurs de rythme plus enlevé, habitués qu'ils sont désormais par les productions modernes à la surenchère d'artifices, lesquels pallient souvent un manque de créativité. La contrepartie étant la prise de distance avec la vraisemblance des faits. Mais y attachons-nous beaucoup de crédit de nos jours alors que le fantastique et le surréaliste accaparent les suffrages.

On se rend compte à l'avancée dans la lecture que l'atonie de style relève justement a contrario de la tendance actuelle d'un souci de crédibilité. Elle se veut le reflet des tâtonnements et atermoiements d'un personnage lui-même dépassé par l'originalité de la mission qu'il s'est vu confier au seul motif qu'il était un scientifique reconnu en son époque.

D'aucuns plus ouverts à la fresque historique salueront le souci de la précision qui anime l'auteur dans la description tant des décors de l'intrigue que de la psychologie des protagonistes foisonnant dans cet ouvrage. Autant de personnages historiques qui rattachent l'intrigue à son contexte du moment. Une intrigue qui est par elle-même bien imaginée et conduite avec justesse vers le dénouement, lequel s'ébauche par petites touches.

Ce que le souci de vérité historique retire au captivant, les mœurs de l'époque à l'humanisme aride le lui rendent bien. L'épouvante n'est pas loin quand il s'agit d'évoquer la mort des enfants, surtout lorsqu'on en découvre le mode opératoire et la justification.

C'est autant un roman d'imprégnation qu'un thriller qui cherche sa voie. J'ai apprécié la justesse dans la restitution du contexte des péripéties : l'indigence de la connaissance scientifique des contemporains de l'époque choisie, l'influence prépondérante de la religion, les cloisons étanches entre les couches sociales, le caractère expéditif de la justice dans la main des puissants. Autant de données historiques fort bien rendues qui soulignent le souci de l'auteur de ne pas échouer dans son transport dans le temps. Tout cela fait que le résultat est une forme de polar historique supporté par une intrigue intéressante mais dont le style manque quelque peu de saveur.