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lundi 31 janvier 2022

Le cri ~~~~ Nicola Beuglet

 


Quand la CIA s’occupe de nos âmes et de leur survie après le grand passage, nous sommes promis à l’exploration des trous noirs de l’univers, au plongeon dans l’ésotérique frigorifiant. Les croyants sont prévenus, ils vont y perdre leur latin et s’entendre dire des choses propres à ébranler leurs convictions.

Un bon départ pourtant pour ce thriller sous les frimas de la Norvège lorsque le patient d’un hôpital psychiatrique meure dans des circonstances qui retiennent l’attention de l’enquêtrice dépêchée sur place. Surtout lorsque le directeur de l’établissement, acculé par ses questions, met le feu à ses locaux pour faire disparaître des indices compromettants. Mais dès le transport de l’action en notre hexagone national le rythme devient effréné, sous la dictature d’un compte à rebours fatal pour la vie d’un enfant pris en otage par des tortionnaires insensibles.

Notre enquêtrice s’adjoint alors les services d’un reporter, tuteur de l’enfant dont les parents ont été éliminés par des hommes de main sans état d’âme, à l’accent slave guerre froide oblige. Tous deux deviennent les pantins du dernier survivant d’un programme de recherche de la CIA laquelle lui a fait endurer le calvaire d’un traitement chimique destiné à …

… à quoi d’ailleurs ? C’est ce qu’il veut savoir avant de quitter ce monde. Ses jours sont comptés. Qu’est-ce qui a bien pu faire pousser par les malheureux cobayes de la CIA ce cri d’outre-tombe qui donne son titre à l’ouvrage et fait trembler d’effroi ? Le dernier survivant veut connaître les tenants et aboutissants de ce programme de recherche diabolique. C’est la raison pour laquelle, sous la menace d’exécuter l’enfant, il lance notre couple d’enquêteurs de circonstance au travers de la planète entière pour connaître et la justification de son supplice et le nom de celui qui en a tiré les ficelles.

Cet ouvrage tire son intrigue d’un fait historique : en période de guerre froide l’opération secrète de la CIA baptisée MK-Ultra avait pour but de prendre le contrôle d’individus en altérant leurs capacités mentales afin de les manipuler, pénétrer les secrets de leur cerveau et en faire les marionnettes utilisables en tous lieux et circonstances, à toutes les vilénies imaginables.

La distance de l’ouvrage avec la réalité est, pour le fond, la connotation religieuse que prend l’intrigue. Pour la forme, c’est l’accumulation d’invraisemblances qui donne à nos enquêteurs des super pouvoirs pour reconstituer les preuves de l’opération que la CIA s’est pourtant attachée à faire disparaître en 1973. Dans le genre, je n’ose évoquer le dictaphone retrouvé dans le bunker délaissé par la CIA lequel retrouve la voix après quarante années de silence humide.

Ce genre d’ouvrage qui flatte la soif de sensations fortes au détriment de la crédibilité n’est pas de ma prédilection. Je suis trop attaché à la faisabilité par l’homme des choses humaines, en dehors de ce qui se revendique du genre fantastique bien entendu. Le toujours plus dans les sollicitations physiques rehaussé d’effets spéciaux version série américaine est à l’origine de trop d’invraisemblances et sombre dans la contrefaçon des émotions. Elles sont artificiellement suscitées pour répondre au stéréotype de scénario en vogue : un crime, un secret de famille, des méchants qui manipulent dans l’ombre, des enquêteurs qui se vouent indifférence voire hostilité au début et finissent par tomber dans les bras de l’un et de l’autre. Et pour couronner le tout une dose de pathétique avec l’enfant pris en otage dont la survie est suspendue au compte à rebours, lequel est supposé donner son rythme à l’intrigue. La ficelle est trop grosse pour émouvoir. On connaît la fin dès le drame engagé.

Mais à la décharge de ce sacrifice à la modernité il faut dire que j’exècre la raison d’état lorsqu’elle broie l’individu au motif de protection de la sécurité nationale. Le combat était perdu d’avance par l’ouvrage pour me faire frissonner d’aise. Je salue quand même l’intention de faire savoir que cela a existé et que notre avenir n’en est pas préservé des malfaisances de cette sacro-sainte raison d’état. Mieux vaut ne pas se trouver sur son chemin.