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vendredi 11 mars 2022

Le miracle Spinoza ~~~~ Frédéric Lenoir

 

Évoquant son ouvrage majeur alors en préparation, L'Ethique, édité finalement à titre posthume, Spinoza écrivait lui-même, dans une lettre adressée à son ami Henry Oldenburg, qu'il avait délibérément choisi un mode d'exposition de ses pensées qui en rendrait la lecture aride. Le titre complet de son ouvrage se libelle d'ailleurs ainsi : L'Ethique démontrée selon la méthode géométrique.

Me voilà conforté dans mon intention de faire connaissance avec le personnage et sa philosophie avec l'aide d'un "traducteur". Quelqu'un qui me rendrait accessible la pensée du célèbre philosophe, lequel jouit en ce début de siècle d'un engouement nouveau auprès de la part de ses congénères contemporains, mais pas seulement.

D'aucuns expliquent cet engouement d'une part par le fait que Spinoza affichait des pensées très en avance sur son temps, au point de trouver de nos jours un écho singulier dans les milieux intellectuels et politiques. Il affichait un courant de pensée progressiste, tolérant, sachant se démarquer avec prudence, donc intelligence, des modèles imposés par un pouvoir politique autocratique, dont on sait qu'en son temps il était fermement contraint par le religieux.

L'autre aspect de ses textes qui le rend lisible aujourd'hui est plus inattendu. Le mode de raisonnement et de construction de ceux-ci, selon un principe interactif de renvois à de multiple références étayant la démonstration du philosophe, se prêterait particulièrement à la modélisation informatique. C'est le principe du lien hypertexte que l'on pratique abondamment et inconsciemment de nos jours en parcourant les pages web, lesquelles ont évidemment fleuri que lors de ces dernières décennies. Le Magazine littéraire de décembre 2017 publiait un article sur cette analogie constructive qui attendait le clic de souris pour naviguer de pages en volumes hébergés de par le monde, se substituant au contenant physique forcément plus lourd à manipuler.

C'est donc avec le Miracle Spinoza de Frédéric Lenoir que je me suis ouvert à celui qui a eu le cran de s'opposer à l'intelligentsia de son temps peu encline à la contradiction. Un temps où l'opposition de conscience pouvait avoir des conséquences pour le moins brûlantes. Du cran il fallait en avoir au XVIIème siècle pour fondre Dieu dans la Nature, laquelle pour le coup prend la majuscule. Prôner immanence contre transcendance. Du cran pour n'accepter que ce qui aura été démontré par le raisonnement, y compris s'il faut restreindre le champ de ses certitudes, mais surtout refuser de se faire dicter des croyances. Autre similitude avec notre époque contemporaine qui ne reconnaît plus d'autorité statutaire, réclamant à quiconque veut s'imposer de faire ses preuves.

Reconnaissons bien pourtant que, presque quatre siècles après que Spinoza nous a montré le chemin, la raison qui commande de ne pas écouter ses passions pour accéder au bonheur n'a pas encore gagné le combat. Loin s'en faut. Dans une société devenue consumériste, à l'intoxication commerciale agressive, le décodage algorithmique de la pensée du grand philosophe ne suffira pas à nous faire trouver la joie dans le dénuement, la béatitude dans la détermination intime. L'intelligence ne suffit donc pas au raisonnement. Il lui faut ce supplément d'âme pour faire comprendre à cette entité de matière spirituelle, qu'on ne peut appeler créature puisque Dieu est part d'elle comme de toute chose, théorie du monisme chère à Spinoza, qu'elle est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise.

Dans le genre développement personnel, Frédéric Lenoir m'a donc aidé à monter quelques marches depuis les sous-sols obscurs de mon ignorance. Son ouvrage salué par les plus éminents est à la portée de tous. Je l'en remercie d'autant plus que je me reconnais assez bien dans la traduction qu'il nous fait de la philosophie du grand penseur déterminé mais pacifique. de là à la décrypter dans le texte ? Persévérance et longueur de temps entretiennent bien des espérances. Je lis encore et toujours.

 

dimanche 27 juillet 2014

L'âme du monde ~~~~ Frédéric Lenoir

 



Les pessimistes diront qu'un tel ouvrage est un coup d'épée dans l'eau. Les optimistes seront satisfaits d'y trouver un auteur qui ose encore prôner la sagesse. Est-ce bien raisonnable dans notre société de consommation pour laquelle le bonheur est fondé sur le pouvoir d'achat ?

Ce stade est même déjà dépassé. le toujours plus a trouvé ses limites. A peine le bien désiré est-il acquis que la convoitise s'oriente vers un autre. Alors cette fuite en avant cherche déjà ses dérivatifs et l'esprit matérialiste se brûle les ailes dans la quête de paradis artificiels. Les drogues et autres psychotropes inondent le monde, toutes classes confondues. On n'apprécie plus rien sans effets spéciaux. Les médias suscitent le besoin, entretiennent la frénésie consommatrice, font miroiter des nirvanas aux démunis, traquent et harcèlent les plus réfractaires à l'achat. Comment imaginer qu'on puisse « quitter cette logique de l'avoir pour passer à celle de l'être ». C'est pourtant ce que suggère Frédéric Lenoir avec cet ouvrage qui veut remettre en lumière les clés de la sagesse.

L'auteur extirpe de leur quotidien huit personnages, religieux et laïcs, de tous âges, y compris des enfants, et bâtit un conte moderne qui les conduira dans la vraie quête, celle de la plénitude. le monde terrestre est au bord d'un cataclysme majeur. L'espèce humaine est parvenue, essoufflée, au terme de sa course dans l'erreur, au fond de l'impasse. Elle va prendre un nouveau départ. Ces huit sages qui représentent l'ancienne voie, réunis à Toulanka, vont tenter, forts de leur expérience malheureuse, de donner les bases saines d'un nouveau départ à deux jeunes adolescents. Cette nouvelle voie ne peut donc plus être celle de la satisfaction des instincts primaires. Elle n'est pas non plus celle des religions. Elles ont prouvé leur inaptitude à réunir les hommes. Elles prêchent toutes la tolérance et ont dans le même temps été à l'origine de la plupart des conflits qui ont fait se déchirer les peuples. Cette nouvelle voie ne peut donc être que celle de la sagesse.

C'est un conte des temps modernes auquel Frédéric Lenoir nous convie, dans le sens où il se tient de nos jours. Mais aussi un conte modernisé, car il a une valeur intemporelle et ne fait finalement que remettre au goût du jour les préceptes des philosophes de l'antiquité. A ceci près que de nos jours, la machine s'est emballée, tout va trop vite, il faut lever le pied. Il faut prendre le temps de refaire connaissance avec soi-même, se libérer de l'esclavage que nous imposent nos instincts. Il s'agit pour chacun de retrouver un nouvel équilibre, en harmonie avec le monde, dépassant les limites de sa propre vie sur terre.

Et tout commence par l'estime de soi. Car il n'est pire ennemi que soi-même. Estime de soi, qu'il ne faut pas confondre avec narcissisme ou promotion de son égo. « L'égo veut prendre et dominer ». L'estime de soi est la condition sine qua none pour entrer en harmonie avec le monde dans lequel on vit.

Une lecture superficielle de cet ouvrage laissera l'impression d'enfoncer des portes ouvertes, de déclamer des évidences. Et pourtant ! Les choses ne sont-elles pas finalement toutes simples.
Une première lecture intégrale vous laissera le goût de revenir dans ces chapitres, au hasard. de rechercher les multiples interventions lorsque « le sage prend la parole et dit : ». Il faut alors écouter la parole du sage, refermer le livre, prendre son temps, méditer, s'interroger, comprendre, regarder autour de soi, regarder en soi, pour finalement s'accepter tel que l'on est, accepter les autres tels qu'ils sont. Accepter son sort aussi, avec son début et sa fin, pour comprendre que cette fin n'est qu'apparente, que tout être se perpétue dans l'Âme du monde.

Ce n'est pas un ouvrage religieux. Il serait même presque anti religieux. Il clame haut et fort « qu'aucune religion ne peut prétendre posséder la totalité de la vérité. ». C'est tout sauf de la béatitude.

Il ne faut pas craindre de lire l'Âme du monde, de placer repères et des index dans ces pages, de le crayonner pour retenir ce que l'on veut, retrouver ces préceptes si évidents qu'on les a oubliés, et surtout oublié de les mettre en pratique.


samedi 12 juillet 2014

Petit traité d'histoire des religions ~~~~ Frédéric Lenoir



Un petit traité, certes, mais un ouvrage suffisamment documenté pour qui veut s'ouvrir à la connaissance des religions sans devenir un spécialiste. Et peut-être une base de départ pour qui voudra approfondir le sujet.

Un excellent tour d'horizon sur le thème, dans l'espace et dans le temps. Avec en prime l'allégation incontestable que les religions sont invention de l'homme, donc forcément dans l'erreur quand elles revendiquent la possession de la vérité et l'universalité de leur prêche.
Difficile de rester neutre sur le sujet. Frédéric Lenoir y parvient. La thèse à soutenir est que toutes ont leur raison d'être ou de ne pas être. L'important étant de ne rien imposer et de laisser chacun à sa croyance devant le grand mystère de la vie.
Une religion n'est jamais qu'une secte qui a réussi.