Voilà un ouvrage bon-enfant qui nous distrait du surcroit de
violence qui s'est désormais imposé dans la littérature du genre. Le genre
étant le polar. Il est avec cet ouvrage revisité à la sauce aigre-douce. Et si
en peine de trouver une once de crédibilité à l'intrigue on se rabat sur la
psychologie des personnages, il en est un qui s'impose et fait de l'ombre aux
autres, c'est bien la matriarche de la Breizh brigade : Maggie. Cette brigade
bretonne étant un trio de de femmes, trois générations de la famille Corrigan,
laquelle gère un gîte dans la proximité de Saint-Malo.
Maggie est un personnage haut en couleurs tant le comportement que dans le
verbe. Bi lingue le verbe, car Maggie est d'origine irlandaise, et si l'on veut
apprécier les subtilités de son langage il faut avoir recours au traducteur en
ligne. Il nous met alors en garde devant ce qu'on appelle désormais pudiquement
un contenu inapproprié, lorsque la crudité devient très crue.
Maggie est-elle la grand-mère dont on rêve ? Elle donne dans la liberté des mœurs
et collectionne les amants qu'elle relègue sans scrupule après consommation.
Elle mène son monde à la baguette et à bientôt soixante-dix ans dirige sa
Breizh brigade au sein de laquelle elle s'est instituée directeur d'enquête.
Une fois n'est pas coutume, les hommes n'ont pas le beau rôle dans cette
aventure provinciale. Car Maggie n'a rien à voir avec une mamie-tricot qui
végèterait dans un décor figé et empoussiéré depuis la disparition de son
époux. Disparition qui ferait d'ailleurs bien un sujet d'enquête. Il faudra
qu'elle se penche sur le cas. Mais las, le temps passe et les préoccupations de
la matriarche sont plus à compenser l'absence qu'à en découvrir les
circonstances.
Mais pour l'heure le trio Corrigan a décidé, d'éclaircir le mystère de la mort
d'un célèbre joueur de cornemuse du renommé Briac Breizh Bagad, accessoirement
ancien amant de Maggie. Reléguant de facto le flic de service en charge de
l'enquête officielle, quand même, et qui, même s'il est le beau gosse de
l'appareil judiciaire, n'est reste pas moins un figurant devant les menées
investigatrices de la Breizh Brigade. Il est toujours en retard d'un coup sur
l'échiquier maloin.
Les aux autres personnages paraissent bien falots à côté de ce boute-en-train.
Exception faite de sa petite fille qui lui emboite le pas dans la spontanéité
du comportement, avec toutefois un peu plus de pudeur dans le langage.
Sous la plume de l'auteur, Mo Malo, la belle
région de Saint-Malo (coïncidence ?) qui sert de décor à ce polar-détente entre
dans l'inventaire des attractions pour cet ouvrage tant elle nous invite à
prendre les embruns sur ses remparts.
Avec un personnage aussi truculent que cette Maggie enquêtrice d'occasion mais
bien décidée à doubler sur le fil l'officiel désigné par le procureur, c'est
évidemment le dialogue qui relève et pimente le plat. Car pour ce qui est de
l'intrigue, on la découvre le sourire aux lèvres, avec l'indulgence de rigueur
à l'égard d'un ouvrage dont la vocation est de détendre son lectorat.
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Ouvrages par genre
mardi 28 mars 2023
La Breizh brigade ~~~~ Mo Malo
dimanche 5 juin 2022
Bretzel & beurre salé ~~~~ Margot et Jean Le Moal
Cathie Wald n'est pas seulement une étrangère venue s'installer dans le village, elle a acquis la belle demeure de la pointe de Kerbrat au nez et à la barbe d'un notable local qui la briguait. Voilà deux bonnes raisons de lui déclarer une guerre qui comme toutes divisera acteurs et spectateurs et ajoutera aux querelles de clocher d'un Locmaria, fictif celui-là, en pays de Cornouaille.
La flammekueche vient faire concurrence à la galette au sarrazin avec l'arrivée
de cette continentale décidée à ouvrir un restaurant. Les rancœurs y verront un
théâtre tout désigné pour faire plier celle qui a osé s'implanter de la manière
la plus convaincante, avec ses moyens financiers. Un client parmi les plus en
vue du village trouvera la mort par empoisonnement lors d'une soirée
choucroute.
Les enquêteurs les plus perspicaces ne seront pas les officiels bien connus. Ce
qui paraît-il est une caractéristique de ce sous-genre du polar que je découvre
: le cosy crime. Dont on nous dit dans la célèbre encyclopédie en ligne que «
le sexe et la violence se produisent hors scène, le détective est un détective
amateur, et le crime et la détection ont lieu dans une petite communauté
socialement intime. »
Ouvrage qui fait du bien pour distraire son lecteur. Une lecture légère qui le
fait se prendre d'empathie pour le héros d'autant plus facilement qu'il ne se
fait pas trop de souci quant à son sort à l'épilogue. Lecture détente pour la
torpeur de l'été, quand on veut faire une pause dans la morosité ambiante
qu'entretiennent avec opiniâtreté nos médias désormais omniprésents dans notre
vie.
C'est crédible et respire l'authentique régional. Il paraît qu'il y aura une
suite. C'est comme ça que naissent les séries. Après le succès d'un coup
d'essai.