Mon univers de lecture ... ce qu'il m'inspire

dimanche 22 juillet 2018

Les Justes~~~~Albert camus

 



"Je n'aime pas la vie, mais la justice qui est au dessus de la vie". Avec cette réplique qu'Albert Camus met dans la bouche de Stepan, personnage de sa pièce Les Justes, on effleure en compréhension l'humanisme du Prix Noel de Littérature 1957. Un esprit de justice qu'il s'empresse toutefois de tempérer en précisant qu'il ne donne pas le droit de sacrifier des innocents à sa cause. Aussi généreuses et légitimes que soient les idées qui sous-tendent la cause. C'est tout le thème de cette pièce.

C'est aussi le déchirement qui a torturé Camus les dix dernières années de sa vie, lorsque son pays de naissance s'est jeté dans la guerre d'indépendance. Les combattants du FLN reprocheront son ambiguïté à Camus. Ambiguïté qui sera exploitée et dévoyée lorsqu'un jour pour répondre à un étudiant qui lui demandait de clarifier son point de vue il déclare : «En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère.» Cette phrase sera sortie de son contexte et détournée pour devenir : «Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère.»

Cette malversation viendra augmenter la meurtrissure que ressentait Camus à l'égard d'une société humaine qu'il percevait comme immorale et injuste.

Homme de théâtre avant tout, il y trouvait à n'en pas douter le moyen de faire passer les messages de son idéal humaniste, avec la complicité de ceux qui montaient en scène sur ses propres textes. Cette pièce, Les Justes, est un de ces messages.

C'est la première pièce de théâtre que je lis. Je me suis plu à entendre en moi-même, au fur et à mesure que j'avançais dans le texte, les déclamations de ces acteurs qui ont joué la première en ce 15 décembre 1949, et ont brillé par la suite par leur carrière sur les planches : Maria Casarès évidemment, mais aussi Michel Bouquet, Serge Reggiani, Jean Pommier, disparu cette année 2018, Yves Brainville.

Expérience intéressante qui m'a donné le gout de récidiver.



samedi 21 juillet 2018

Les carnets 01~~~~Albert camus

 


Les Carnets de Camus, expression d'éditeur quand l'auteur lui-même parlait de ses cahiers. Des pensées couchées sur le papier, sans cohérence de l'une à l'autre, pour un avenir indéterminé : prémices de futurs ouvrages ou simple besoin de matérialisation de réflexions faites à soi-même, mais surement pas édition en l'état. le Prix Nobel de littérature 1957 aurait pu le prendre pour de l'impudeur, voire la profanation de son intimité. Mais a contrario se serait-il peut-être aussi plu à ce surcroît de sincérité lancé à la face de la "désastreuse société intellectuelle" dont il déplorait l'immoralité ?

Les Carnets de Camus, en tout cas la mine d'un trésor inexploité par son auteur puisque le destin a choisi de mettre un terme, à 47 ans, à l'œuvre de l'humaniste épris de justice sur la route dans la région de Fontainebleau.

Des carnets qui nous permettent en tout cas de mieux connaître la pensée du philosophe "solitaire et solidaire".