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Quelle est la vraie foi ? Celle des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou celle des Turcs de Soliman le magnifique. La question se pose de nos jours avec autant d'acuité puisque d'aucuns sont encore portés à entrer en guerre, dite sainte, pour imposer leur réponse. On n'a aujourd'hui pas beaucoup progressé sur le sujet, même si les luttes auxquels il donne prétexte sont moins ouvertes, plus insidieuses, mais parfois toujours aussi fatales. La croyance échappe à la raison comme le rappelle Simon Scarrow dans cet ouvrage en citant le paradoxe d'Epicure :
Ou
bien Dieu veut éliminer le mal et ne le peut
Et il n'est pas tout puissant.
Ou bien il le peut et ne le veut pas,
Et il est malveillant.
Ou bien il le veut et le peut,
Et d'où vient donc le mal en ce monde.
Ou bien il ne le veut ni ne le peut,
Et pourquoi l'appeler Dieu.
L'épisode qui illustre ce mal que sont les guerres de religion, évoqué par
Simon Sarrow dans son ouvrage, est celui de la tentative de prise de l'île de
Malte en 1565 par les troupes turques de Soliman. Île de Malte en laquelle
s'étaient réfugiés les Hospitaliers en 1530 après avoir été chassés
successivement de Jérusalem, de Chypre puis de Rhodes, à chaque fois bousculés
par la conquête ottomane. A Malte, ils résistèrent tant et si bien sous le
commandement de Jean de la Valette - lequel laissa son nom à l'actuelle
capitale de Malte - que les Ottomans abandonnèrent leur projet d'anéantir
L'Ordre. Ce n'est finalement que notre empereur Napoléon qui en vint à bout en
1798.
Les récits de guerre comme celui-là rebutent très vite leur lectorat, surtout
lorsque l'issue du combat est connue d'avance par le féru d'histoire. C'est à
n'en pas douter ce qui pousse les auteurs de ce genre, Simon Scarrow n'échappe
pas à la règle, à rehausser leur récit d'une intrigue, qu'elle soit amoureuse,
politique, d'un quelconque secret de filiation ou d'un autre registre. Mais si
dans les guerres comme dans la vie de ce temps foi et honneur commandaient au
comportement, ce savoir être n'avait d'égal que la sauvagerie des combats. Ces
derniers se faisant au corps à corps, avec le
cimeterre et l'épée les amateurs de corps taillés en pièces y
trouveront leur compte.
L'intrigue qui rehausse dans le
cimeterre et l'épée fait la part belle à la coïncidence et à la
persistance des sentiments. La première, artifice de construction, nuit quelque
peu à la crédibilité de l'intrigue. Quant à la persistance des sentiments
par-delà les décennies, j'ai bien peur que notre mode de vie moderne
confortable ait eu raison de toute réminiscence d'esprit chevaleresque. Pour le
reste, l'amateur d'histoire appréciera le talent et le travail de documentation
de Simon
Scarrow.