Mon univers de lecture ... ce qu'il m'inspire
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dimanche 12 avril 2020

La femme à venir ~~~~ Christian Bobin

 



Avec La femme à venirChristian Bobin nous livre un texte chaotique comme il en a le secret, servi par le style qu'on lui connaît, fait de phrases très courtes qu'il scande, qu'il assène à la cadence d'une troupe en marche vers une destination qui pour le coup nous est difficile à entrevoir.

De la naissance de l'enfant à la naissance de l'amour, l'amour à l'épreuve de la vie. Encore faut-il le reconnaître, le mériter cet amour, celui qui permet d'accéder à "la douceur de la vie bienheureuse."

Pour une fois je n'ai pas été charmé par cette prose poétique qui m'a semblé trop martelée par son rythme entêtant.


jeudi 4 août 2016

Une petite robe de fête ~~~~ Christian Bobin

 


Un livre de Bobin, c'est comme une compression de César. Ça procède d'une intention insondable. Ça ne sert qu'à vous exalter ou au contraire vous offusquer.

Il l'écrit lui-même : de cette lecture " vous ne retenez rien, ou juste une phrase. Vous êtes comme un enfant à qui on montrerait un château et qui n'en verrait qu'un détail, une herbe entre deux pierres, comme si le château tenait sa vraie puissance du tremblement d'une herbe folle".

Un livre de Bobin ne raconte pas d'histoire. N'a ni intrigue, ni suspense. Ni début ni fin. Ne répond à aucune question. Ne fait que vous interpeler, vous interroger, vous déconcerter. De sa lecture vous ressortirez agacé ou dithyrambique, mais pas indifférent. Mais de la gangue vous pourrez quand même extraire quelques pépites.

"C'est quoi au juste prier. C'est faire silence. C'est s'éloigner de soi dans le silence".

"Partout l'appel, partout l'impatience de la gloire d'être aimé, reconnu, partout cette langueur de l'exil et cette faim d'une vraie demeure – les yeux d'un autre".

"Un livre est grand par la grandeur du désespoir dont il procède, par toute cette nuit qui pèse sur lui et le retient longtemps de naître".

C'est ça un livre de Bobin. C'est court. Ça vous laisse perplexe. On se dit qu'on n'y retouchera plus. Puis on y revient.


dimanche 24 juillet 2016

Souveraineté du vide. Lettres d'or ~~~~ Christian Bobin



N'imagine pas fréquenter des sentiers battus avec Christian Bobin.

N'imagine pas tirer sur un brin de laine qui sort de l'écheveau et dénouer une intrigue. Il n'y en a pas. Un bouquin de Bobin, c'est un sac de noeuds. Noeuds au cerveau, au coeur, noeuds à l'âme.

Un bouquin de Bobin, tu peux le commencer à la page 57, le lire à rebours, le reprendre n' importe où, dans l'autre sens, de toute façon tu n'iras pas vers la fin, il n'y en a pas.

Alors qu'est qu'il y a dans un bouquin de Bobin ?

De la lumière et du sang. Il aime ça !

Du sang, pas le genre hémoglobine qui coule à flot dans les séries policières de bas étage. du sang comme celui qui véhicule la vie dans ton corps animal. du sang qui irrigue ton cerveau. du sang qui permet cette curieuse alchimie qui transforme un phénomène physique en prodige psychique.

Cette alchimie qui transforme le plomb en or ?

Oui si tu veux. Si le plomb c'est la lourdeur de ton corps de mammifère, si l'or c'est l'éclat de tes pensées. Celles qui font de toi un être pensant. Donc inquiet.

Un bouquin de Bobin, c'est une collision de fulgurances qui cascadent dans les synapses de ses neurones, pour gagner les tiennes. Comme une osmose. Ce phénomène physique qui équilibre la concentration des substances au travers d'une paroi poreuse.

De la lumière ? Pas celle de la lampe à incandescence. Celle qui éclaire ton âme. Celle dans laquelle tu baigneras quand tu auras fait le grand saut dans l'inconnu. Tu sais bien, cette échéance qui te fait peur. La lumière céleste !

Un bouquin de Bobin, y'en a qui peuvent trouver ça un brin circonvolutions mielleuses. D'autres grandement sublime. Tous auront raison. A partir du moment où ils rangeront le prosélytisme aux oubliettes.

Un bouquin de Bobin et moi ?

J'y pioche quelques phrases. Elles me font réfléchir. Je trouve qu'elles dédramatisent des sujets graves. Alors, des fois, ça me fait du bien.

Mais pour en parler avec les autres, c'est difficile. Parce qu'un bouquin de Bobin, c'est pour toi, pour ton intérieur intime.

L'avantage avec un bouquin de Bobin, c'est que tu peux le tirer de son rayon de ta bibliothèque, lire une ou deux pages et le reposer. Y revenir, ou pas.

L'avantage avec un bouquin de Bobin, c'est que tu peux ne pas le lire. 

samedi 9 juillet 2016

La part manquante ~~~~ Christian Bobin

 


La prose de Christian Bobin n'est jamais qu'une poésie qui s'affranchit de la contrainte de la rime.

Une autre marque de fabrique de cet auteur est son obsession à prendre le contre pied des évidences, du communément admis par la pensée éduquée à l'observation de la vie. Point d'expérience qui vaille, tout est remis en question. le bonheur attriste quand le malheur soulage, la lumière coagule quand le sang étincelle.

Heurts et malheurs du lecteur que je suis, balloté, harcelé par l'indiscipline des phrases courtes qui fusent, par la fulgurance de traits de pensée qui lacèrent mon ciel comme des comètes.

Il faut s'y faire, la pédagogie de l'expérience est bafouée, l'esprit foisonne en désordre. La part manquante est un beau fouillis duquel on a du mal à extirper l'intention de l'auteur. Y'en a-t-il d'autre d'ailleurs que celle de satisfaire un esprit qui cherche à en féconder un autre.

On peut le lire en tout sens, en tout temps. Je perds pied quand même. Attention à l'overdose.
Mais avec Christian Bobin on se rassure, la mort est une naissance. Un ouvrage en appelle un autre.


lundi 23 mai 2016

Le Très-Bas ~~~~ Christian Bobin



"Qui a bâti la maison souillée par ses habitants ?"

Voilà le Très-Haut mis en question dans sa toute puissance. Aurait-il perdu le contrôle de Sa créature. Elle s'écarte inexorablement du chemin de l'amour. Ses colères n'y font rien, Dieu serait-il fatigué ? Las de voir Sa créature se fourvoyer dans l'indignité alors que depuis des siècles des voix ne cessent de la rappeler à "l'infinie douceur".

En s'appropriant la démarche de François d'Assise qui a trouvé sa voie dans la pauvreté et l'amour de son prochain, Christian Bobin imagine un "Dieu à hauteur d'enfance", un Dieu magnanime, le Très-Bas, qu'il espère capable de conserver en l'homme son innocence originelle.

"Le treizième siècle parlait au coeur… le vingtième parle pour vendre, il lui faut flatter l'oeil". Ivre de sa puissance, l'homme de ce siècle - dont tu es, toi le lecteur - n'a plus foi qu'en l'économie et le sexe.

Voilà un texte qui multiplie les figures de style. Christian Bobin est un maître dans l'art du suggestif et de l'évocateur. Il fait appel à d'innombrables images pour stimuler l'imaginaire et tenter d'extraire l'homme de sa soif de jouissance des biens terrestres.

Tant d'évidences, et pourtant, qui les entend ? Un roman dans lequel filtre la déception, l'inquiétude. 

samedi 10 octobre 2015

La plus que vive ~~~~ Christian Bobin

 



Christian Bobin s'adresse à sa femme, au présent. Au gré des pages l'imparfait la lui vole. Il se reprend vite, dès qu'il s'en rend compte.

Il refuse le présent sans elle. Il refuse d'être avec elle à l'imparfait.

Sa femme est morte.

La plus que vive est un ouvrage qui nous apprend la "brume sur la terre vidée de son rire". Il nous apprend l'amour avec des mots de tous les jours.

Le bonheur c'est toujours à l'imparfait.

Ce n'est pas apitoyant. C'est bouleversant.