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vendredi 23 septembre 2022

Les diables de Cardona ~~~~ Matthew Carr

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Pour ma 666ème chronique il fallait que j'invite le diable à la fête sur Babelio. Bien qu'avec cet ouvrage de Matthew Carr, le diable n'est pas forcément celui qu'on croit.

Dans l'Espagne de sa majesté très catholique en cette fin de XVIème siècle la justice du roi ne peut ignorer les menées de cette autre institution qui quant à elle veut faire appliquer la justice de Dieu : la bien nommée Inquisition. Or nous savons depuis déjà fort longtemps qu'au Créateur du ciel de la terre on a pu faire dire tout et son contraire, puisqu'il brille par son silence, surtout quand il s'agissait de préserver quelque monopole bien lucratif.

En cette fin de siècle post Reconquista lorsque le prêtre de Belamar de la sierra est assassiné l'inquisiteur a tôt fait de désigner le coupable, lequel se ferait appeler « le Rédempteur », dans les rangs de ceux qu'on désignait alors sous le vocable de morisques. Il n'était autre que ces maures n'ayant eu d'autre choix que de se convertir au christianisme ou quitter l'Espagne dans laquelle ils étaient nés.

Un magistrat, Bernardo de Mendoza, est désigné pour mener l'enquête. Sa majesté a beau être très catholique elle ne veut pas laisser à l'Inquisition le soin de désigner elle-même des coupables qu'elle aura tôt fait avouer sous le fer rouge ou l'estrapade.

Enquête mouvementée et à rebondissements pour notre magistrat. Il devra faire la part des choses entre conflits religieux et autres intérêts plus triviaux lorsque la belle et riche comtesse de Cardona se retrouve veuve, et donc fort convoitée. Les prétendants pourraient alors bien être à l'origine de complots bien orchestrés pour détourner les regards de leur responsabilité. En pareille contexte le diable est bel et bien à rechercher parmi ceux qui affichent un visage d'ange.

L'intrigue est ponctuée de moultes péripéties qui donnent un rythme effréné à ce roman. le fonds historique est bien documenté et témoigne d'une solide culture de son auteur en matière de religion. Là où cela se gâte à mes yeux c'est dans le dénouement. Les gènes américains de l'auteur ont refait surface et transformé le roman de cape et d'épée en western. Qu'on en juge par quelques citations : « les mains en l'air et ne bouge pas », « vous êtes en état d'arrestation dit Mendoza », ou encore par des combats qui font plus parler les pistolets, qui n'avaient rien d'automatique au 16ème siècle, que fendre les épées ou piquer les dagues. Chassez le cow-boy et il revient au galop pour que justice soit rendue et le coupable pendu haut et court. Et l'infidèle soustrait à la justice divine au grand dépit de l'inquisiteur lequel lui aurait forcément dicté des aveux.

Cette dérive entache quelque peu le roman d'un anachronisme de situation et de langage. Il reste pourtant de bonne facture et trouve son intérêt quand il s'agit se remémorer un contexte historique et dénoncer des pratiques judiciaires d'un autre temps : selon que vous serez puissant ou misérable, etc… etc…