L'amour, c'est le désir de cette moitié perdue de nous-mêmes.
Le vertige. C'est le mal dont tu
pourrais souffrir en lisant cet ouvrage. Le vertige, cet appel d'en-bas, celui
de la pesanteur de ton corps, quand ton âme, elle, voudrait te tirer vers le
haut.
Ton corps est affecté de
pesanteur, c'est pourtant celui qui t'incite à la légèreté, quand ton âme,
immatérielle, est celle qui pondère tes ardeurs. Surprenante et sempiternelle
dichotomie – le mot revient plusieurs fois dans l'ouvrage de Milan Kundera :
L'insoutenable légèreté de l'être.
La vie est un éternel tiraillement
entre tout et son contraire. Le haut et le bas, le bonheur et le malheur, la
damnation et le privilège. Mais la vie n'est jamais qu'un roman dont les
chapitres se construisent sur des hasards.
Celui-ci de Milan Kundera est une
errance dans la vie de couples qui se font et se défont dans le contexte du
régime tyrannique de la Tchécoslovaquie des années soixante-dix, alors que les
chars du grand frère soviétique imposent sa loi dans les rues de Prague.
N'as-tu jamais rêvé d'observer
ton corps depuis l'extérieur, comme une enveloppe charnelle que tu quitterais
ainsi qu'un vêtement ? C'est un autre voyage auquel t'invite Milan Kundera.
Mais attention tu pourrais être soumis au vertige et y perdre ton âme alors que
ton corps te précipice dans l'abîme de ses bas instincts.
Et pourtant, de vie, tu n'en n'as
qu'une. Tu n'as pas de coup d'essai. Tu ne pourras pas corriger tes erreurs.
Toi, le lecteur que l'auteur interpelle, c'est donc moi. Je suis sorti de mon
corps et m'observe maintenant avec cet ouvrage dans les mains, subjugué et
dubitatif à la fois.
C'est ce que je comprends dans le
premier ouvrage que je lis de Milan Kundera. Je l'ai adoré. Mais avec la
légèreté qui me caractérise, j'ai bien conscience de ne pas en avoir évalué
tout le poids.
Oui, j'ai aimé lire ce livre.
J'ai aimé l'ancrage de ses inspirations philosophiques dans le trivial de la
vie animale de l'homme. Grand écart entre la lourdeur du vulgaire, parfois
obscène, et la majesté du transcendant, toujours éminent.
L'Homme est fait comme ça. Je
suis fait comme ça. Perpétuellement écartelé entre l'abjecte et le sublime,
entre le dedans et le dehors de moi-même.
Il faudra que je revienne vers
cet ouvrage, me replonger dedans, corps et âme, pour tenter d'en approfondir la
compréhension. Tenter d'apprécier le poids que peuvent avoir des réflexions qui
n'ont pas de matérialité. Pas de poids justement.