Voilà un ouvrage qui réduit la personne humaine à ce qu'elle
serait sans le secours de la philosophie ou de la religion : ni plus ni moins
que la locataire d'un corps avec un bail à durée déterminée.
Reste l'amour de son entourage pour supporter les affres de
la vieillesse. Encore faut-il que le sujet vieillissant n'ait pas consacré sa
vie à creuser le fossé de la discorde. C'est ce qui arrive à cet homme dont on
ne connaîtra pas le nom et qui, le grand âge venu, prend la mesure du désert
affectif qu'il a cultivé. Séparé de trois épouses, fâché avec ses fils, ne lui
reste que l'attachement de sa fille. Il ne lui est toutefois pas du réconfort
souhaité. Il le sait plus commandé par le devoir filial que par véritable
amour. Aussi quand le corps se rappelle à la personne par ses maux, la solitude
est d'autant plus corrosive.
Un homme est un roman peu réjouissant. C'est le style de
l'auteur et son analyse des caractères qui entretiennent l'intérêt du lecteur.
Cette écriture claire et simple m'encouragera à poursuivre ma découverte de
l'auteur récemment disparu. Il faudra toutefois que le prochain ouvrage me
plonge dans une atmosphère moins déprimante. J'espère que ce spleen affiché dès
les premières pages autour du cercueil de l'homme n'est pas une constante chez
cet auteur.