Cressida est intelligente et douée pour les arts. Mais elle
n'appartient pas au canon de la beauté de notre monde moderne sur médiatisé.
Son complexe esthétique l'isole dans un mal-être silencieux qui ne s'exprime
que par son engouement pour M.C. Escher, le dessinateur illusionniste aux
perspectives hallucinantes.
En expert du trompe-l'œil, M.C. Escher enferme le spectateur de ses œuvres
dans un labyrinthe spatial. Lui donnant à la fois l'impression d'apesanteur et
de claustration dans un infini sans issue.
Cressida, l'intelligente, se convainc de désamour quand sa sœur Juliet, la
belle Juliet, goûte au bonheur dans les bras du beau Brett Kincaid. Convaincue
de demeurer incomprise, Cressida souffre et gâche ses talents.
"Il nous est nécessaire d'être farouchement aimé pour exister."
Traumatisme de la guerre, univers carcéral, peine de mort, mal-être d'une
jeunesse harcelée par des images virtuelles mensongères, Joyce Carol Oates
explore les aspects pervers de la société moderne. Elle a fort habilement
construit ce magnifique roman comme un dessin de MC Escher. Un roman à tiroirs
aux perspectives bouchées, digressions et confusion des époques pour gagner son
lecteur au poison de l'enfermement.
Une souffrance sans remède, à moins de provoquer un électrochoc. Cressida
disparaît. Un électrochoc qui pourra toutefois être plus autodestructeur que
salvateur. Sauf à faire appel à la puissance du pardon.
Fabuleux roman à l'étonnant réalisme qui prouve l'immense talent de son
auteure.