C'est le 4ème ouvrage que je lis d'Alexandra Lapierre.
Autant j'avais été emballé par les trois premiers, autant celui-ci m'a insufflé
un certain malaise. La désagréable impression de m'entremettre dans les joutes
assassines qui ont opposé ces deux femmes, mère et fille, héritières de la
fortune de la ligne de paquebots Cunard. Fortune qu'elles n'ont fait que
dilapider tant en valeur qu'en réputation dans leurs frasques, y compris
sexuelles, et la haine qu'elles se sont vouée réciproquement.
On ressort de pareille lecture comme d'un pugilat
destructeur. A croire que l'atmosphère nocive qui s'était instaurée entre lady
Maud Cunard et sa fille Nancy a suinté entre les lignes de cet ouvrage au point
d'en rendre la lecture pénible. Situation peu confortable en effet que de se
retrouver entre les deux protagonistes que leur comportement mutuel rend
détestables, avec une prime pour Maud Cunard, la mère, qui brille par son
cynisme, sa mauvaise foi au service d'un racisme chevillé au corps.
Histoire d'un héritage immérité qui n'aura profité qu'aux opportunistes, ces
deux femmes ayant joui grassement des plaisirs de la vie, et ne laissant
derrière elles qu'une piètre image. C'est en tout cas l'impression avec
laquelle je sors de pareille lecture.
On peut saluer quand même une fois de plus la prouesse d'Alexandra Lapierre et
le formidable travail de documentation mis en œuvre pour retracer la vie de
ces deux femmes sous la forme du huis clos dévastateur de leur relation intime.
le personnage le plus sympathique, tel que le présente Alexandra Lapierre,
aura certainement été le musicien de jazz noir américain Henry Crowder, amant
de Nancy Cunard. Il aura fait montre d'une grande convenance au regard du
mépris raciste dans lequel il a été tenu par l'entourage de la famille, Maud
Cunard au premier chef.