Honoré de Balzac a trouvé le titre universel qui peut contenir tous les ouvrages de la création. Quels qu'ils soient, ils ne seront jamais que des actes de la Comédie humaine.
Je regardais mes compagnons de voyage dans le TGV qui me
transportait vers Marseille. Qui à faire l'important en ouvrant son ordinateur,
qui à faire l'importun en parlant fort, qui à lire son journal, et m'adressais
à eux en moi-même : n'avez-vous pas le sentiment que ce qui vous occupe et vous
distrait de l'essentiel n'est que futilité, qu'agitation dans la grande comédie
humaine ? Jusqu'à ce que le grand rideau tombe sur cet acte qui vous donne la
vedette.
Et moi donc ? Et bien figurez-vous qu'en ce moment même où
vous êtes persuadé d'avoir le premier rôle, je suis en compagnie d'un certain
Honoré de Balzac. Il me ravit de sa langue, de son imagination, de son humour
parfois, de son humanisme toujours. Je suis avec le Colonel Chabert, vivant
parmi les morts, mort parmi les vivants, et qui sacrifiera les importances de
la vie terrestre à la tranquillité de son âme.
Marseille, déjà. Je n'ai pas vu le paysage.