Une obsession, la vengeance. Et qui veut l'assouvir aux États-Unis n'est pas en peine de disposer d'une arme.
Sarah est une jeune adolescente
plutôt sage. Elle n'a pas d'appétence particulière pour la chose sexuelle. Elle
est séduisante avec sa beauté naturelle juvénile qu'elle ressent curieusement
pourtant plus comme un fardeau que comme atout. La solitude est son refuge
depuis qu'elle a perdu le vieux Tim. Son grand âge lui était une sécurité.
Lors d'une soirée de fête locale,
elle sera droguée et violentée par le fils d'un riche propriétaire voisin connu
pour ses frasques. Sarah ne dira rien de son malheur, de sa souffrance.
Bénéficiant de l'indépendance que lui laisse son père, elle a décidé de se
venger. Toute seule.
Jim Harisson, le vieil homme au
physique cabossé, disgracieux, à la voix d'une gravité rocailleuse parvient à
se glisser dans la peau de ce personnage aux antipodes de sa propre
personnalité. Il fait preuve d'une empathie inattendue pour adopter l'état
d'esprit de cette jeune fille meurtrie. En explorateur de la nature humaine, il
envisage dans ce roman très court qu'à seize ans une jeune fille puisse déjà
être désenchantée par la vie. Mais peut-être donne-t-il trop de lui, de son
expérience à cette adolescente.
La nature sauvage, immense,
souveraine, sert d'écrin à cette histoire de la violence des hommes. On le sait
contemplatif de ses splendeurs, son chien couché à ses pieds. Il la décrit
comme il la voit. Belle, simple, évidente. C'est sa manière de la célébrer.
Avec sa sagesse désabusée, Jim
Harrison ne se fait plus d'illusion sur le comportement des hommes dont il
connaît trop les mauvais penchants. Il les décrit quant à eux comme ils sont,
avec les défauts qu'il leur connaît si bien, dont celui de la violence, surtout
quand elle s'en prend à l'innocence.
Avec son écriture pressée comme
une folle chevauchée dans les collines, il passe d'une idée à une autre sans
transition superflue. C'est sa manière de parler des petites gens, des meurtris
par la vie, des laissés pour compte dont il prend le parti. Il y a comme une
urgence à leur donner la parole. Ce premier ouvrage que je lis de Jim Harrison
m'engage à faire plus ample connaissance de son œuvre. Et de lui au travers de
celle-ci.