Stefan Zweig n'a pas son pareil pour l'analyse des sentiments humains. Avec lui, la culpabilité est souvent au centre de la palette. Et la psychologie enfantine au coeur de Brûlant secret. J'ai toutefois bien peur que l'exercice n'ait été périlleux pour lui. Il a eu du mal à placer son personnage entre innocence et maturité.
Mais je me ravise à cette
réflexion, en replaçant cette nouvelle dans le contexte de la première moitié
du XXème siècle. Les enfants n'étaient pas en ce temps nourris dès le plus
jeune âge des choses de la sexualité tel qu'ils le sont de nos jours avec tous
les supports à portée de main. Leur raisonnement avait en revanche plus de
consistance. Pour ceux en tout cas qui avaient les moyens de recevoir une
éducation digne de ce nom, comme c'est le cas du jeune Edgard dans cet ouvrage.
C'est un contexte que connaît bien Stefan Zweig. Il n'a pas été lésé par une
naissance indigente de ce point de vue.
Il n'en reste pas moins que c'est
du Stefan Zweig, avec son analyse méticuleuse du mécanisme mental de la personne,
traduite dans une construction tout aussi perfectionniste de son ouvrage.
Surtout lorsque celle-ci est articulée en chapitres titrés qui séquencent la
démarche. Cela tient du diagnostic clinique.
Reste la profondeur de l'analyse
de l'observateur indiscret de la nature humaine qu'il est. Et puis le style
onctueux comme toujours.