Il y a au Japon Ă l’Ă©gard des Ă©vĂ©nements catastrophiques,
sĂ©ismes, tsunamis, une certaine prĂ©disposition d’esprit qui s’apparente Ă la
fatalité. Comme une contrepartie à payer à la fierté de vivre dans le pays du raffinement.
Aussi, lorsque survient l’un de ces Ă©vĂ©nements qui emporte son lot de vies
humaines, ce n’est ni la rĂ©bellion ni l’invocation de sanction divine qui
prĂ©vaut, encore moins les lamentations, c’est l’acceptation mĂ©lancolique et l’idĂ©e
de poursuivre le chemin entrepris avec eux, par la pensée.
C’est la raison d’ĂŞtre du tĂ©lĂ©phone du vent que M. Suzuki a
installĂ© dans je jardin sur la colline de la baleine. Il n’est reliĂ© Ă aucun
rĂ©seau. Il n’est reliĂ© qu’aux esprits des disparus. Les Ă©pargnĂ©s des
catastrophes peuvent venir y parler à leurs défunts. Les entretenir de ce quoi est
fait leur quotidien désormais sans eux. Réconfort ultime mais pas illusoire.
Comment continuer Ă vivre après. C’est Ă cet enseignement
auquel nous convie Laura Imai Messina dans cet ouvrage fort bien conçu et écrit.
Une leçon de résilience avec la pudeur nippone. Rien de larmoyant, encore moins
d’apitoyant dans cet ouvrage. De l’intelligence sensible, de la retenue, pour
continuer Ă vivre. Et par exemple faire retrouver la parole Ă une petite fille
demeurée silencieuse depuis la disparition de sa mère.
Magnifique ouvrage fort bien construit et Ă©crit avec des
mots de tous les jours. Les mĂŞmes mots que lorsque qu’ils Ă©taient encore lĂ . Il
ne faut rien changer. Seulement ĂŞtre prudent avec les sentiments.