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J’ai fait cette belle dĂ©couverte dans une boite Ă livres. Aussi pour me faire pardonner auprès de l’auteur de ne pas avoir apportĂ© ma contribution au soutien de son talent, je me fais le devoir de dĂ©clarer ma satisfaction les pages de Babelio.
J’aime en effet ces polars dans lesquels le sang ne colle
pas les pages, dans lesquels le flic se sert de sa jugeote plus que de son
flingue. Pas de mise en scène sordide, de crime rituel, de fou cinglé qui
fracasse des vies au hasard. Et pourtant on ne s’y ennuie pas le moins du monde.
La preuve pour moi qu’on peut faire du polar moderne - car le contexte est actualisĂ©
- sans sombrer dans le glauque racoleur.
Lorsque le torrent impétueux qui dévale la montagne livre un
cadavre sur ses berges, Ă l’approche de Parme, le commissaire Soneri comprend
vite qu’il va devoir remonter Ă la source pour trouver l’origine de cette
découverte morbide. Son auteur surtout, car le meurtre ne fait aucun doute.
Il n’a rien d’un super hĂ©ros au pistolet greffĂ© ce
commissaire. Son style le fait qualifier de Maigret parmesan en quatrième de
couverture par la critique littéraire du Point. Je la rejoins quant à ce
ressenti. Valerio Varesi nous livre un polar d’ambiance dans lequel dĂ©cor et
psychologie des personnages sont restitués avec soin.
L’omerta sĂ©vit aussi en milieu montagnard. Chaque vallĂ©e est
un microcosme. Outre son expérience, il faut beaucoup de psychologie à ce flic
de la ville pour conduire son enquĂŞte. De sang-froid aussi, pour ne pas se
laisser impressionner par les taiseux au regard agressif ou les viandards exubérants
qui rentrent de la chasse excités par leur course au gibier.
Quelques belles réflexions sur la condition humaine, son
rapport Ă la religion, qui n’est jamais très loin en Italie, rehaussent les habituelles
procédures du limier parmesan. Ce subtil dosage nous conduit vers un dénouement
qui, bien qu’on le voie venir d’assez loin, ne perd rien de sa valeur grâce Ă la
teneur de la joute verbale qui le couronne.
La main de Dieu est un très bon polar qui ne se sent pas obligé
de sombrer dans le sensationnel pour entretenir l’attention de son lecteur. La
réalité est assez méprisable comme ça.
Figurez-vous qu’il y en avait un autre polar du mĂŞme auteur
dans la boite Ă livres. Je ne vais donc pas me priver de faire plus amplement
connaissance avec ce flic frĂ©quentable. C’est vrai qu’il a un style bien Ă lui sous
la plume de Valerio Varesi.