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mercredi 20 septembre 2023

Ce qu'ils n'ont pu nous prendre ~~~~ Ruta Sepetys


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L’Ă©criture de Ruta Sepetys, au travers de son formidable HĂ´tel Castellana, m’avait donnĂ© le goĂ»t d’approfondir ma connaissance de cette auteure et de son Ĺ“uvre.

Elle semble s’ĂŞtre focalisĂ©e sur les rĂ©gimes tyranniques. Le second ouvrage de sa main que je viens de refermer traite d’une pĂ©riode qui est chère Ă  son cĹ“ur puisqu’il s’agit de la main mise par Staline sur le pays d’origine de sa famille : la Lituanie. Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre est son premier roman.

A la lecture de celui-ci, j’ai Ă©prouvĂ© une lĂ©gère dĂ©ception. Je l’ai trouvĂ© en dessous d’HĂ´tel Castellana en termes d’Ă©criture. Moins abouti dans sa construction, l’inclusion de la fiction dans les Ă©vĂ©nements historiques, bien que l’auteure paraisse nĂ©anmoins plus impliquĂ©e personnellement. On ressent Ă  cette lecture une grande compassion pour toutes ces personnes sans distinction d’âge, de sexe et de condition qui ont eu Ă  subir les affres de la dĂ©portation en SibĂ©rie, et pour cause.

S’il n’y avait pas, comme ce fut le cas pour la solution finale mise en Ĺ“uvre par les nazis, « d’industrialisation » de la mort, les conditions de dĂ©tention dans le froid intense, la faim, les maladies Ă©videmment non soignĂ©es, l’Ă©puisement par le travail aboutissaient au mĂŞme rĂ©sultat. Ruta Sepetys met l’accent sur l’indiffĂ©rence des gardiens, qui avaient eux leur confort sous les yeux des dĂ©tenus, quant Ă  la souffrance et la dĂ©chĂ©ance physique de ces derniers. Aux conditions de vie terribles, l’isolement total dans les immensitĂ©s sibĂ©riennes, le sentiment d’oubli du reste du monde et l’incertitude complète de l’avenir participaient grandement Ă  anĂ©antir psychologiquement les dĂ©tenus. Ruta Sepetys le rend très bien.

Cet ouvrage est bâti sur la base de tĂ©moignages souvent indirects, les rescapĂ©s ayant eux aussi presque tous disparu Ă  l’Ă©poque oĂą elle met son ouvrage en chantier. Cela reste toutefois un excellent roman de rappel Ă  la mĂ©moire de ces pauvres anonymes broyĂ©s par un système totalitaire inhumain. Ce genre d’ouvrage a toujours sa justification et plus encore lorsque la mĂ©moire directe s’efface.