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L’Ă©criture de Ruta Sepetys, au travers de son formidable
HĂ´tel Castellana, m’avait donnĂ© le goĂ»t d’approfondir ma connaissance de cette
auteure et de son Ĺ“uvre.
Elle semble s’ĂŞtre focalisĂ©e sur les rĂ©gimes tyranniques. Le
second ouvrage de sa main que je viens de refermer traite d’une pĂ©riode qui est
chère Ă son cĹ“ur puisqu’il s’agit de la main mise par Staline sur le pays
d’origine de sa famille : la Lituanie. Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre
est son premier roman.
A la lecture de celui-ci, j’ai Ă©prouvĂ© une lĂ©gère dĂ©ception.
Je l’ai trouvĂ© en dessous d’HĂ´tel Castellana en termes d’Ă©criture. Moins abouti
dans sa construction, l’inclusion de la fiction dans les Ă©vĂ©nements historiques,
bien que l’auteure paraisse nĂ©anmoins plus impliquĂ©e personnellement. On
ressent Ă cette lecture une grande compassion pour toutes ces personnes sans distinction
d’âge, de sexe et de condition qui ont eu Ă subir les affres de la dĂ©portation
en Sibérie, et pour cause.
S’il n’y avait pas, comme ce fut le cas pour la solution
finale mise en Ĺ“uvre par les nazis, « d’industrialisation » de la
mort, les conditions de détention dans le froid intense, la faim, les maladies évidemment
non soignĂ©es, l’Ă©puisement par le travail aboutissaient au mĂŞme rĂ©sultat. Ruta
Sepetys met l’accent sur l’indiffĂ©rence des gardiens, qui avaient eux leur
confort sous les yeux des détenus, quant à la souffrance et la déchéance
physique de ces derniers. Aux conditions de vie terribles, l’isolement total
dans les immensitĂ©s sibĂ©riennes, le sentiment d’oubli du reste du monde et l’incertitude
complète de l’avenir participaient grandement Ă anĂ©antir psychologiquement les
détenus. Ruta Sepetys le rend très bien.
Cet ouvrage est bâti sur la base de tĂ©moignages souvent indirects, les rescapĂ©s ayant eux aussi presque tous disparu Ă l’Ă©poque oĂą elle met son ouvrage en chantier. Cela reste toutefois un excellent roman de rappel Ă la mĂ©moire de ces pauvres anonymes broyĂ©s par un système totalitaire inhumain. Ce genre d’ouvrage a toujours sa justification et plus encore lorsque la mĂ©moire directe s’efface.