"Il ne faut pas croire les gens qui se disent ordinaires". En traducteur attitré de F. Scott Fitzgerald, Haruki Murakami, a fait sienne cette sentence de son auteur de prédilection pour dresser le portrait de Watanabe, jeune étudiant au coeur sincère, épris de Naoko.
Il n'y a d'insignifiance en
aucune personne. Au tréfonds de la plus discrète, de la plus humble, sont
inscrites les singularités qui font d'elle un être unique. Un être respectable.
Un être aimable.
Naoko est à la dérive sur l'océan
de la déprime. Une déprime d'autant plus nocive qu'elle est lucide. Elle a
perdu son ami Kizuki. Mais si ce dernier a décidé de mourir, Watanabe a décidé
de vivre et d'en payer le prix. Partager la tristesse de Naoko. Par l'amour
qu'il lui voue il se fait un devoir de lui redonner une raison de vivre. Les
lettres qu'il lui destine ont le secret espoir de la consolation.
Sa fidélité est mise à l'épreuve
en la personne de Midori. Elle aussi a trouvé en Watanabe un garçon différent.
Avec sa sensibilité juvénile, il est un garçon qui a déjà compris que le corps
et l'esprit trouvent leur assouvissement en des temps décalés. Il sait ménager
celle dont la sensibilité vient se réfugier entre ses bras et refuse de voir en
l'amour autre chose qu'une communion. Mais il préfère vivre avec le souvenir
d'une rencontre sublime plutôt qu'additionner les conquêtes.
Voilà un ouvrage dont la
quintessence se mérite. L'entrée en matière inscrit le lecteur à pas compté
dans l'adolescence estudiantine de Watanabe. Progressivement la dextérité de
Murakami referme les mailles du filet de son intrigue. Watanabe et Naoko
deviennent "liés par un fil tendu entre la vie et la mort". La magie
opère jusqu'à la fascination du lecteur. le talent de l'auteur féconde alors
son esprit de sa conviction : "la mort ne met pas un point final à la vie.
La mort n'est qu'un élément parmi d'autres qui composent la vie".
La
ballade de l'impossible est un ouvrage magnifique.