Romain Gary ou la féminité fait
homme. Le titre le laissait présager, Clair de femme est plus que tout autre
une ode à la femme.
Lydia est cette femme dont Michel
fait la connaissance et auprès de qui se réfugie sa toute nouvelle solitude.
Sans même le connaître, elle a compris que sa propre personne ne pourrait être
que le support d'un culte que ce dernier voue à la femme. Une sacralisation. Au
point de rendre l'amour insupportable. Au point de faire disparaître la
personne derrière celle qui ne serait autre chose que l'émanation de la
féminité.
"Tout ce qui faisait de moi
un homme était chez une femme." Plus que jamais, Romain Gary est présent
dans ces pages. Perdre sa femme c'est perdre la femme. C'est perdre la raison
d'exister. Perdre la raison tout court. Il y a urgence à se jeter dans les bras
d'une autre. Il lui faut retrouver cette ivresse du caractère féminin. Vivre en
couple c'est se fondre l'un dans l'autre. Dans un couple, "personne ne
sait qui est terre, qui est soleil. C'est une autre espèce, un autre sexe, un
autre pays."
Chez Romain Gary, la féminité
n'est pas sexuelle, elle est génétique. Elle n'est pas sentimentale, elle est
spirituelle. Ce n'est pas un fantasme, c'est un fondamental. Tout le reste est
dérisoire, les convenances, la morale, les apparences.
Clair de femme. Lumière céleste,
lumière de vie.