"Il n'est pas de plus beau spectacle que l'intelligence aux prises avec une réalité qui la dépasse." Cette citation tirée de son ouvrage, le mythe de Sysiphe, s'applique à merveille à son auteur.
La réalité nous dépasse tous et le sens de la vie nous est
étranger. Nous n'avons cependant à son égard pas tous le même rapport, la même
façon de nous tirer d'affaire ou de nous y inclure.
Ceux qui croient en Dieu et ont choisi une religion pour
L'honorer ont fait le choix de la facilité. Tout s'explique par Lui et en Lui.
La mort n'est qu'une ouverture sur l'éternité en Son royaume. La messe est dite.
Pour ceux qui ne croient pas, le problème reste entier.
Parmi eux les simples d'esprit. Ceux-là n'expriment ni tourments ni
interrogations. Et au final, heureux les simples d'esprit, le royaume des cieux
leur appartient. La célèbre parabole les raccroche aux précédents.
Albert Camus, ni simple d'esprit, excusez du peu, ni
croyant, mais contempteur des grandes théories philosophiques qu'il connaît
bien, surtout dans leur contradiction, veut une réponse humaine à son état de
mortel en mal de pouvoir donner sens à la vie. Sa réponse à lui c'est l'homme
absurde. C'est Sisyphe condamné à pousser son rocher vers le sommet de la
montagne, et à recommencer éternellement chaque fois qu'il sera redescendu dans
la vallée.
"Les grands romanciers sont des romanciers
philosophes." Albert Camus nous le prouve avec le mythe de Sisyphe qu'on
lira toujours trop vite et trop légèrement tant ces pages sont lourdes de
réflexion.
SI je voulais dire une énormité, je dirais que la lecture de
cet ouvrage est indispensable à qui se passionne pour l'homme et son oeuvre et
veut en approfondir sa connaissance. Encore faut-il être prêt à arpenter un
chemin difficile. Camus, romancier-philosophe ou philosophe-romancier, le mythe
de Sisyphe nous oblige à la seconde formule. En tout état de cause, un homme
concerné, torturé par le sens de la vie, doué de courage et de talent pour
l'exprimer.
Alors la mort de Camus contre un arbre en 1960 : accident,
élimination ou suite logique d'un raisonnement et conclusion de l'homme
absurde. Cette lecture élargit l'éventail des possibles.