Décidément, ce prix Nobel de littérature me plaît bien.
Après la fête
au bouc, le second ouvrage de Mario Vargas
Llosa que je lis de sa main, bien qu'un ton en dessous du premier,
m'est resté très accessible. Et disons-le tout de suite, il est assez chaud.
Euphémisme bien connu quand on veut signaler pudiquement quelques scènes pour
le moins lascives. Avis aux amateurs. Mais n'en tirez pas de conclusion trop
hâtive à mon égard, j'ai été le premier surpris de trouver sous la plume d'un
auteur ayant reçu la consécration suprême ce genre de scènes sans équivoque.
Mais soit, on n'en est pas moins homme, c'est la vie.
Pour le plus le reste, quand on lit par ailleurs que Mario Vargas
Llosa a été candidat malheureux à l'élection présidentielle en son
pays en 1990 contre Alberto Fujimori, on ne s'étonne plus de voir notre
nobélisé avoir la dent aussi dure envers son adversaire parvenu au pouvoir.
L'histoire lui donnera d'ailleurs mille fois raison. Alberto Fujimori a terminé
sa carrière politique en prison, condamné ni plus ni moins pour crime contre
l'humanité, corruption, etc… le carnet de chansons était chargé.
Pour avoir la dent dure, dans son ouvrage Aux
cinq rues, Lima, Mario Vargas
Llosa nous dresse le tableau qui, pour romancé qu'il soit, n'en décrit
pas moins les méthodes utilisées pas ce genre de régime autoritaire pour tenir
le pays sous une main de fer et mettre toute forme d'opposition dans
l'incapacité de nuire à ses ambitions. Menaces, chantage, assassinats sont au
menu des agissements des services de sécurité intérieure à la botte d'un
président qui pour avoir été élu ne s'en comporte pas moins comme un dictateur.
L'intrigue met en scène les agissements d'un patron de presse à scandale qui se
risque au chantage contre un magnat de l'industrie péruvienne, lequel s'est
fait piéger par un photographe lors d'une partie fine. Et curieusement, si
l'auteur dénonce avec acharnement, et à juste raison, les agissements détournés
des malfaisants au service du pouvoir, il traite avec une certaine complaisance
les millionnaires à la vie dorée qui s'offrent des ébats langoureux en Floride.
La morale n'y trouve pas forcément son compte dans ce pays d'Amérique latine où
comme dans beaucoup la juxtaposition des palais et bidonvilles est plus
évidente qu'ailleurs.
Il n'en reste pas moins que l'immersion dans l'ambiance de peur et de
résignation entretenue par ce genre de régime est très bien restituée et servie
par une écriture efficace et sans fioriture. On ne reprochera donc pas son
parti pris à notre prix Nobel quand il s'agit de dénoncer vice et injustice.