Il y aurait donc souvent, dans les romans de Haruki Murakami, un fond de musique classique détaillé par le menu, des livres qui restent à portée de mains, sans oublier, au détour d'une page, un clin d'œil à Scott Fitzgerald cher à l'auteur. Si j'en crois les quelques-uns de ses ouvrages que j'ai lus depuis que j'ai découvert cet auteur, le lieu commun de ses intrigues serait fait de relations amoureuses compliquées, voire impossibles, avec une certaine froideur des personnages, qui peut s'exprimer jusqu'à la frigidité comme dans Les amants du spoutnik lequel n'échappe à rien de tout ce qui précède.
Dédoublement de la personnalité,
confusion du réel et de l'irréel au travers du prisme de la perception,
relations charnelles fantasmées, la chaleur de la vie a disparu dans ces pages,
la sensualité est intellectualisée, les personnages ont peu de prise sur
l'événement, et moi, lecteur tenu en haleine par mes attentes à hauteur de la
réputation de l'auteur, je reste sur ma faim en fermant cet ouvrage.
L'intrigue est décousue, les
images pas très heureuses, dépourvues de poésie, les personnages peu
attachants. Je ne peux qu'abonder dans le sens de Miu, l'une de ces trois héros
désespérant de froideur lorsqu'elle déclare : "Je ne peux pas m'ôter de
l'idée que tout est de la fiction,…, et cela m'empêche de partager les émotions
des personnages."
Mais je pardonne à Haruki
Murakami, on peut avoir des passages à vide. Il a, selon moi, péché par excès
de confiance pour avoir mis sur orbite un spoutnik qui s'est perdu dans un trou
noir. Je resterai cependant fidèle à celui qui m'a ravi avec Kafka sur le
rivage.