J'ai bien peur que notre rapport à la nature ne nous
autorise plus aujourd'hui la pleine compréhension de l'état d'esprit de ces
gens dont la vie en dépendait directement. Ils vouaient alors à la terre un
attachement respectueux dans une relation presque charnelle. Elle monopolisait
la quasi exclusivité de leurs préoccupations, usait la force de leur corps. Ils
en espéraient de quoi subsister.
Dans le Mas Théotime, Henri Bosco nous
convie chez ces gens, sur leurs terres. Défendant bec et ongles chaque arpent
de leur propriété ou de leur fermage. La force de son verbe nous dit l'âpreté
d'une vie de labeur à endurer la rigueur des saisons, à surveiller le temps, à
craindre pour la récolte.
Il fait partie de cette génération d'écrivains qui à l'inspiration allie
maîtrise de la langue, fonds d'érudition authentique, références littéraires
sous-jacentes et font de chaque phrase de leur texte une ambassadrice de leur
ressenti. Ils produisent une écriture qui analyse les caractères jusqu'à
l'indiscrétion, dépeint les décors avec la précision du figuratif. Parfois même
un peu trop quand elle s'appesantit sur le détail à longueur de page. On a
perdu l'habitude de ces exercices dont le fond est sublimé par la forme.
Henri Bosco est de ceux-là. Au mutisme des taiseux il sait puiser les
états d'âme. Au regard répandu sur la parcelle ensemencée il sait faire dire la
prière silencieuse d'une moisson généreuse. Prière adressée à ce dieu devant
qui ils courbent l'échine, qu'ils visitent en son église le dimanche, en
ruminant une sourde rancœur tant il est avare de ses faveurs, mais prudente
tant son courroux est craint.
Chez les gens de la terre le sentiment a peu de place dans la journée de
travail. L'amour est accessoire. Il ne fait pas le poids dans la balance quand
les intérêts sont en jeu, les alliances imposées. Aussi ne s'exprime-t-il que
part regard à la dérobée et rougeur au visage.
Le mas Théotime est le théâtre d'un amour qui ne s'exprime pas. Un amour
chaste, qui se contente de la présence de l'autre. Dans l'écrin de la nature
sauvage de Provence le mas Théotime est un ilot de pierre qui
voudrait s'emplir du bruit de la vie des hommes. Mais les cœurs plus arides que
les collines environnantes ne disent pas leur espoir. La terre, cette amante
ombrageuse ne partage pas les attentions. Elle boit la sueur des hommes jusqu'à
ce que vidés de force et d'espoir elle les ensevelisse dans le souvenir des
vivants.
Le mas Théotime c'est une écriture précise qui saisit son lecteur,
l'imprègne, en fait un témoin de la vie des hommes d'un autre temps. Celui où
l'homme honorait cette nature qui bruissaient des chants et battements d'ailes
de milliers d'oiseaux et la campagne embaumait d'autant de senteurs. Une
écriture qui dit la courbature des corps à la peine, la satisfaction du travail
accompli quand le soleil descend sur l'horizon. Mais aussi la frustration des cœurs.
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Ouvrages par genre
jeudi 20 avril 2023
Le mas Théotime ~~~~ Henri Bosco
samedi 15 avril 2023
Marguerite-Marie et moi ~~~~ Clémentine Beauvais
C'est
fortuitement que Clémentine Beauvais apprend avoir eu une lointaine aïeule
religieuse, au XVIIème siècle. Cette dernière a été sanctifiée sur le tard sous
le nom de sainte Marguerite-Marie. Elle avait écrit le journal de sa vie et
c'est contre sa volonté que ce texte fut conservé. Elle avait en effet demandé
sur son lit de mort à son infirmière de procéder à la destruction du manuscrit.
Elle fut désobéie sur ce point.
Au XVIIème siècle on le sait les femmes n'écrivent pas, ou si peu. Encore moins des romans, genre qui n'existe pas encore. Et encore moins imaginent-t-elles être éditées. Il leur manque cette chambre à soi chère à Virginia Woolf dans un monde gouverné par les hommes qui seuls avaient l’espoir d’être édités. Mais peut-être ces intimité et solitude nécessaires à l’écriture, Marguerite-Marie les avait-elle quand même réunies en son couvent des visitandines à Paray-le-Monial, car son journal vit le jour. Alors sommes-nous portés à nous interroger sur son intention dans l’acte d’écrire ce qui relève de l’intime. Peut-être pour se mettre elle-même à l’épreuve de sa foi. Ou bien destinait-elle cet ouvrage à des yeux très hauts. A moins que, comme nous le confie Clémentine Beauvais, écrire c’est peut-être aussi détourner le regard de ce que l’on veut cacher. Y compris et surtout dans l’exercice du journal intime.
Clémentine Beauvais est quant à elle agnostique. Peut-être serait-elle même plus que cela si quelque chose, ou plutôt quelqu'un, ne la retenait au bord du gouffre de l'athéisme. Gouffre qui n'en est d'ailleurs surement pas un pour elle, mais seulement un sujet de réflexion. De ceux qui font basculer de la foi vers la philosophie. De la croyance vers la raison.
Aussi lorsqu'une éditrice lui suggère d'écrire un ouvrage sur son aïeule, c'est sans doute par défi à sa foi absente que Clémentine Beauvais, autrice aux multiples ouvrages à succès, se livre à l'exercice. Elle qui ne connaît de l'amour que la version terrestre du sentiment – elle nous le confie - décide de se confronter à sa version céleste. Celle éprouvée par son aïeule pour le Christ, Lequel lui serait apparu à plusieurs reprises, au point de faire d’elle une exaltée. N’avait-elle pas brûlé ses mains au Sacré-Cœur. Et de se mortifier de sévices jusqu’à se voir reprocher, par Celui-là même vers qui était dirigé son adoration, d'une rigueur excessive.
J’ai
trouvé la démarche passionnante : la rencontre par ouvrage interposé
au-delà des siècles d’une agnostique avec une exaltée de Jésus-Christ. Ce qui a
parachevé mon intérêt pour me rendre cette lecture captivante, c’est évidemment
le style adopté par son autrice. Le style résolument moderne, rehaussé d’un
humour un brin caustique, un brin « provoc » mais pas trop. Un style
taillé sur mesure pour plaire au lectorat de notre temps dont on sait qu'il
n'est pas non plus très porté sur le mystique. Un style qui donne à cette
écriture sa fluidité et coupe court à tout ce que le sujet pourrait comporter
de rébarbatif. Il se police toutefois quelque peu au fur et à mesure que la
connaissance avec la lointaine aïeule s’approfondit. En même temps que l'une et
l'autre, par-delà les siècles se fassent connaître l'une à l'autre. Sans
intention de prosélytisme, entendons-nous bien. Juste pour faire admettre que
la tolérance réciproque dans sa conception tant religieuse que civile passe par
la connaissance mutuelle et le respect des consciences de chacun.
Un
style donc, pour insister sur le sujet tant il est influent quant au message à
faire passer, qui soutient l’ouvrage dans sa totalité pour en faire une lecture
vivante, attrayante. Il me fait au passage me demander, puisque c’est le
premier ouvrage que je lis de cette autrice, s’il est une marque de fabrique
chez Clémentine Beauvais ou bien s’il est volontairement adapté au sujet
traité, pour servir d’accroche à un lectorat volatile.
Cet
ouvrage m'a séduit tant il m'a paru particulièrement judicieux, courageux dans
son intention et sa démarche aussi quand on apprend de la main de Clémentine
Beauvais le contexte familial dans lequel elle décide de se livrer à pareille
aventure éditoriale. Un ouvrage qui peut-on dire est une biographie croisée de
deux personnes, l’autrice et son aïeule, avec la confrontation de leurs
opinions respectives sur le sujet de la croyance. Même si le genre de la
biographie n’est pas le plus approprié, au point que les éditions J’ai Lu lui
affecte l’étiquette de récit. Les chausse-trappes ne manquaient pas et c'est
avec brio que Clémentine Beauvais a réussi cet exercice à mes yeux. Même si elle
n'est déjà plus une novice en matière littéraire autant par son érudition que
par ses succès d’édition, je le découvre en faisant sa connaissance avec cet
ouvrage. Il me reste désormais qu'à confirmer mon goût pour pareille écriture
décomplexée avec un autre ouvrage de sa main.
Les mémoires de Zeus ~~~~Maurice Druon
Nom de Zeus, quelle famille !
Je n'en suis à vrai dire pas vraiment surpris. J'avais connu une ouverture à cette fantasmagorie qu'est la mythologie avec l'excellent ouvrage d'Edith Hamilton : La mythologie, ses dieux, ses héros, ses légendes. Une conviction s'ancre désormais en moi à la lecture des Mémoires de Zeus de Maurice Druon. Elle me fait regretter que le monothéisme nous ait fait perdre tant de volupté dans nos rapports avec Qui préside désormais à nos destinées. Car disons-le tout net, au regard de ce qu'ont pu connaître nos ascendants des première jusqu'à la quatrième race de mortels, puisque nous autres sapiens du XXIème siècle sommes les descendants de la cinquième race, Celui qui s'est arrogé l'exclusivité de nos dévotions, toutes confessions confondues, est bougrement rébarbatif. D'autant que Ses manifestations à notre attention sont pour le moins discrètes et nous obligent à la croyance.Parce que les Dieux grecs pour ce qui les concerne, relayés par leurs alias romains, n'avançaient pas à visage masqué ; ils faisaient preuve auprès de leurs oyes de manifestations pour le moins démonstratives et avaient de bons gros défauts comme on les aime, de nature à affranchir les pauvres mortels de tout scrupule quant à leurs propres écarts de conduite. Car pour ce qui est du Seul que l'on révère en nos cathédrales, mosquées, synagogues et autres pagodes de nos jours, et revendique donc la majuscule, son appropriation monomaniaque et anti concurrentielle des consciences laisse planer le doute quant à notre filiation. On ne se reconnaît en réalité que peu d'affinité avec sa rigueur dogmatique tant nous avons de la fidélité une notion élargie et de la vertu un arrière-goût amer. Les défauts sont de notre nature. Mais n'est-ce pas Lui qui nous a faits ? Aussi, pourquoi voudrait-Il désormais nous en culpabiliser.
Le seul reproche que l'on pourrait faire aux Dieux de l'Olympe est le malin plaisir qu'ils se sont donné à nous compliquer la vie à nous autres pauvres mortels, à force de tarabiscoter l'arbre généalogique de leur fantaisie familiale, obsédés que nous sommes désormais à vouloir tout rationaliser, tout étiqueter et codifier. Et c'est grand mérite à Maurice Druon de tenter de nous effeuiller dans cet ouvrage l'arbre de Zeus dont les racines font de curieuses connexions en boucle avec les branches aux pouces les plus tendres. Il faut dire que le bougre ne craignait nullement la consanguinité pour faire commerce, comme on dit avec une pudeur toute littéraire, avec ascendance et descendance, pourvu que le plaisir soit à la clé. Bien qu'il connût quand même quelques manifestations de jalousie de sa légitime Héra. Sa justification d'honorer les mortels de la semence divine était argument fallacieux aux yeux de celle-ci. Allez comprendre pourquoi. Car figurez-vous que nos ancêtres de ces temps reculés pouvaient recevoir des dieux des preuves caressantes et culbutantes pourvu qu'ils fussent disposés à les accueillir en leur giron, et augmenter par là une ramure aux bourgeons déjà nombreux et ainsi mieux nous perdre en sa canopée.
Oui Zeus était volage. Maurice Druon n'omet aucune de ses nombreuses maîtresses, divines ou mortelles. Et bien que roi des dieux, il ne se sentait nullement une vocation d'exemple auprès de ses administrés. Car en cette époque bénie des dieux les comportements n'étaient ni louables ni blâmables, ils étaient tout simplement divins. Mais patience divine a ses limites et lorsque Héra, sa légitime, se fit trop intrusive pour surveiller ses errements, il n'hésita pas à la pendre par les cheveux, une enclume accrochée aux pieds. Quelle époque vivons-nous en ce siècle pour que notre code pénal trouve à redire à pareille manifestation d'autorité ?
"Si des esprits aussi chagrins que mal informés vous ont conté, chers mortels, que vous descendiez des singes, ne les croyez pas." C'est Ouranos, le grand-père de Zeus "qui créa l'homme qu'il tenait pour son chef-d’œuvre", à condition toutefois que sa vie ait une fin. Les Parques ayant mission de veiller à tous cela, en particulier Atropos chargée de couper le fil. Voilà donc un podium pour renforcer notre orgueil et un tombeau pour l'étouffer. Mais en toute occasion remercions Dionysos, plus connu sous son alias de Bacchus, le turbulent rejeton de Zeus, d'avoir couvert nos collines ensoleillées de la divine grappe afin de nous réjouir du succès et oublier le péril.
Quel bonheur en tout cas, dans l'attente du coup de ciseau fatal, de combler quelques heures entre les mains des Parques avec cet ouvrage de Maurice Druon dont je soulignerai respectueusement la qualité de la langue. Ouvrage ciselé, à la documentation exubérante, nous livrant à la compagnie de tant de noms célèbres mais inconnus de nous parce qu'interceptés trop furtivement au gré d'indiscrétions instruites, évoquant au passage les trois Grâces, les Muses, les Saisons, les Hespérides. Et tant d'autres dans le fourmillement d'une parentèle innombrable convoquée en ces pages par l'érudition de notre académicien.
Notre chronologie n'ayant rien de divine et désormais livrée en les mains d'Un seul, Lequel nous rend coupable dès la naissance puisque nous affublant du péché originel, coupable de naître donc, il me faut mettre un terme à ce propos et vous rendre à vos auteurs qui piaffent jalousement de savoir vos yeux rivés à ces lignes, lesquelles vous font l'éloge d'une biographie du roi des Dieux, qui pourrait donc durer ce que durent les dieux, éternellement.
Nom de Zeus, le temps nous est compté. Nous ne sommes plus au temps de l'Âge d'or.
mercredi 12 avril 2023
Ce que nous confions au vent ~~~~ Laura Imai Messina
Il y a au Japon à l’égard des événements catastrophiques,
séismes, tsunamis, une certaine prédisposition d’esprit qui s’apparente à la
fatalité. Comme une contrepartie à payer à la fierté de vivre dans le pays du raffinement.
Aussi, lorsque survient l’un de ces événements qui emporte son lot de vies
humaines, ce n’est ni la rébellion ni l’invocation de sanction divine qui
prévaut, encore moins les lamentations, c’est l’acceptation mélancolique et l’idée
de poursuivre le chemin entrepris avec eux, par la pensée.
C’est la raison d’être du téléphone du vent que M. Suzuki a
installé dans je jardin sur la colline de la baleine. Il n’est relié à aucun
réseau. Il n’est relié qu’aux esprits des disparus. Les épargnés des
catastrophes peuvent venir y parler à leurs défunts. Les entretenir de ce quoi est
fait leur quotidien désormais sans eux. Réconfort ultime mais pas illusoire.
Comment continuer à vivre après. C’est à cet enseignement
auquel nous convie Laura Imai Messina dans cet ouvrage fort bien conçu et écrit.
Une leçon de résilience avec la pudeur nippone. Rien de larmoyant, encore moins
d’apitoyant dans cet ouvrage. De l’intelligence sensible, de la retenue, pour
continuer à vivre. Et par exemple faire retrouver la parole à une petite fille
demeurée silencieuse depuis la disparition de sa mère.
Magnifique ouvrage fort bien construit et écrit avec des
mots de tous les jours. Les mêmes mots que lorsque qu’ils étaient encore là. Il
ne faut rien changer. Seulement être prudent avec les sentiments.
mardi 4 avril 2023
Giono, furioso ~~~~ Emmanuelle Lambert
J'ai adoré cet ouvrage
de la main d'Emmanuelle Lambert. Elle évoque la vie de Jean
Giono sans en dresser la froide biographie. Sa vie et son œuvre
dois-je préciser, ou plutôt sa vie à partir de son œuvre. Ses ouvrages les plus
connus comme ceux restés presque confidentiels. Ces derniers surtout dans
lesquels elle est allée dénicher les pans les plus intimes de la personnalité
de l'écrivain. Ceux qui à défaut de briguer la célébrité dévoilent des dessous,
des travers aussi bien que des qualités étouffées par la pudeur. Comme cet
amour qu'il vouait à son père, sans jamais le dire ou l'écrire, ou celui dirigé
vers son ami Louis dont la guerre a enseveli l'innocence dans la boue des
tranchées. Autant de sentiments qu'il faut trouver entre les lignes, ou dans ce
regard un brin malicieux de son auteur.
Emmanuelle Lambert fait naître une intimité avec son sujet. Elle s'adresse à
lui dans cet ouvrage, lui témoigne son assentiment quand il se déclare
pacifiste après la première guerre mondiale, écologiste avant l'heure quand il
voit ses contemporains mépriser les campagnes, mais elle l'admoneste aussi
quand il a une position beaucoup plus ambigüe durant la seconde guerre
mondiale. Mais toujours elle admire l'auteur. Elle aime celui qui sait parler
au cœur, trouver et arranger les mots qui font vibrer l'être intérieur. Elle
l'intronise comme l'un des plus grands stylistes de la langue française.
Formidable ouvrage fait d'une écriture riche, érudite et sincère. Un ouvrage
très personnel quand Emmanuelle Lambert entremêle des pans de sa propre vie
dans sa démarche à la rencontre d'un Giono qu'elle est allée dénicher
dans ses murs à Manosque. Regrettant que les palmiers qui font le décor de
certaines photos de l'auteur soient dévorés par le parasite qui a gagné toute
la Provence. C'est une partie de Giono qui se dissout dans le
temps. Son ouvrage à elle a lui aussi ses tournures poétiques et allégoriques
qui lui confèrent la chaleur de l'amitié. Si ce n'est plus. Ouvrage d'une
passionnée à l'égard d'un écrivain pétri d'émotions. Avec cette pointe
d'amertume à l'égard de l'espèce à laquelle il appartenait quand elle se
fourvoyait dans la guerre ou dans la destruction de son milieu de vie. Très bel
ouvrage, incitatif à se précipiter vers ceux de son sujet pour se frotter à
l'âpreté des caractères de personnages qu'il a si bien dépeints.
Interventions ~~~~ Michel Houellebecq
« On arrive parfois, partiellement (j'insiste sur « parfois » et « partiellement ») à communiquer par l'écriture des choses qu'il serait impossible à communiquer autrement ; et ce qu'on écrit n'est souvent qu'un faible écho de ce qu'on avait imaginé d'écrire. »
Interventions - Michel
Houellebecq - éditions J'ai Lu page 458.
Cet ouvrage se présente comme un recueil de réflexions que l'auteur a eu
l'occasion de se faire, d'entretiens qu'il a tenus avec untel ou un autre sur
la période allant du début des années 90 au confinement du covid en 2020. Il a
le grand mérite de faire parler son auteur non plus par personnage interposé –
comme dans ses romans - mais par lui-même. le « Je » est bien celui de MH.
Cela fait de cet ouvrage un éclairage très intéressant quant à son auteur pour
celui qui, comme j'ai pu le faire, a lu nombre d'ouvrages (exceptées les œuvres poétiques)
de sa main. Auteur qui ne laisse pas son lectorat indifférent, c'est sa marque
de fabrique. MH a su se faire des adeptes, dont je suis et pas seulement pour
les allusions à connotation sexuelle qui foisonnent dans ses pages, mais aussi
des ennemis. Mais n'est-il pas vrai que celui qui n'a pas d'ennemis, n'a rien
fait dans sa vie.
Car pour se faire des ennemis il suffit de bannir du discours hypocrisie et
faux semblant ; en un mot de bannir ce que MH exècre par-dessus tout : le
politiquement correct (page 213). Tendance de l'époque qui fait que plus
personne ne parle de sincérité et préfère se couler dans un moule formaté par
des codes de convenance consensuels et creux.
« Je n'ai pas envie de me laisser emmerder par les humanistes » clame MH (page
320). En particulier ceux qui formatent l'opinion et font que plus aucun
discours n'est de vérité, mais lissé, standardisé, un peu comme les images
qu'on nous déverse désormais à flot continu, lesquelles sont tellement
nettoyées par la crème anti âge numérique qu'elles n'ont plus grand-chose à
voir avec la réalité.
On avait compris, et il le scande dans cet ouvrage, que son combat est celui de
la liberté d'expression qu'il défend bec et ongles. Dût-il pour attirer
l'attention parler crument des choses que d'aucuns n'osent même évoquer à voix
basse en prenant garde d'être entendu. La provocation est aussi un moyen de
réveiller les esprits anesthésiés par ledit langage politiquement correct. Car
si le discours de convenance est une belle vitrine il cache au chaland le
contenu de l'arrière-boutique : un monde gouverné par « l'attractivité érotique
et l'argent » au credo de chacun pour soi. Et Dieu pour personne désormais,
depuis que Nietzsche a
annoncé Sa mort et que Sa créature, bien qu'elle soit « un animal social de
type religieux » se divertit de sa condition de mortel par la fête.
Notre monde, notre société, notre temps, ils ne les aiment pas. Pas plus que
lui-même d'ailleurs. (Page 217) Mais il aime la littérature qu'il consomme sans
modération. Ses envolées et ses références philosophiques nous font comprendre
que sa culture n'est pas comme la confiture qu'on étale d'autant plus qu'on en
a peu, sa culture à lui est bien consistante. Cet ouvrage le confirme au point
que l'hermétique à toute philosophie s'en trouvera à la peine.
MH aime aussi se savoir lu. Quel écrivain dirait le contraire ? Aimé ou détesté
peu importe. Il y a toujours un message qui passe et lui survivra quand il sera
entré dans l'histoire. Avec cette ambiguïté de ne pas avoir d'estime de soi et
vouloir en même temps marquer la postérité.
Il est un autre combat que la personnalité et les écrits de MH confirment dans cet ouvrage, c'est celui du respect de la vie, de la personne humaine, fût-elle réduite au sommeil profond végétatif. La société qui prône la jouissance de la vie doit aussi en assumer les déficiences. Jusqu'au bout du bout et ne laisser qu'au Mystère (puisque Dieu est mort) qui préside à nos destinées le droit d'y mettre un terme.
Et de plaider quand même parfois pour son prochain – et pourquoi pas son lecteur : « L'homme est un être de raison – si on veut, cela arrive de temps en temps. Mais il est avant tout un être de chair et d'émotion : Il serait bon de ne pas l'oublier. » (Page 441).
De religion, de toutes les religions il est forcément beaucoup question dans cet ouvrage. Quand on parle de philosophie, la religion n'est jamais très loin pour tenter de lui reprendre la vedette. Aussi parmi les interventions sur le sujet, j'ai eu un faible pour la citation des Frères Karamazov qui n'a pas échappée à MH lorsque « Dostoïevski s'en prend à l'Église catholique, en particulier au pape et aux jésuites. Revenant sur terre, le Christ est aussitôt emprisonné par les autorités ecclésiastiques. Le grand inquisiteur, venant lui rendre visite dans sa cellule, lui explique que l'Église s'est très bien organisée sans lui, qu'ils n'ont plus besoin de lui – et que, même, il les dérange. Il n'a donc d'autre choix que de le faire exécuter à nouveau. » (Page 422).
L'adepte de MH sera, avec cet ouvrage confirmé dans son inclination. Son détracteur pourra moduler sa répugnance avec ces Interventions qui si elles nous confirment que l'auteur aime bien bousculer son monde, n'en restent pas moins au-dessus de la ceinture.
jeudi 30 mars 2023
Trois guinées ~~~~ Virginia Woolf
🌕 🌕 🌕 🌗 🌚
1938, la guerre n'est déjà plus une hypothèse. le monstre d'outre Rhin fourbit ses armes. Virginia Woolf publie Trois guinées. La guerre est pour elle entre autres préoccupations une obsession. Autant que celle du statut de la femme dans la société humaine. Statut qui, s'il dédouane cette dernière de la responsabilité de la guerre, a contrario de son congénère mâle, ne l'exonère pas des dommages de cette calamité. Dommages qu'illustrent pour elle les photos « de cadavres et de maisons en ruine » venues d'Espagne, lequel pays fait déjà l'expérience du totalitarisme et son lot de conséquences néfastes.
Dans Trois guinées, Virginia Woolf répond à la lettre d'un homme
lui demandant, en désespoir d'envisager lui-même une issue heureuse à la
période de tension que connaît l'Europe, comment éviter la guerre. Mais sans
doute ne s'attend-il pas à recevoir une réponse laquelle n'a rien d'un
réconfort ou d'un espoir.
Une réponse mettant en cause le patriarcat dans sa responsabilité de la
situation qui va conduire l'Europe au désastre. le patriarcat, cette moitié
mâle de l'humanité qui a mis sous le joug l'autre moitié en instituant sa
suprématie depuis l'origine des temps. Suprématie usurpée qui fait
enrager Virginia Woolf. Même si en Angleterre les femmes ont obtenu le
droit de vote en 1918, cette ouverture à la démocratie est encore loin de leur
ouvrir les portes des universités et des carrières professionnelles, ne
laissant encore aux femmes, selon Virginia Woolf, comme perspective de
promotion sociale que le mariage et la maternité. Suprématie que la religion
chrétienne, en contradiction avec la parole du Christ n'a pas su abolir, bien
au contraire. Alors que les femmes quant à elles et de par leur
complexion peuvent faire naître et prospérer une société égalitaire et
pacifiste.
Virginia Woolf enfonce le clou. Dix ans après avoir publié son fameux Une
chambre à soi, ouvrage qui l'a cataloguée parmi les militantes féministes. Elle
a inventé le « psychomètre », instrument imaginaire propre à mesurer la force
émotionnelle émanant de la personne et sa responsabilité dans les situations
qu'elle engendre.
« Quel mot peut désigner le manque de droits et de privilèges ? Allons-nous une
fois de plus faire appel au vieux mot de « liberté » ?
La « fille de l'homme cultivé », expression que Virginia Woolf invente,
revient en leitmotiv dans cet ouvrage. Cette « fille de l'homme cultivé » est
son spécimen étalon de l'être privé de droits et de privilège et par là
assujetti à une tyrannie sexiste que Virginia n'hésite pas à comparer à la
tyrannie totalitaire en train de gangréner l'Europe. Alors que si la femme se
trouvait à parité de statut et de droit avec son frère elle serait à même
de bâtir et faire prospérer une société de justice, d'égalité et de liberté.
« Les filles des hommes cultivés qu'on appelait contre leur gré des «
féministes »… luttaient contre la tyrannie du patriarcat, comme vous luttez
contre la tyrannie fasciste. »
Virginia Woolf est à ce point obnubilée par ce déséquilibre fondamental
entre les sexes, que de sexe, au sens charnel du terme, il n'est nullement
question dans son discours. Au point de l'avoir fait cataloguée de frigide par
ses détracteurs. Sans doute à court de répondant à la lecture de ce que cette
femme ose publier de ses récriminations émancipatrices. Dans trois guinées,
elle nous assène un discours dont la redondance des idées peut paraître
fastidieuse. Il témoigne de son obsession du déséquilibre fondamental qui prive
ses consœurs de ces justice, égalité et liberté si chère à la femme qu'elle
est. Ce martèlement accusateur tente de traduire son exaspération, celle de
voir l'humanité courir à sa perte du seul fait de son manque de sagesse et sa
cupidité à mettre au crédit de la moitié dominante. Et de clamer que « seule la
culture désintéressée peut garder le monde de sa ruine. »
Exaspération qui virera au désespoir au point que Virginia, un jour de 1941,
emplira ses poches de cailloux pour s'avancer dans la rivière. Et de fermer à
jamais les yeux devant l'ampleur des horreurs du fascisme, dont le patriarcat
assume selon elle la responsabilité.
mardi 28 mars 2023
La Breizh brigade ~~~~ Mo Malo
Voilà un ouvrage bon-enfant qui nous distrait du surcroit de
violence qui s'est désormais imposé dans la littérature du genre. Le genre
étant le polar. Il est avec cet ouvrage revisité à la sauce aigre-douce. Et si
en peine de trouver une once de crédibilité à l'intrigue on se rabat sur la
psychologie des personnages, il en est un qui s'impose et fait de l'ombre aux
autres, c'est bien la matriarche de la Breizh brigade : Maggie. Cette brigade
bretonne étant un trio de de femmes, trois générations de la famille Corrigan,
laquelle gère un gîte dans la proximité de Saint-Malo.
Maggie est un personnage haut en couleurs tant le comportement que dans le
verbe. Bi lingue le verbe, car Maggie est d'origine irlandaise, et si l'on veut
apprécier les subtilités de son langage il faut avoir recours au traducteur en
ligne. Il nous met alors en garde devant ce qu'on appelle désormais pudiquement
un contenu inapproprié, lorsque la crudité devient très crue.
Maggie est-elle la grand-mère dont on rêve ? Elle donne dans la liberté des mœurs
et collectionne les amants qu'elle relègue sans scrupule après consommation.
Elle mène son monde à la baguette et à bientôt soixante-dix ans dirige sa
Breizh brigade au sein de laquelle elle s'est instituée directeur d'enquête.
Une fois n'est pas coutume, les hommes n'ont pas le beau rôle dans cette
aventure provinciale. Car Maggie n'a rien à voir avec une mamie-tricot qui
végèterait dans un décor figé et empoussiéré depuis la disparition de son
époux. Disparition qui ferait d'ailleurs bien un sujet d'enquête. Il faudra
qu'elle se penche sur le cas. Mais las, le temps passe et les préoccupations de
la matriarche sont plus à compenser l'absence qu'à en découvrir les
circonstances.
Mais pour l'heure le trio Corrigan a décidé, d'éclaircir le mystère de la mort
d'un célèbre joueur de cornemuse du renommé Briac Breizh Bagad, accessoirement
ancien amant de Maggie. Reléguant de facto le flic de service en charge de
l'enquête officielle, quand même, et qui, même s'il est le beau gosse de
l'appareil judiciaire, n'est reste pas moins un figurant devant les menées
investigatrices de la Breizh Brigade. Il est toujours en retard d'un coup sur
l'échiquier maloin.
Les aux autres personnages paraissent bien falots à côté de ce boute-en-train.
Exception faite de sa petite fille qui lui emboite le pas dans la spontanéité
du comportement, avec toutefois un peu plus de pudeur dans le langage.
Sous la plume de l'auteur, Mo Malo, la belle
région de Saint-Malo (coïncidence ?) qui sert de décor à ce polar-détente entre
dans l'inventaire des attractions pour cet ouvrage tant elle nous invite à
prendre les embruns sur ses remparts.
Avec un personnage aussi truculent que cette Maggie enquêtrice d'occasion mais
bien décidée à doubler sur le fil l'officiel désigné par le procureur, c'est
évidemment le dialogue qui relève et pimente le plat. Car pour ce qui est de
l'intrigue, on la découvre le sourire aux lèvres, avec l'indulgence de rigueur
à l'égard d'un ouvrage dont la vocation est de détendre son lectorat.
lundi 27 mars 2023
Le procès de Valerius Asiaticus ~~~~ Christian Goudineau
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Le
procès de Valerius Asiaticus se déroule selon le temps judiciaire,
dont on sait qu'il est long. Très long. Aussi, en ouvrant cet ouvrage ne
faut-il pas s'attendre à entrer d'emblée en audience. Il y a d'abord comme il
se doit enquête, laquelle établira ou non les chefs d'accusation. Enquête
confiée dans cet ouvrage non pas à un limier mais à un philosophe massaliote
renommé : Charmolaos.
Nous sommes à l'époque de la Gaule romaine. Il n'était alors point trop besoin
de preuves pour faire condamner un citoyen de Rome lorsque l'épouse de
l'empereur, Messaline en l'occurrence, avait décidé de se débarrasser d'un
indocile, fût-il riche et puissant. Valerius Asiaticus, cet indocile, refusant
de satisfaire le caprice de l'impératrice et lui restituer la villa dont elle
appréciait les jardins et pourtant acquise par lui le plus légalement du monde.
Mais il y a une autre raison pour laquelle ce procès tarde à venir dans ce
roman que l'on classera dans la catégorie historique du genre. Cette raison est
que son auteur se donne le temps de dresser le décor. Las de ces ouvrages se
disant historiques et négligeant pourtant non pas les faits, c'est un minimum
pour le genre, mais le contexte, les mœurs de l'époque, la culture, les
traditions, tout ce qui fait la réalité de la vie des hommes à une époque
donnée, il veut imprégner son lecteur du mode de vie de ces temps et lieux dans
lesquels il situe son œuvre. Il veut prémunir son lecteur de toute velléité de
jugement hâtif, déconnecté des fondements, forcément mal documenté à qui n'est
pas suffisamment instruit de l'histoire. Il veut le prémunir de cette tendance
moderne d'une littérature trop vite écrite laquelle fait la part belle au
sensationnel en étant déconnectée du contexte de vie contemporain des faits par
insuffisance culturelle de leurs auteurs.
Il suffit aujourd'hui d'évoquer par exemple le mot esclave pour susciter des
haut-le-coeurs. Alors que le patricien vivant sous l'époque de Caligula, Claude
et autre Néron avait naturellement droit de vie et de mort sur ses esclaves
sans avoir à en répondre à qui que ce soit dans la mesure où il avait fait
l'acquisition de ces derniers sur les marchés dédiés. Il avait aussi au passage
le droit de les affranchir. Juger de ce droit avec la culture d'aujourd'hui est
forcément une altération de l'histoire. Aussi inhumain que cela nous semble
aujourd'hui.
Il suffit de progresser de quelques pages dans cet ouvrage pour se rendre
compte que l'on n'a pas à faire à un producteur de romans en série, animé
d'intention mercantile, mais bel et bien à l'érudition pure. Celle d'un auteur
qui veut instruire son lecteur plutôt que le séduire, lui donner les bases pour
apprécier en connaissance du contexte, au lieu de juger à l'aveugle. La contrepartie
pour le lecteur étant de faire œuvre de curiosité, peut-être d'approfondir,
l'auteur lui en donne le goût, en tout cas de s'impliquer.
Aussi, cet ouvrage l'ai-je pris pour ce qu'il restera à mes yeux : un ouvrage
exigeant, une formidable téléportation, une immersion en une époque qui ne nous
a par la force des choses pas légué beaucoup de sources écrites et qu'il faut
avoir longuement et profondément étudiée avant que d'en parler, et mieux encore
avant que de faire parler des personnages dans un roman que l'on veut
historique. Soit un ouvrage dans lequel la part romancée constituera le liant
crédible des faits avérés.
Dans cet ouvrage, Christian
Goudineau a adopté un style d'écriture moderne. Une façon de ne pas
désorienter l'amateur de romans historiques contemporain, accoutumé qu'il est à
une écriture certes anachronique au regard des faits rapportés mais accessible
à son entendement. Entendement élaboré par le mode de vie superficiel qu'est
devenu le nôtre.
samedi 25 février 2023
L'écriture du monde ~~~~ François Taillandier
Par Ecriture du monde il faut entendre le monde tel qu'il
se construit, tel qu'il se grave dans la mémoire du temps, sachant que « Dieu
ne crée que de l'irréparable. La créature est une catastrophe. Et l'existence à
laquelle il nous appelle, le destin de chacun, si humble soit-il, consiste à
tenter de réparer le dégât d'être né. » Voilà pour Celui qui préside à nos
destinées. Il en prend pour son grade avec cette assertion de François
Taillandier.
Auteur que j'avais découvert et célébré l'écriture avec son excellente
biographie d'Edmond Rostang. Découverte qui m'avait au passage imposé le devoir
d'aller visiter la villa Arnaga au pays Basque. Ce que j'ai fait et qui m'avait
transporté de ravissement. Je confirme mon goût pour ce genre d'écriture avec
cet ouvrage.
Une écriture riche que celle de ce phraseur érudit, une écriture qui pondère
des sentences devenues par le fait lourdes de sens, d'une portée invitant à la
réflexion. A l'introspection même, lorsque comme tout un chacun on s'interroge
sur le sens de la vie et le rôle de la religion face à cette question sans
réponse, devenue pour le coup fondamentale. Des religions devrais-je dire
d'ailleurs, car dans le domaine de la croyance, il y a pluralité, il y a
divergence et contre toute attente intolérance. Et donc malheureusement
affrontement.
François Taillandier a choisi deux personnages qui ont laissé leur
cicatrice sur la terre dans cette époque succédant tout juste à la chute de
l'empire romain et nous ouvre aux formidables bouleversements consécutifs et
aux appétits que cela a pu faire naître chez des peuples jusque-là sous domination
: Cassiodore, un homme politique lettré qui a servi sous le nouveau maître de
ce qui n'est pas encore l'Italie du nord, le roi ostrogoth Théodoric. Et
Théolinda qui devint reine des Lombards et jouera un rôle prépondérant dans la
conversion de ces « barbares » à la foi chrétienne.
Ce premier tome d'une trilogie que je me fais l'obligation de compléter dans ma
PAL ouvre ses premières pages en un temps où la religion chrétienne commence
donc à installer ce qu'elle voudrait bien être un monopole sur le vieux
continent. En ce sixième siècle de notre ère, elle commence à prendre le pas
sur le paganisme, l'arianisme et ne s'attend pas encore à voir poindre une
nouvelle concurrente. L'ouvrage se referme sur l'année 630 avec l'entrée de
Mahomet à La Mecque à la tête de quelques milliers d'hommes, bien décidé à
imposer le culte exclusif d'Allah.
Superbe fresque historique d'un temps pour lequel les références écrites sont
rares et sujettes à caution. Tout le talent de l'auteur est dans la précaution
qu'il prend avec ces références et dans la crédibilité du liant qu'il applique
aux faits avérés.