Mon univers de lecture ... ce qu'il m'inspire

dimanche 24 avril 2022

Lettres a Lucilius ~~~~ Sénèque



 « Que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés, parce qu'on les voit chez tout le monde ou presque ! L'une des causes de nos malheurs est que nous vivons en prenant exemple sur autrui : nous ne nous réglons pas sur la Raison, mais nous laissons détourner par les usages. »

A lire cette citation on se dit qu'il s'agit d'une réflexion de quelque observateur bien contemporain de nos coutumes consuméristes. Il faut alors que je détrompe le lecteur de ces lignes en lui dévoiler que cette citation est tirée de la lettre CXXIII, que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans les années 60 (tout court) de notre ère. Peu de temps avant que son élève pour le moins turbulent, le bien Nommé Néron, empereur de Rome de 54 à 68 après JC, ne lui suggère de se suicider.

Cette citation, que deux millénaires nous séparent de son auteur, nous fait dire que peu de choses ont changé en ce bas monde depuis qu'il est peuplé de bipèdes investis par l'intelligence. Intelligents peut-être, mais quand même pas suffisamment accessibles à la Raison, qui pour le coup sous le stylet de Sénèque prend la majuscule tant elle est haussée au pinacle du comportement intellectuel. Faculté de l'Être pensant prônée par le philosophe pour faire contrepoids à celle prônée par le dévot : la Croyance.

Raison contre Croyance, pour une finalité toutefois identique : venir au secours de l'Être pensant contre l'obsession de sa finitude. Apprivoiser l'idée de la mort. L'idée, nous dit Sénèque, étant plus assassine que la mort elle-même. Figurez-vous, nous dit-il, qu'il en est qui se donnent la mort pour se libérer de l'idée de la mort. Un comble.

A lire des textes de philosophes antiques, les éminents qui ont pignons sur rue en la matière tel Sénèque, il faut s'attendre à aborder ces questions essentielles telles que, outre la plus fondamentale de toutes qu'est la vie et son issue, le bonheur, les plaisirs terrestres, le rationnel et l'irrationnel, le vice et la vertu, l'amitié, la sagesse, la maladie, la douleur, et tant d'autres réflexions que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans ses lettres dont les copies sont miraculeusement parvenues jusqu'à nous, et certaines retranscrites dans cet ouvrage de la collection Agora chez Pocket.

Même si « la philosophie n'est point un art fait pour plaire à la foule » selon Sénèque dans sa lettre XVI, son discours est empreint de simplicité dans le langage et accessible au vulgaire, dont je suis un digne représentant, grâce la traduction qui nous est offerte par cette collection. Il est bien clair que sans ce travail de latiniste patenté, mes universités dissipées me rendraient la parole du célèbre rhéteur inabordable. Il est bien clair aussi que pour les disciples d'Epicure que nous sommes devenus par facilité de préférence au discours du sage lequel veut nous éloigner des plaisirs du corps, le discours d'un Sénèque peut sembler rébarbatif. Mais l'âge venant et l'idée de la fin obsédant conduisent les uns à se rapprocher de l'autel du mystique, les autres à avoir recours à la Raison.

Il est quand même un sujet sur lequel on ne le suivra pas le grand Sénèque, lequel a joint le geste à la parole, quand il nous dit qu'il vaut mieux se donner une fin honorable plutôt que de vivre dans la mésestime de soi. Une chose que l'on doit ajouter au crédit de notre époque, outre les crèmes anti rides pour satisfaire notre narcissisme, est le recours aux psychologue et anti dépresseurs, à défaut du philosophe plus culpabilisant à notre goût, pour nous aider à supporter nos humeurs chagrines. Autre temps autre mœurs même si « que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés. » etc… etc…

dimanche 17 avril 2022

Théodora ~~~~ Virginie Girod


 

« Les hommes redoutent toujours le pouvoir féminin qu’ils pressentent si supérieur au leur ». C’est une des rares citations de cet ouvrage dans laquelle on peut dénicher une note de compensation en faveur des femmes après des millénaires de domination par son congénère masculin. Car là n’est pas le propos de Virginie Girod. Même s’il s’agit de faire le recentrage de la réputation d’une femme colportée par tant de voix discordantes.

Avec l’érosion des sources historiques il y a deux autres raisons de mal connaître la valeur et l’impact des femmes en politique. C’est qu’elles étaient femmes justement d’une part. Que leur action politique ne pouvait se concrétiser que par l’entremise d’un homme. Et que d’autre part, jusqu’à encore très récemment, écrire était resté privilège masculin. Ce n’est pas Virginia Wolf qui le contredira. Elle s’en expliquait dans Une chambre à soi. Il est donc évident que dans pareils contexte et circonstances la voix des femmes ne pouvait être que rapportée par celui qui n’avait aucun intérêt à déchoir de son piédestal.

Théodora ayant eu en son siècle un destin de femme, et même un destin tout court pourrais-je dire pour ôter la notion de genre à cette allégation, un destin donc hors du commun qui ne pouvait laisser personne insensible. Surtout pas les hommes qui eurent à la connaître. Ils pouvaient l’aimer ou la détester avec la subjectivité qui s’attache à chaque attitude, jamais rester indifférents. Mais femme des tréfonds de l’histoire, sa vie, son œuvre ne sont connues que de propos rapportés par des hommes. Au premier rang desquels son contemporain Procope de Césarée (1), lequel ne lui vouait aucune admiration bien au contraire. Se complaisant à supplanter l’intelligence politique qui fut la sienne au profit de son passé moins reluisant, ne concédant à son avantage que le charme de ses traits. Encore en faisait-il un atout pour servir son appétit de pouvoir.

Dans cet ouvrage Virginie Girod fait le point sur les sources orientales mises au jour depuis ce temps lointain contemporain de Théodora et de Procope. Elle concède dans un chapitre en fin d’ouvrage « qu’écrire la biographie de Théodora est une gageure. L’historien navigue entre les sources et les ouvrages qui lui sont favorables ou hostiles. » Elle vient pourtant nuancer cette vision manichéenne du personnage. La tentation de la solidarité féminine est absente du portrait qu’elle essaie de peindre de la fille d’un dresseur d’ours devenue impératrice. Même si la restitution d’une sensibilité féminine qui a longtemps fait défaut à tous ceux qui ont évoqué le personnage jusqu’alors est un éclairage appréciable de la part de cette spécialiste de l’antiquité. Comme dans les deux précédents ouvrages que j’ai lus de sa main, je retrouve cette volonté de rééquilibrage légitime et bien mené de la réputation d’un personnage trop longtemps polluée par des sentiments opposés et exacerbés. Son tort n’a après tout été que d’accéder au pouvoir en un temps où les femmes devaient s’en tenir à leurs travaux d’aiguille.

Mais derrière toute cette histoire d’une « femme fatale, puissante, dont l’aura n’a pas encore disparu mille cinq cents ans après sa mort », il y a une histoire d’amour dont Virginie Girod se convainc de la sincérité. Celle qui a uni cette femme « belle, intelligente, manipulatrice, dominatrice, déterminée » à Justinien. Ils formèrent un couple fidèle et solidaire. L’empire byzantin n’eut pas à souffrir de leur union, bien au contraire. A eux deux ils le conduisirent à son apogée par la fortune de leur complémentarité. Et peut-être même Justinien a-t-il duré au pouvoir que parce qu’il avait cette souscrit à cette alliance tant décriée.

Bel ouvrage de Virgine Girod fort bien construit autour de cette « femme libre, intelligente et insoumise [qui] pourrait être érigée en modèle. »

(1) Procope de Césarée né vers 500 et mort vers 565, est un rhéteur (avocat) et historien byzantin dont l'œuvre est consacrée au règne de l'empereur Justinien. (Source Wikipédia)


vendredi 15 avril 2022

Femmes en colère ~~~~ Mathieu Menegaux


Parole contre parole. Pour une femme qui a été violée, n'a pas porté plainte et fait constater le forfait par un examen médical aussitôt après l'agression, c'est la quasi-certitude de déboucher sur un non-lieu. C'est ce qui arrive Mathilde Collignon dans ce roman de 
Mathieu Menegaux. Aussi, lorsqu'elle se rend compte que ses agresseurs resteront impunis, c'en est trop pour elle. Lui vient alors l'obsession de se faire justice elle-même.

Selon la loi de notre pays la légitime défense ne peut se concevoir que proportionnée et simultanée de l'agression subie. Dès l'instant où elle l'exerce en temps décalé, Mathilde Collignon devient justiciable. C'est son procès que nous vivons dans cet ouvrage.

S'il est un lieu éminemment secret, c'est bien la salle de délibéré d'une cour d'assise. Sa porte en est gardée tout le temps que dure la séance de délibéré. le silence sur les débats est imposé par la loi à chacun des jurés ad vitam aeternam. Même et surtout à l'égard des proches. Ils auront prêté serment.

Avec cet ouvrage Mathieu Menegaux nous ouvre ce saint des saint et nous rend auditeur du délibéré du procès de Mathilde Collignon. Il nous instruit par la même occasion sur les règles qui régissent cette procédure si codifiée, si particulière, à laquelle tout un chacun peut se voir convier à partir du moment où il est inscrit sur les listes électorales.
Un huis clos qui n'est pas sans rappeler le film de Sidney Lumet : Douze Hommes en colère.

Au-delà du rôle pédagogique très intéressant que revêt la forme de cet ouvrage, il ouvre le débat sur ce sentiment légitime d'une victime lorsqu'elle réalise que ses agresseurs ne seront pas sanctionnés. L'analyse des sentiments et réactions de chacun des jurés est fort bien restituée, notamment selon qu'ils sont homme ou femme, mais aussi citoyens ordinaires désignés comme jurés ou magistrats. Ils forment ce jury d'assise lequel ne sortira de la salle de délibéré que lorsqu'il aura répondu aux questions retenues lors de l'audience, avec les règles de majorité qui s'attachent à chaque type de question : Coupable ou non des chefs d'accusation retenus ? Quelle sentence dans la limite de ce que prévoit le Code Pénal ?

Même s'ils forment un collège de justice réuni dans la même pièce,
chacun se retrouve finalement seul avec sa conscience. La même solitude gagne l'accusée dans l'attente du délibéré. Elle était une bonne mère de famille, une professionnelle reconnue dans son métier, aimée et respectée de tous. Et maintenant elle attend de savoir si elle va voir grandir ses filles. Les voir arrachées à son amour de mère. Privées de ses gestes d'affection du quotidien. Pour combien de temps. Quelle part de leurs jeunes années sera occultée de sa mémoire.

Un ouvrage qui, subtilement organisé en chapitres alternés, prend une tournure de thriller psychologique. C'est profitable et absolument passionnant.

jeudi 14 avril 2022

Agrippine ~~~~ Virginie Girod

 



Voilà un ouvrage qui, autant que la biographie qu'il dresse, fait le point sur tout ce qui a été publié à propos de cet étonnant personnage qu'a été Agrippine, la mère de Néron.

Et voilà encore que je présente encore une femme relativement à un homme. Mais dans ce cas c'est un peu obligatoire. Car à l'époque où vécut cette femme ambitieuse et courageuse, ses semblables du deuxième sexe n'avaient pas voix au chapitre en matière de politique et gouvernance. Loin s'en faut, quelles que fussent leurs qualités et capacités. Pourtant dans les deux domaines précités, Agrippine pouvait en remontrer à beaucoup de ses congénères masculins.

Si je devais traduire en trois mots l'impression que me laisse cet ouvrage de Virginie Girod, ce serait objectivité, exhaustivité et crédibilité. Tout cela évidemment dument soupesé relativement à ma culture en histoire qui si elle se targue d'une réelle appétence en la matière est sans commune mesure avec ce que me confirme ce second ouvrage que je lis de la main de Virginie Girod.

Dans le rapport sexiste qui de tous temps a opposé homme et femme avec la relation de domination que l'on sait depuis que la faute originelle a été attribuée à cette dernière, Virginie Girod fait la part des choses avec, à mes yeux, une grande objectivité entre l'intelligence et la possibilité laissée à celui ou celle qui en était doué de la faire valoir. On ne trompera personne en affirmant pour ce qui est du faire valoir que nos consœurs ont eu à contourner l'obstacle en faisant plus largement usage de leur charme. Qualité physique dont, selon Virginie Girod, Agrippine a eu à user avec plus de modération que ce que l'histoire a bien voulu colporter. L'objectivité est une disposition d'esprit d'autant plus difficile à soutenir qu'il est illusoire de prétendre juger une époque avec les critères psycho sociaux et moraux d'une autre. Dans la Rome Antique une femme aussi intelligente qu'elle fût ne pouvait faire valoir cette qualité en la transposant en décisions et actions que par le truchement d'un homme. Pour Agrippine cet homme ce fut Néron, son fils. Les autres, ses époux en particulier, n'ayant été que des marches pour accéder au pouvoir. Néron, né Lucius Domitius Ahenobarbus, fut malheureusement pour elle un mauvais levier pour faire valoir son intelligence politique. Mauvais au point de provoquer sa perte de la plus cruelle façon.

L'exhaustivité que j'évoque n'a rien à voir avec l'épaisseur d'un ouvrage qui ne négligerait aucun détail de la vie de son sujet. L'exhaustivité je la trouve dans la somme considérable de notes, tables, organigrammes généalogiques et références ajoutés par l'auteure en fin d'ouvrage, lesquels témoignent de l'étendue des connaissances de cette dernière dans sa discipline, du formidable travail de documentation mené à bien, de l'inventaire historiographique foisonnant ayant trait à cette femme hors du commun.

Cette objectivité, ce formidable travail d'étude et de construction de son ouvrage présentent à mes yeux d'amateur de la discipline une grande crédibilité dans chacune des allégations qui construisent cet ouvrage. Cette crédibilité, Virginie Girod la doit à l'analyse critique fouillée qu'elle fait des sources laissées à notre connaissance par l'érosion du temps. Il y a celles des contemporains d'Agrippine : Pline l'ancien, Sénèque, celles des historiens décalés mais ayant eu peu ou prou accès aux archives du palais : Suétone, Tacite, Don Cassius, et tous ceux plus tardifs qui n'ont fait qu'exploiter et interpréter les premiers. Profitant au fil des siècles de l'avancée des recherches et progrès dans les sciences afférentes : archéologique, numismatique, épigraphique, ethnographique, neuro sciences et tant d'autres. L'analyse critique qu'elle fait des différentes sources prenant en compte le contexte dans lequel les auteurs rédigeaient leurs ouvrages, tel un Suétone qui voulait plaire à son mentor Hadrien, un empereur de la dynastie succédant aux julio-claudiens, les antonins ou encore un Tacite « qui se montrait un impitoyable moraliste » vis-à-vis de femmes lorsqu'elles sortaient de leur rôle décoratif.

C'est donc mis en confiance par ces qualités que j'attribue aux deux premiers ouvrages que je lis de la main de Virginie Girod que je vais faire connaissance avec Théodora, l'impératrice de Byzance qui a fait ses premières armes dans le plus vieux métier du monde.

vendredi 8 avril 2022

Les oiseaux chanteurs ~~~~ Christy Lefteri



Voilà un ouvrage qui, autant que la biographie qu'il dresse, fait le point sur tout ce qui a été publié à propos de cet étonnant personnage qu'a été Agrippine, la mère de Néron.

Et voilà encore que je présente encore une femme relativement à un homme. Mais dans ce cas c'est un peu obligatoire. Car à l'époque où vécut cette femme ambitieuse et courageuse, ses semblables du deuxième sexe n'avaient pas voix au chapitre en matière de politique et gouvernance. Loin s'en faut, quelles que fussent leurs qualités et capacités. Pourtant dans les deux domaines précités, Agrippine pouvait en remontrer à beaucoup de ses congénères masculins.

Si je devais traduire en trois mots l'impression que me laisse cet ouvrage de Virginie Girod, ce serait objectivité, exhaustivité et crédibilité. Tout cela évidemment dument soupesé relativement à ma culture en histoire qui si elle se targue d'une réelle appétence en la matière est sans commune mesure avec ce que me confirme ce second ouvrage que je lis de la main de Virginie Girod.

Dans le rapport sexiste qui de tous temps a opposé homme et femme avec la relation de domination que l'on sait depuis que la faute originelle a été attribuée à cette dernière, Virginie Girod fait la part des choses avec, à mes yeux, une grande objectivité entre l'intelligence et la possibilité laissée à celui ou celle qui en était doué de la faire valoir. On ne trompera personne en affirmant pour ce qui est du faire valoir que nos consœurs ont eu à contourner l'obstacle en faisant plus largement usage de leur charme. Qualité physique dont, selon Virginie Girod, Agrippine a eu à user avec plus de modération que ce que l'histoire a bien voulu colporter. L'objectivité est une disposition d'esprit d'autant plus difficile à soutenir qu'il est illusoire de prétendre juger une époque avec les critères psycho sociaux et moraux d'une autre. Dans la Rome Antique une femme aussi intelligente qu'elle fût ne pouvait faire valoir cette qualité en la transposant en décisions et actions que par le truchement d'un homme. Pour Agrippine cet homme ce fut Néron, son fils. Les autres, ses époux en particulier, n'ayant été que des marches pour accéder au pouvoir. Néron, né Lucius Domitius Ahenobarbus, fut malheureusement pour elle un mauvais levier pour faire valoir son intelligence politique. Mauvais au point de provoquer sa perte de la plus cruelle façon.

L'exhaustivité que j'évoque n'a rien à voir avec l'épaisseur d'un ouvrage qui ne négligerait aucun détail de la vie de son sujet. L'exhaustivité je la trouve dans la somme considérable de notes, tables, organigrammes généalogiques et références ajoutés par l'auteure en fin d'ouvrage, lesquels témoignent de l'étendue des connaissances de cette dernière dans sa discipline, du formidable travail de documentation mené à bien, de l'inventaire historiographique foisonnant ayant trait à cette femme hors du commun.

Cette objectivité, ce formidable travail d'étude et de construction de son ouvrage présentent à mes yeux d'amateur de la discipline une grande crédibilité dans chacune des allégations qui construisent cet ouvrage. Cette crédibilité, Virginie Girod la doit à l'analyse critique fouillée qu'elle fait des sources laissées à notre connaissance par l'érosion du temps. Il y a celles des contemporains d'Agrippine : Pline l'ancien, Sénèque, celles des historiens décalés mais ayant eu peu ou prou accès aux archives du palais : Suétone, Tacite, Don Cassius, et tous ceux plus tardifs qui n'ont fait qu'exploiter et interpréter les premiers. Profitant au fil des siècles de l'avancée des recherches et progrès dans les sciences afférentes : archéologique, numismatique, épigraphique, ethnographique, neuro sciences et tant d'autres. L'analyse critique qu'elle fait des différentes sources prenant en compte le contexte dans lequel les auteurs rédigeaient leurs ouvrages, tel un Suétone qui voulait plaire à son mentor Hadrien, un empereur de la dynastie succédant aux julio-claudiens, les antonins ou encore un Tacite « qui se montrait un impitoyable moraliste » vis-à-vis de femmes lorsqu'elles sortaient de leur rôle décoratif.

C'est donc mis en confiance par ces qualités que j'attribue aux deux premiers ouvrages que je lis de la main de Virginie Girod que je vais faire connaissance avec Théodora, l'impératrice de Byzance qui a fait ses premières armes dans le plus vieux métier du monde.

samedi 2 avril 2022

La véritable vie des douze Césars ~~~~ Virginie Girod


« Macron accepte de bonne grâce l’adultère de sa femme tant qu’il augure d’un bénéfice secondaire » …

Par les temps qui courent, voilà une citation qu’il y a urgence de replacer dans son contexte : … « Il escompte bien rester préfet du prétoire sous le principat de Caligula. »

Nous sommes dans la Rome au temps des Julio-Claudiens, puis des Flaviens. Ceux que l’histoire retiendra sur la liste dressée par Suétone (*) dans son ouvrage biographique La vie des douze Césars. Ouvrage que Virginie Girod a décidé de revisiter au point d’intituler son ouvrage La « véritable » vie des douze Césars.

Car l’éminente historienne, bien contemporaine de nous autres lecteurs de ce temps d’un autre Macron, a appris à connaître ce secrétaire d’Hadrien, en particulier pour son goût du trivial. Un goût quelque peu imposé par le contexte dans lequel il rédige ses écrits, rangés à l’époque dans l’art mineur de la biographie nous dit-elle. Elle imagine que lesdites biographies, si elles ne sont pas sujettes à caution, sont moins soucieuses du rôle historique de ses sujets que de leurs frasques. Un de ses confrères historien du 19ème siècle, Alexis Pierron, ira jusqu’à qualifier Suétone de « colporteur d'histoires d'antichambre ».

La motivation de Virginie Girod est donc là : ajouter le qualificatif véritable au titre de l’ouvrage de Suétone et tenter de corriger cette tendance à l’errance entre vices et travers des Césars, à faire fi de leur rôle politique. Sans négliger le formidable apport pour les historiens du futur qu’est l’œuvre de Suétone ni le contexte dans lequel il écrit, Virginie Girod justifie en avant-propos bénéficier à la fois des avancées dans la connaissance historique et des neurosciences entre autres, mais se défend de juger une époque avec les acquis des millénaires en termes de morale, d’esprit de justice, d’avancée sociale mais aussi d’empathie, dernière qualité qui eut pu figurer source de faiblesse dans une époque de violences psychologique et physique.

Comment comprendre en effet qu’on puisse se débarrasser du « princeps », premier citoyen de l’empire, intermédiaire entre les dieux et les hommes, parce que grisé par son pouvoir il avait sombré dans la folie paranoïaque, était devenu incontrôlable par des contre-pouvoirs muselés, voire inexistants. Comment comprendre aussi que le grand César, qui n’était quant à lui pas empereur puisque sous le régime d’une république laquelle n’avait de ce régime plus que le nom, s’était vu honoré du titre, car c’en était un, de dictateur à vie, s’étant vu confier tous les pouvoirs par le Sénat. Comment comprendre encore que le suicide soit institué en porte de sortie honorable et restaure sa noblesse à un empereur qui avait perdu sa crédibilité aux yeux de ses sujets. Comment comprendre enfin que l’on puisse créer une succession patrilinéaire du pouvoir en adoptant son successeur, comme on le ferait d’un enfant, y compris à titre posthume.

Les temps ont bien changé. Les mœurs, les croyances et les valeurs qui vont avec. Ces dernières ayant pratiquement disparu, les croyances se focalisant en une croyance unique, ou pas, désormais. Les Césars étaient loin d’être exempts des travers dont Suétone faisait ses choux gras pour plaire à son maître du moment, l’empereur Hadrien, nous confirme Virginie Girod. Elle réussit à nous faire comprendre avec cet ouvrage rationnel, foisonnant, qui se veut aussi objectif que l’autorisent les avancées dans la connaissance de l’époque, en quoi leur personnalité et leurs actes étaient en harmonie avec le contexte d’une Rome onirique. Il faut l’avoir étudiée comme l’a fait cette spécialiste de l’antiquité pour comprendre à quel point le pouvoir corrompt les puissants et fascine ses spectateurs, qui voudraient peut-être leur ressembler.

J’aime l’histoire. Et quand elle est bien écrite, je suis comblé. Cet ouvrage de Virginie Girod remplit les conditions pour me faire plébisciter le formidable travail d’étude qu’il a fallu pour sa gestation.

A écrire La véritable histoire des douze césars, il faut s’attendre à une lecture critique des sources, à usage du conditionnel quand elles font naître le doute. Virginie Girod le fait avec une intelligence qui inspire le respect, un naturel qui fait recevoir ses allégations comme une évidence. Elle nous adresse un fort bel ouvrage propre à entretenir notre intérêt pour ceux « qui incarnent les figures paroxystiques de nos passions ».

(*) Suétone (70-122 apr. J.C.) haut fonctionnaire romain, membre de l'ordre équestre, auteur de nombreux ouvrages dont la Vie des douze Césars qui rassemble les biographies de Jules César à Domitien en passant chronologiquement par Octave (Auguste), Tibère, Caligula, Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus.

mardi 15 mars 2022

La tente rouge ~~~~ Anita Diamant


Est-ce la réécriture d'une page de l'Ancien Testament que nous propose Anita Diamant ? A-t-elle voulu en finir avec le silence assourdissant des femmes dans les textes bibliques ? Anita Diamant ne veut-elle plus que les femmes existent en tant que fille de…, soeur de…, épouse de… ? le temps est venu depuis la Genèse qui à Eve impute la faute originelle, depuis que la parole des hommes s'est substituée à celle de Dieu dans la Bible, le temps est venu pour que le rôle de la femme dépasse le cercle de la famille et apparaisse enfin en société, où depuis l'aube des temps ne se trouvent que des hommes.

La tente rouge n'est pas seulement le lieu où la fille devient femme, où la femme devient mère, La Tente rouge est le siège d'un secret. Secret inaccessible à la constitution physiologique et mentale de son congénère mâle, ce fameux « continent noir » dont certains attribuent la paternité de l'expression à Freud, en évocation de ce jardin réservé qu'est la féminité. Secret que l'homme a voulu circonscrire, de peur qu'il ne rivalise avec sa condition propre. La masculinité ne faisant l'objet d'aucune mention tant elle est évidente.

Pour sortir du cercle restreint dans lequel a voulu l'enfermer son congénère mâle, Anita Diamant a choisi de donner la parole à l'une d'elle : Dina. Elle est bien sûr fille de…, soeur de…, mais quand elle a voulu devenir la femme de…, de celui qu'elle avait osé choisir par amour faisant ainsi valoir son droit au bonheur, il s'en est trouvé dans sa propre famille pour la rabaisser à son statut imposé d'être obéissant et silencieux. Anita Diamant a donc choisi de réhabiliter la personne qui a vécu en son corps de femme. C'est sa mémoire qui intervient dans cet ouvrage.

Ainsi affranchie par ce procédé narratif des contingences terrestres et des lois dictées par l'autre sexe, libérée des peurs et des convoitises, la mémoire de Dina nous dit ce qu'a été sa vie et celles de ses consœurs en ces temps bibliques alors que la nature humaine vivait en symbiose avec la nature tout court. Invoquant dieux et déesses qu'elles concevaient à la mesure de leurs peurs et leurs espérances, en cette époque non encore assujettie au monopole d'un seul dieu. N'imaginant pas encore être libérées de la tutelle de ceux qui les réduisaient au rôle de mère de leur progéniture, de préférence mâle.

En cette période de l'histoire de l'humanité où s'écrit de qui deviendra le Livre, préparant les esprits au sexisme des textes bibliques, faisant table rase d'une mythologie somme toute plus favorable au genre féminin – ce ne sont ni Athéna ni Héra et autres consœurs de l'Olympe qui le contrediront – même si ce n'est pas la Bible des femmes que nous propose Anita Diamant c'est en tout cas le point de vue féminin qu'elle fait émerger de la tente rouge, dans laquelle elles ne sont ni impures ni blâmables. Une façon de combattre la subjectivité historique instituée en parole divine. Redonner aux femmes leur histoire. Redonner les femmes à l'Histoire.

La tente rouge est à n'en pas douter un ouvrage qui trouve aujourd'hui un écho singulier, lui conférant valeur intemporelle. Il a fait sa popularité de bouche à oreille et convaincu nombre de lecteurs dont on ne dit pas combien étaient des lectrices. Je me suis glissé dans ce nombre et me suis satisfait de cette initiative, de son originalité, y faisant intervenir le point de vue rétrospectif de celles dont l'influence dans le cours de l'histoire est occultée. De peur sans doute de s'entendre confirmer que c'est elles qui construisent le monde quand son congénère mâle n'a de cesse de le mettre à mal.

Il était une lettre ~~~~ Kathryn Hughes


Plus ambassadrice qu'avocate de la cause féminine, Kathryn Hughes construit un roman dans lequel elle fait se croiser les destinées de deux femmes auxquelles le bonheur s'est trop longtemps refusé. Deux époques, deux générations, deux souffrances.

A la veille de la seconde guerre mondiale il est encore déshonorant pour une famille d'apprendre la grossesse d'une de ses filles hors mariage. Y compris si le responsable de cet état, puisqu'il faut l'appeler ainsi dans pareil contexte, veut assumer sa charge nouvelle de père. En intention en tout cas pour ce qui concerne l'intrigue de ce roman. Christina, fille d'une famille de Manchester dont le père est un médecin respecté, ayant fauté sera donc écartée par lui de sa famille. Son enfant confié à l'adoption à l'âge de trois ans auprès d'une famille américaine, aux grands chagrin et désespoir de sa mère.

Dans les années soixante-dix, Tina, jeune épouse sans enfant, trouve cette lettre dans laquelle un homme déclare à son amante vouloir être un bon mari et un bon père. Tina s'interroge sur le devenir de cette lettre qui semble n'être pas parvenue à destination. Elle-même sous la coupe d'un mari violent et manipulateur trouve dans cette lettre matière à se divertir de sa propre souffrance. Autant que la tyrannie de son mari le lui autorise, elle se met au défi de trouver les correspondants que cette lettre semble ne pas avoir réunis.

Ni accusateur ni empesé de mièvrerie, cet ouvrage se veut évocateur de deux situations de souffrance de femmes livrées à l'hégémonie du sexe dit fort au détriment de sa congénère. L'une et l'autre, que presque deux générations séparent, doivent assumer seules la culpabilité d'une dérive ou d'un déboire amoureux. La première, une grossesse hors mariage, la seconde, l'échec d'une union pervertie par le vice alcoolique. Cette dernière imaginant réunir deux coeurs sincères qu'un accroc du destin a tenus éloignés. Cherchant inconsciemment apaisement à son propre déboire conjugal dans la réparation au bénéfice d'autrui d'un mauvais coup du sort.

Bien écrit, bien construit, ce roman dépourvu d'acrimonie donne le ton juste. Sans le décrire concrètement il veut ramener le curseur de la culpabilité de l'échec de parcours amoureux vers son véritable responsable. Rétablir un équilibre corrompu depuis la nuit des temps, époque où le rapport au monde dépendait de la force physique. Roman féministe qui ne dit pas son nom mais le fait bien comprendre, à juste raison. Kathryn Hughes porte une belle parole de femme dans un roman dont on a trop envie d'évoquer le dénouement. Mais gardons-nous bien de divulgacher comme disent nos cousins canadiens. Bien qu'en relisant le prologue on se dit qu'il y a du bonheur à se repasser la fameuse morale de Candide, à cultiver notre jardin.


 

samedi 12 mars 2022

La tableau du maître flamand ~~~~ Arturo Perez-Reverte



Julia est restauratrice de tableaux. Elle se voit confier, en préparation de sa vente, la célèbre toile d'un maître flamand du XVIème siècle : la partie d'échecs. Ses travaux lui font découvrir, dissimulée sous les couches de peintures et vernis anciens, une inscription latine soumettant une énigme concernant la mort d'un des trois personnages représentés sur la toile. Présentée sous la forme d'une question concernant la prise d'un cavalier, elle se persuade que cette énigme se résout par le calcul des combinaisons offertes aux joueurs. Avec son ami et confident César l'antiquaire elle fait appel à un joueur expert pour élucider le mystère.

La vente du tableau donne lieu à des conflits d'intérêt opposant les parties prenantes, famille du propriétaire, galerie d'art, commissaire-priseur. Deux personnes de l'entourage de Julia sont assassinées. Un mimétisme machiavélique suggère à l'assassin de faire valoir ses identités et motivations au travers d'une énigme se superposant à celle de la toile du maître flamand.

Ce roman qui s'engage dans une forme d'enquête rétrospective sur la base de l'énigme proposée par le maître flamand devient thriller contemporain avec une montée en puissance très lente de l'intensité dramatique. La peur gagne Julia. Elle se persuade d'être la prochaine victime du meurtrier sans comprendre la raison de cet acharnement autour d'elle.

Arturo Perez-Reverte échafaude un roman érudit quant aux domaines dans lesquels il intègre son intrigue, en particulier le monde de l'art pictural, son histoire et ses techniques. Point n'est besoin par ailleurs d'être joueur patenté pour se prendre au jeu de ces énigmes qui s'imbriquent au travers des siècles. L'idée est intéressante.
Pourtant l'émergence du fait divers contemporain dans l'enquête sur l'énigme proposée par la toile du maître flamand est très artificielle et ouvre inévitablement sur un dénouement pour le moins tiré par les cheveux.

 C'est dommage d'une part parce qu'on se laisse volontiers prendre au jeu de l'enquête initiale laquelle fait appel à l'histoire et à la technique des échecs, d'autre part parce que la documentation est fouillée et le socle historique appréciable. C'est donc un thriller intéressant par l'intérêt qu'il suscite au départ, la qualité de son écriture et sa culture, ces dernières n'étant pas forcément des attributs du genre, mais un thriller qui fait long feu avec un dénouement assez décevant. 


Citation

Le joueur d'échecs lut à haute voix :
- La phrase que j'écris en ce moment est celle que vous lisez en ce moment... - Il regarda Belmonte, surpris.
Oui, et puis ?
- C'est tout. J'ai écrit cette phrase il y a une minute et demi et vous venez de la lire, il n'y a que quarante secondes. En d'autres termes, mon écriture et votre lecture correspondent à des moments différents. Mais sur le papier, ce moment et ce moment sont indubitablement le même moment... Donc la phrase est à la fois vraie et fausse ... Ou est-ce le concept de temps que nous lais
sons de côté ? ... N'est-ce pas un bon exemple de paradoxe ?

vendredi 11 mars 2022

Le miracle Spinoza ~~~~ Frédéric Lenoir

 

Évoquant son ouvrage majeur alors en préparation, L'Ethique, édité finalement à titre posthume, Spinoza écrivait lui-même, dans une lettre adressée à son ami Henry Oldenburg, qu'il avait délibérément choisi un mode d'exposition de ses pensées qui en rendrait la lecture aride. Le titre complet de son ouvrage se libelle d'ailleurs ainsi : L'Ethique démontrée selon la méthode géométrique.

Me voilà conforté dans mon intention de faire connaissance avec le personnage et sa philosophie avec l'aide d'un "traducteur". Quelqu'un qui me rendrait accessible la pensée du célèbre philosophe, lequel jouit en ce début de siècle d'un engouement nouveau auprès de la part de ses congénères contemporains, mais pas seulement.

D'aucuns expliquent cet engouement d'une part par le fait que Spinoza affichait des pensées très en avance sur son temps, au point de trouver de nos jours un écho singulier dans les milieux intellectuels et politiques. Il affichait un courant de pensée progressiste, tolérant, sachant se démarquer avec prudence, donc intelligence, des modèles imposés par un pouvoir politique autocratique, dont on sait qu'en son temps il était fermement contraint par le religieux.

L'autre aspect de ses textes qui le rend lisible aujourd'hui est plus inattendu. Le mode de raisonnement et de construction de ceux-ci, selon un principe interactif de renvois à de multiple références étayant la démonstration du philosophe, se prêterait particulièrement à la modélisation informatique. C'est le principe du lien hypertexte que l'on pratique abondamment et inconsciemment de nos jours en parcourant les pages web, lesquelles ont évidemment fleuri que lors de ces dernières décennies. Le Magazine littéraire de décembre 2017 publiait un article sur cette analogie constructive qui attendait le clic de souris pour naviguer de pages en volumes hébergés de par le monde, se substituant au contenant physique forcément plus lourd à manipuler.

C'est donc avec le Miracle Spinoza de Frédéric Lenoir que je me suis ouvert à celui qui a eu le cran de s'opposer à l'intelligentsia de son temps peu encline à la contradiction. Un temps où l'opposition de conscience pouvait avoir des conséquences pour le moins brûlantes. Du cran il fallait en avoir au XVIIème siècle pour fondre Dieu dans la Nature, laquelle pour le coup prend la majuscule. Prôner immanence contre transcendance. Du cran pour n'accepter que ce qui aura été démontré par le raisonnement, y compris s'il faut restreindre le champ de ses certitudes, mais surtout refuser de se faire dicter des croyances. Autre similitude avec notre époque contemporaine qui ne reconnaît plus d'autorité statutaire, réclamant à quiconque veut s'imposer de faire ses preuves.

Reconnaissons bien pourtant que, presque quatre siècles après que Spinoza nous a montré le chemin, la raison qui commande de ne pas écouter ses passions pour accéder au bonheur n'a pas encore gagné le combat. Loin s'en faut. Dans une société devenue consumériste, à l'intoxication commerciale agressive, le décodage algorithmique de la pensée du grand philosophe ne suffira pas à nous faire trouver la joie dans le dénuement, la béatitude dans la détermination intime. L'intelligence ne suffit donc pas au raisonnement. Il lui faut ce supplément d'âme pour faire comprendre à cette entité de matière spirituelle, qu'on ne peut appeler créature puisque Dieu est part d'elle comme de toute chose, théorie du monisme chère à Spinoza, qu'elle est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise.

Dans le genre développement personnel, Frédéric Lenoir m'a donc aidé à monter quelques marches depuis les sous-sols obscurs de mon ignorance. Son ouvrage salué par les plus éminents est à la portée de tous. Je l'en remercie d'autant plus que je me reconnais assez bien dans la traduction qu'il nous fait de la philosophie du grand penseur déterminé mais pacifique. de là à la décrypter dans le texte ? Persévérance et longueur de temps entretiennent bien des espérances. Je lis encore et toujours.