Partir c'est mourir un peu. Mais est-ce renaître ailleurs
? Est-ce renaître au retour ?
Erina n'avait pas vraiment envisagé de rentrer à Prague. Émigrée à Paris 20 ans
plutôt, elle avait fait de sa nouvelle vie une perspective sans retour, même si
sa terre d'accueil ne lui avait pas ouvert les bras avec spontanéité. La France
était désormais sa terre d'avenir. Aussi a-t-il fallu que son compagnon Gustaf
l'incite et prenne l'initiative pour que ce retour aux sources se concrétise.
Milan Kundera connaît
trop bien le sujet de l'exil. Il connaît les effets des forces contrariées de
la dictature qui broient les uns, éjectent les autres hors de la funeste
centrifugeuse. Avec L'ignorance,
il nous livre une réflexion sur le déracinement, la nostalgie qui taraude et
leurre, la mémoire trop personnelle et trop ponctuelle pour donner lieu à
partage, l'arithmétique du temps qui passe, la modernité qui n'apporte pas son
lot de réconfort, autant de notions qui font qu'à la question "quel est
ton chez-toi ?", l'exilé restera dans la même tergiversation que celle qui
a présidé à son départ.
L'absence est une mort qui pourrait avoir un terme si les liens de l'amour
résistaient au temps. Mais la déconvenue de ceux qui restent, la méfiance de
ceux qui accueillent détricotent le tissu affectif de celui qui a fait le
choix, ou non, de partir. Son avenir sera pavé de solitude. Son chemin sera
aussi instable que le fil du funambule. Quand il penchera d'un côté, ce sera la
chute.
Avec Milan
Kundera, le coeur a toujours une relation au corps. Cette matérialité de
l'être humain qui seule révèle le temps qui passe. Avec ses pulsions elle ne
fait que chercher des compensations aux frustrations affectives.
L'exil ne restera jamais qu'une condamnation avant l'heure.
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Ouvrages par genre
dimanche 17 juillet 2016
L'ignorance ~~~~ Milan Kundera
vendredi 15 juillet 2016
Churchill ~~~~ Sophie Doudet
Bien sûr que le nom de Winston Churchill parle à nombre
d'entre nous. D'aucun pourra l'associer au Royaume-Uni, à la seconde guerre
mondiale, à une silhouette trapue, gros cigare à la bouche, et au fameux V de
la victoire figuré avec les deux doigts d'une main dont on lui attribue la
paternité.
Mais qui sait, ou se rappelle, qu'il a été un artiste peintre non dénué de
talent et que ses écrits lui ont valu le prix Nobel de littérature en 1953.
Etonnant personnage dont il serait vain de tenter de faire le portrait en
quelques mots quand une biographie y suffit à peine, aussi bien faite
soit-elle, comme celle de Sophie Doudet. Qui n'aurait de goût pour ce genre
historico-littéraire pourrait ne lire que le dernier chapitre intitulé "le
grand artiste". Car cette appellation convient au demeurant fort bien à ce
personnage comme l'histoire n'en produit que très peu. Sans doute faut-il aussi
que les circonstances soient exceptionnelles, pour faire émerger de la grande
masse anonyme du commun des mortels une personnalité de ce gabarit. Notre
époque en manque cruellement.
Winston Churchill a d'autant plus de mérite à son action qu'il l'a conduite
dans le plus pur respect des règles de la démocratie, quand les contemporains
de son époque contre lesquels il luttait ne s'empêtraient pas de l'obligation
de la reconnaissance des peuples : Hitler, Mussolini, Staline, Franco.
Artiste il a été à plus d'un titre, car on peut appliquer ce qualificatif à nombre
de ses talents, à commencer par celui d'orateur, galvanisé par l'exercice de ce
talent en public et non devant une caméra qui efface les réactions de
l'auditoire. Artiste de la formule, de l'humour, d'une piquante répartie dont
nombre de ses contradicteurs ont fait les frais. Et faudra-t-il lui adjoindre
un talent de visionnaire, car figurez-vous que Churchill, confiant qu'il était
dans la force insulaire de son pays, était partisan d'une Europe unie, mais en
dehors de la Grande Bretagne. Bluffant non ?
Mais surtout, surtout, il faut admirer la force de caractère hors du commun du
personnage, jamais aussi performant que lorsqu'il est dans la difficulté, seul
contre tous. Seul même contre Dieu, pour lui arracher autant de sursis dans sa
vie, au point de le prolonger jusqu'à 90 ans, alors que son rythme et son
régime de vie auraient condamné un être faible à brève échéance.
Pas étonnant qu'il ait ferraillé contre un De Gaulle, autre géant dans
l'épreuve, après l'avoir accueilli à Londres avec ces mots : "Vous êtes
tout seul – eh bien je vous reconnais tout seul".
Quel personnage, quel mec dirait-on aujourd'hui, fort bien dépeint par Sophie
Doudet dans cet ouvrage chez Folio biographies.
samedi 9 juillet 2016
La part manquante ~~~~ Christian Bobin
La prose de Christian Bobin n'est jamais qu'une poésie qui s'affranchit de la contrainte de la rime.
Une autre marque de fabrique de cet auteur est son obsession à prendre le contre pied des évidences, du communément admis par la pensée éduquée à l'observation de la vie. Point d'expérience qui vaille, tout est remis en question. le bonheur attriste quand le malheur soulage, la lumière coagule quand le sang étincelle.
Heurts et malheurs du lecteur que je suis, balloté, harcelé par l'indiscipline des phrases courtes qui fusent, par la fulgurance de traits de pensée qui lacèrent mon ciel comme des comètes.
Il faut s'y faire, la pédagogie de l'expérience est bafouée, l'esprit foisonne en désordre. La part manquante est un beau fouillis duquel on a du mal à extirper l'intention de l'auteur. Y'en a-t-il d'autre d'ailleurs que celle de satisfaire un esprit qui cherche à en féconder un autre.
On peut le lire en tout sens, en tout temps. Je perds pied quand même.
Attention à l'overdose.
Mais avec Christian Bobin on se rassure, la mort est une naissance. Un ouvrage
en appelle un autre.
jeudi 30 juin 2016
Northanger Abbey ~~~~ Jane Austen
Résumer l'intrigue de Northanger Abbey peut se limiter à
l'énoncé de la question suivante : l'héroïne va-t-elle épouser l'élu de son cœur ? Après avoir lu Orgueil et préjugés, j'ai bien peur que d'autres romans
de Jane Austen ne se réduisent à cette seule question. Mais ce pressentiment ne
me fera pas reculer à l'idée de les découvrir, ces autres ouvrages. Alors,
pourquoi m'infliger la lecture de romans dont l'épilogue transpire dès les
premiers chapitres, moi qui n'ai point trop de goût pour langueur et pâmoison ?
Cette auteure connaît trop bien les obstacles que les mœurs de son siècle
dressent en travers de la route de deux êtres qui ont trouvé leur complicité.
N'en a-t-elle pas elle-même fait les frais ? Elle qui ne connaîtra ni les joies
ni les peines du mariage. C'est sans doute pour cette raison qu'elle fait de la
publication des bans l'épilogue de ses romans, et s'aventure si peu sur le
terrain de la vie de couple.
Seulement voilà, réduire les romans de Jane Austen à leur intrigue est
justement trop réducteur. C'est surtout passer à côté de l'essentiel : le style
et la langue d'abord, qui font des conversations et des écrits du 18ème siècle
des œuvres d'art, la relation des sentiments, qui fait des romans de Jane
Austen de véritables analyses psychologiques, l'autopsie de la nature humaine,
qui conserve à ses œuvres une modernité intemporelle et enfin l'étude des
moeurs de son siècle qui fait de ses ouvrages un support historique
irremplaçable.
Le parler des instruits de ce siècle est une dentelle crochetée de tournures
verbales au subjonctif. Cette conjugaison autorise des accumulations de
propositions subordonnées qui s'enchaînent et s'entremêlent sans alourdir la
phrase ni divertir de son sens. Elle confère certes au texte une certaine
préciosité qui peut paraître agaçante, mais elle lui donne avant tout un rythme
et une musicalité qui compense le travers. Le subjonctif passé n'a ici
d'imparfait que dans la concordance des temps.
La naissance du sentiment est chez Jane Austen une alchimie qui échappe à la
raison, mais trop souvent contrecarrée par la raison. Accompagné de la montée
du désir, il est passionnant de découvrir dans ses lignes la troublante
combinaison des élans du cœur et du corps dans la maturation d'une force
pulsionnelle pourtant abstinente. Apprenez avec Jane Austen que satisfaire un
désir, c'est mourir un peu. Apprenez que le désir est un tyran dont on aime
l'odieux acharnement. Le désir n'a de jouissance que dans la quête d'un doux
avenir sans cesse ajourné. Le siècle de Jane Austen savait la valeur de
l'aspiration irrationnelle et insatiable du désir, il savait que sa prompte
satisfaction provoque l'extinction d'une part d'imaginaire et du bonheur qui s'en
nourrit. Dans la culture du tout, tout de suite, qui est devenue la nôtre,
notre impatience nuit à la montée du désir. Elle le transforme en besoin, dont
la satisfaction ne fait qu'obéir à nos instincts et non plus à la sublimation
qui seule distingue l'homme de l'animal. Que sait-on aujourd'hui de la volupté
du désir inassouvi quand tout doit être accompli avant que d'être conçu ?
Quant à l'irremplaçable étude mœurs de l'époque que constituent les romans de
Jane Austen, je cite là un passage qui vaudra à tout un chacun, ou chacune, à
n'en pas douter, quelque instant de perplexité : "La plume géniale de
l'une de mes sœurs romancières a déjà mis en évidence tous les avantages d'une
sottise naturelle chez une jolie fille. Elle a fort bien traité ce sujet, et
j'avouerai simplement, pour rendre justice aux hommes, que si, en majorité et
pour les moins intéressants d'entre eux, ils considèrent que la bêtise rehausse
grandement les charmes personnels d'une femme, il en est cependant certains qui
ont trop de savoir et d'instruction eux-mêmes pour désirer chez une femme plus
que de la simple ignorance". Voilà de belles tournures pour dire les
choses, comme savait le faire la langue de ce siècle. C'est du Jane Austen pur
sucre quand elle s'adresse directement à son lecteur. Elle le fait souvent dans
cet ouvrage.
Gageons qu'avec des avancées de ce gabarit dans la connaissance de la
psychologie humaine, on s'y retrouve encore quand les temps seront devenus
modernes au point de ne plus nous compter dans leurs rangs. Mais je veux bien
qu'il me reste encore quelques soirées de lecture pour me délecter d'autres
suavités comme celle-là. Elles compensent largement le quota de futilités qui
peuplent l'esprit des jeunes filles en fleur. Car de la futilité à la philosophe,
il n'y a qu'un pas dans les ouvrages de Jane Austen.
mercredi 29 juin 2016
Le Colonel Chabert ~~~~ Honoré de Balzac
Honoré de Balzac a trouvé le titre universel qui peut contenir tous les ouvrages de la création. Quels qu'ils soient, ils ne seront jamais que des actes de la Comédie humaine.
Je regardais mes compagnons de voyage dans le TGV qui me
transportait vers Marseille. Qui à faire l'important en ouvrant son ordinateur,
qui à faire l'importun en parlant fort, qui à lire son journal, et m'adressais
à eux en moi-même : n'avez-vous pas le sentiment que ce qui vous occupe et vous
distrait de l'essentiel n'est que futilité, qu'agitation dans la grande comédie
humaine ? Jusqu'à ce que le grand rideau tombe sur cet acte qui vous donne la
vedette.
Et moi donc ? Et bien figurez-vous qu'en ce moment même où
vous êtes persuadé d'avoir le premier rôle, je suis en compagnie d'un certain
Honoré de Balzac. Il me ravit de sa langue, de son imagination, de son humour
parfois, de son humanisme toujours. Je suis avec le Colonel Chabert, vivant
parmi les morts, mort parmi les vivants, et qui sacrifiera les importances de
la vie terrestre à la tranquillité de son âme.
Marseille, déjà. Je n'ai pas vu le paysage.
jeudi 9 juin 2016
Fleur de tonnerre ~~~~ Jean Teulé
J'avais digéré « Charly 9 ».
J'avais trouvé ça un peu décalé, comme beaucoup j'imagine. Mais je m'étais
toutefois promis de faire un effort d'ouverture d'esprit. J'ai voulu me hisser
vers les sommets pointés par les critiques dithyrambiques. J'ai donc risqué
« Fleur
de Tonnerre ».
Mais non, ça ne passe pas ! page 100, je craque. J'ai fait un effort, je
parvenu au tiers du chemin, mais je n'en peux plus. Je jette l'éponge et laisse
cette prose loufoque à ceux qui ont une élévation intellectuelle suffisante
pour apprécier la qualité de l'œuvre.
Je n'aime pas le style heurté, enjolivé de grossièretés sous
prétexte d'humour. Quant au récit, il est décousu et part dans tous les sens.
Les digressions saugrenues m'horripilent quand elles sont le lot de chaque
page. Je ne parviens pas à lire les phrases d'un seul jet sans m'interroger sur
ce que je viens de lire.
Je laisse ces divagations labyrinthiques au snobisme
intellectuel supérieur. Je conviens de ma modicité intellectuelle. La lecture
est pour moi synonyme de plaisir, pas de supplice.
Et comme après une chute de cheval, il faut remonter en selle tout de suite ou
jamais, je vais chercher un autre livre sur les rayons de ma bibliothèque.
Merci Jean
Teulé de me donner l'occasion d'affirmer qu'il en faut pour tous les
goûts. Je ne critiquerai pas ceux qui se délectent de vos ouvrages.
mardi 31 mai 2016
L'œuvre au noir ~~~~ Marguerite Yourcenar
lundi 23 mai 2016
Le Très-Bas ~~~~ Christian Bobin
"Qui a bâti la maison souillée par ses habitants ?"
Voilà le Très-Haut mis en question dans sa toute puissance. Aurait-il perdu le contrôle de Sa créature. Elle s'écarte inexorablement du chemin de l'amour. Ses colères n'y font rien, Dieu serait-il fatigué ? Las de voir Sa créature se fourvoyer dans l'indignité alors que depuis des siècles des voix ne cessent de la rappeler à "l'infinie douceur".
En s'appropriant la démarche de François d'Assise qui a trouvé sa voie dans la pauvreté et l'amour de son prochain, Christian Bobin imagine un "Dieu à hauteur d'enfance", un Dieu magnanime, le Très-Bas, qu'il espère capable de conserver en l'homme son innocence originelle.
"Le treizième siècle parlait au coeur… le vingtième parle pour vendre, il lui faut flatter l'oeil". Ivre de sa puissance, l'homme de ce siècle - dont tu es, toi le lecteur - n'a plus foi qu'en l'économie et le sexe.
Voilà un texte qui multiplie les figures de style. Christian Bobin est un maître dans l'art du suggestif et de l'évocateur. Il fait appel à d'innombrables images pour stimuler l'imaginaire et tenter d'extraire l'homme de sa soif de jouissance des biens terrestres.
Tant d'évidences, et pourtant, qui les entend ? Un roman dans lequel filtre la déception, l'inquiétude.
vendredi 6 mai 2016
Charly 9 ~~~~ Jean Teulé
J'avoue avoir du mal avec l'écriture de Jean Teulé. Elle me bouscule, me perturbe y compris dans l'acte de lire. Je comprends bien que c'est délibéré de sa part. Avec Charly 9, il entre de plain-pied dans le registre historique. Il saute à pieds joints dans le plat de la grande histoire.
Je crois y déceler une intention de désacralisation de l'Histoire. Ne
tire-telle pas ses lettres de noblesse du respect que l'on s'impose envers nos
ascendants, du seul fait qu'ils ne sont plus. Je vois dans le style de Jean
Teulé une forme d'anti conformisme dans sa relation à cette discipline. Sa
manière de l'aborder est tout sauf factuelle et chronologique. Elle est comme
un éclat de rire pendant un enterrement. Cela dérange les affligés. Ne méprise
en aucun cas le défunt. de toute façon ce dernier s'en moque.
Jean Teulé reste, accessoirement, fidèle au fait historique. Son style n'en
constitue nullement une remise en question. Il échafaude simplement une autre
approche de la relation du conteur à son auditoire. Il veut aborder l'histoire
avec un état d'esprit différent. La désinvolture en est un. N'est-ce pas Charly
?
Il y a chez lui une forme d'anticipation rétroactive que n'auraient pas
dédaignée les révolutionnaires de 1789. Il envisage une remise en question de
la légitimité du pouvoir royal selon la conception de l'ancien régime. Ne se
réclame-t-elle pas de droit divin dans son fondement ? Excusez du peu.
Selon Jean Teulé le droit divin ne fait pas le roi. le grand ordonnateur des
choses de ce monde peut aussi se tromper. Mais oui ! Charles IX n'était pas
fait pour être monarque. Il n'en avait ni l'âge ni le caractère. Il était
surtout, même adulte, trop influencé par sa mère. Et comme avec tout être qui
ne se gouverne pas par lui-même les choses ne sont ni simples ni claires. A ce
niveau de pouvoir, l'indétermination se solde dans l'horreur. Une tâche de sang
parmi d'autres dans les pages de nos livres d'histoire, certes bien marquée
quand même : la Saint-Barthélemy.
L'humour est une autre façon de traiter le sordide. La moquerie une autre façon
de plaindre. L'ironie une autre façon de blâmer. Jean Teulé bouscule
l'establishment historiographique avec sa maestria dans l'art de surprendre.
Cela peut déconcerter. Cela peut séduire. Mais pourquoi pas !
dimanche 24 avril 2016
Berezina ~~~~ Sylvain Tesson
Je suis encore engourdi par le froid à la fermeture de cet ouvrage. Mais J'ai aimé la formule. Récit d'aventure sur fonds de commémoration historique d'un événement que l'on préfère effacer notre mémoire collective.
C'est oublier dans tout ça les êtres humains perdus dans l'immensité glaciale, lacérés par le blizzard, tenaillés par la faim, harcelés par les cosaques, ne trouvant nul autre refuge que les griffes du général hiver dans leur retraite honteuse. C'est cette perspective à l'issue fatale que Sylvain Tesson tente d'appréhender en refaisant le parcours de la retraite de Russie de 1812. Elle a laissé dans notre vocabulaire cette expression imagée symbole d'une déroute monumentale : Berezina. Il a voulu s'imprégner du paysage, se frotter aux frimas pour s'approcher de l'état d'esprit qui a pu tomber sur les têtes de ces soldats aux uniformes autrefois chamarrés devenus des pauvres hères promis à la mort.
Sylvain Tesson y fait le parallèle entre la mentalité qui pouvait animer les contemporains de 1812, galvanisés par l'empereur, au point d'aller mourir dans ses folles équipées guerrières, tout en lui conservant étonnamment leur vénération, et celle de notre époque, pour une question : pareille équipée serait-elle envisageable de nos jours ?
Mais il pose une autre question en corollaire. Que serions-nous capables de supporter qui approche les souffrances endurées par nos ancêtres ? Nous qui n'acceptons plus les lois de la nature, nous qui sommes prompts à protester et à nous plaindre dès que notre confort est écorné un tant soit peu.
Voilà un ouvrage qui ne se donne pas de prétention philosophique mais qui pourrait quand même en afficher. Il est en outre plaisant à lire avec l'humour froid de son auteur, pas autant que le climat des steppes russes, mais bien piquant quand même. J'ai beaucoup aimé.