Nombre de couvertures des multiples éditions de cet ouvrage
de Maupassant, le Horla, sont illustrées par le célèbre tableau de son ami Gustave
Courbet : le Désespéré. Il saute aux yeux à sa lecture que cette mise en image
est on ne peut plus appropriée au contenu de ce recueil. Surtout pour la
nouvelle première qui lui vaut son titre.
Il est une autre évidence, en tout cas pour ce que j'ai
ressenti à cette lecture, qui est que, dans cet ouvrage, Maupassant se joue de
son lecteur. La maturité de sa renommée lui autorise cette liberté. Quitte à
perdre de l'audience.
Chacune de ses nouvelles laisse son lecteur sur sa faim. Car
elles n'ont pas de fin justement. Encore moins de morale. Maupassant laisse
cette responsabilité à son lecteur. Mais au final celle qu'il pourra tirer ne
saurait être immorale car les bonnes moeurs sont préservées. Il abandonne son
lecteur au milieu du gué. Le laisse imaginer la suite. Voire même parfois
construire le puzzle dans lequel chaque fragment de vie trouvera sa place.
Chaque nouvelle est comme un instantané pris dans la vie de
ses personnages, un épisode extrait au hasard du roman feuilleton de leur
existence. On regarde avec lui quelques photos, sans autre rapport elles que
d'être enfermées dans le même album.
On sent bien que l'effet est recherché. C'est toutefois peu
frustrant. N'est resté à mes yeux que le formidable style de son auteur pour
sauver ce recueil de la perplexité, parfois de la langueur, dans laquelle il
m'a plongé.